Ce laboratoire flottant en forme de licorne des mers est sur le point d’être construit. Un projet fou et ambitieux de l’architecte Jacques Rougerie, actuellement présenté à l’Exposition internationale en Corée du Sud.
L’équipe du projet SeaOrbiter a assisté à l’inauguration officielle du Pavillon Français dans le cadre de l’Exposition Internationale en Corée du Sud, exposition dont le thème majeur est « Pour des côtes et des océans vivants ». Invité dh’onneur du Pavillon Français, « SeaOrbiter » présente ainsi durant toute la durée de l’exposition une maquette au 1/20e du vaisseau dont la construction devrait débuter cette année au mois d’octobre.
« C’est de l’océan que naîtra le destin des civilisations à venir». Jacques Rougerie
Une aventure humaine au service de la planète
Ce « Nautilus » du XXIe siècle, présenté comme « une nouvelle aventure humaine au service de la planète » s’inscrit dans l’histoire des grandes explorations de notre univers, conduites par d’illustres prédécesseurs et grands aventuriers : Jules Verne, Jacques-Yves Cousteau, Jacques Picard,…
A l’aube du XXIème siècle,c’est une nouvelle génération de vaisseaux d’exploration qui s’annonce avec SeaOrbiter : encourager le rêve et faire naître des vocations auprès des nouvelles générations ; les inciter à créer leurs propres outils en faveur de l’éveil, de la sensibilisation et de l’action de tous pour permettre l’intégration de l’océan dans nos attitudes et nos comportements à venir. La première maison sous-marine nomade entourée du plus grand des jardins : l’Océan.
SeaOrbiter devrait lever l’ancre et prendre le large pour de vrai en 2014.
C’est aussi un nouveau défi planétaire. Son objet est de favoriser l’émergence d’un nouveau rapport entre l’homme et la mer par l’éveil, la sensibilisation et l’action de tous afin de répondre demain aux exigences d’un futur responsable fondé sur les préceptes du développement durable notamment liés à la mer.
Une prouesse technologique
SeaOrbiter est une bouée océanique habitée, dérivant au grè des grands courants marins et robotisée dont la coque est en aluminium. Sa structure semi-submersible verticale de 51 mètres de hauteur comporte une partie immergée de 31 mètres. Elle est dotée d’équipements d’observation et d’écoute océanographiques. La durée de la vie opérationnelle est de quinze ans. Dix huit personnes sont prévues à bord, dont dix vivront en pression atmosphérique et huit aquanautes en saturation pour des campagnes de six à huit mois.
Propulsé principalement par dérive dans les courants (plus deux propulseurs électriques), il aura la capacité d’effectuer des points fixes en silence et en toute stabilité pour pouvoir effectuer des mesures acoustiques par exemple, extrêmement fiables. Parmi les engins figurent un sous-marin pouvant accueillir deux passagers et descendre jusqu’à 600 mètres de profondeur, mais aussi des robots télécommandés capables de plonger à 1200 mètres. Sans oublier le drône sous-marin qui, lui, s’invitera dans les abysses, ce monde du silence et de l’inconnu.
Sa mission de laboratoire flottant
Observer sur de très longues périodes et en continu l’écosystème des océans. « C’est unique au monde. On n’est pas dans l’excursion ponctuelle », déclare Jacques Rougerie. Des véhicules futuristes pourront quitter le garage de cette plate-forme dérivante pour analyser au plus près le phytoplancton, les microvirus… et ainsi trouver « tout un tas de choses ». 85% de la biodiversité marine restent, en effet, à découvrir. « SeaOrbiter est une ruche avec plein d’abeilles qui s’en iront butiner », explique le bâtisseur, qui entend faire partager au grand public cette odyssée en temps réel et ainsi, « susciter des vocations ».
SeaOrbiter a pour princiaple mission l’introduction de l’homme sous la mer : études de parrallèles avec les milieux de l’espace, sur la physiologie et la psychologie en milieu confiné de longue durée. Mais aussi l’étude du climat ou quels sont les impacts du CO² , les échanges gazeaux, les callibrages de mesures satellitaires,…Etudes également sur le monitoring des pollutions ; études sur la biodiversité dans la gestion des ressources, les phénomènes d’agrégation liés aux structurezs dérivantes.
