Après l’exposition Fait Maison* présentée en 2000, le MIAM de Sète (34) présente aujourd’hui Fait Machine, une exposition consacrée aux formes du digital et à la transformation du code en matière, ou comment les artistes se sont emparé des outils numériques et ont détourné procédés et machines pour créer leurs œuvres. Poursuivant la réflexion engagée par Miguel Chevalier et Michel Paysant, artistes transdisciplinaires développant un travail qui convoque art, technologie et sciences, les commissaires de l’exposition, Margherita Balzerani et Noëlig Le Roux, ont