Une naissance programmée pour 2014
Jamais le projet de vaisseau d’exploration « SeaOrbiter », orchestré par l’architecte français Jacques Rougerie, n’a été aussi près de se concrétiser : plus de 80% du budget de fabrication (35 M€) de ce géant des mers de 58 m de haut — dont la moitié est immergée — ont été bouclés. La maquette du mastodonte — financé exclusivement par des investisseurs privés — est en ce moment la star du pavillon français de l’Exposition internationale qui prend ses quartiers jusqu’au 12 août à Yeosu.
« On a déjà sélectionné le chantier naval à Saint-Nazaire. On est dans les starting-blocks. Il nous manque un ultime partenaire financier pour lancer la construction, qui devrait démarrer en octobre et durer un an et demi. Il me tarde d’être à bord et de lancer cette nouvelle aventure des temps modernes », s’enthousiasme Jacques Rougerie. Les essais d’un modèle réduit du « SeaOrbiter » dans un bassin (avec simulation de mer démontée) en Norvège, sous l’impulsion de l’institut de recherches norvégien Marintek, se sont avérés concluants.
Le 20 juin, Jacques Rougerie présentera au Brésil son trésor lors de la conférence de l’ONU sur le développement durable dite Rio + 20. Bien inspiré par les océans, l’homme âgé de 68 ans, qui a bourlingué aux côtés du commandant Cousteau du temps de la « Calypso », a un sacré CV de créateur visionnaire. Il est le papa des centres de la mer Océanopolis à Brest et Nausicaa à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), du musée d’archéologie sous la mer de la baie d’Alexandrie en Egypte, et de divers habitats sous-marins…
Mais le « SeaOrbiter », pensé dès 1998 en collaboration avec le célèbre océanographe suisse Jacques Piccard et le spationaute Jean-Loup Chrétien, est son idée la plus ambitieuse.
SeaOrbiter un réseau mondial de Sentinelles
Les SeaOrbiter, « Sentinelles de la Mer et du Climat» proposent un dispositif complémentaire des autres outils, équipements ou expéditions qui sont utilisés pour observer et comprendre le fonctionnement de notre planète.
En effet la mise en œuvre d’un tel réseau, offrant la possibilité de la présence permanente de l’homme « in situ » dans chaque grand océan et mer majeure, permet d’agrandir le spectre de leurs observations et de leurs mesures sur la base d’une plateforme commune de recherche, démultipliant ainsi les possibilités d’analyse et de compréhension de certains phénomènes encore partiellement méconnus ou peu identifiés.
Cette possible mise en réseau permet aussi d’entrevoir une communication scientifique, technique et exploratoire directe entre les navettes qui pourront dès lors confronter, au jour le jour et en temps réel, leurs découvertes, leurs analyses, leurs hypothèses, en même temps que celles-ci seront livrées à la communauté scientifique internationale, comme au grand public.
Cette disponibilité d’une information récoltée par chaque équipage de navette renforce la notion d’un réseau de SeaOrbiter collecteurs et diffuseur d’informations via les grands réseaux de communication scientifique ou grand public tels que le World Ocean Network qui rassemble à travers le monde la plupart des grands aquariums, centres de la mer, musées de science et de culture liés au domaine maritime.
Leur valeur ajoutée sur la chaine de valeur des observations océanographiques est, dans ce cadre, largement avérée et est soutenue par de nombreux organismes scientifiques, en France comme dans le monde.
« Ils sont des milliers, en campagne sur les océans, dans les laboratoires, sur les pôles, en Arctique ou en Antarctique, qui nous font porter un regard neuf sur le monde sous-marin. L’enjeu technologique est le nerf de la guerre. Les moyens d’observation perfectionnés tracent la nouvelle cartographie des océans.
La recherche est internationale, c’est là sa force. L’océan est mondial, c’est là sa liberté… la bonne nouvelle, pour en savoir plus sur la mer, vient des satellites. L’intimité entre la mer et le ciel n’est plus à démontrer. » (In « La Mer, le prochain défi », remarquable ouvrage de synthèse de Yann de Kerorguen, publié en juin 2009).
SeaOrbiter s’inscrit tout à fait dans cet enjeu technologique et dans le lien nécessaire à établir entre l’observation du cosmos et celle du monde des abysses marins.
(Source : site Jacques Rougerie http://www.seaorbiter.com/)
Pour en savoir plus :
– Livre « De vingt mille lieues sous les mers à SeaOrbiter » de Jacques Rougerie et Alexandrine Civard-Racinais.
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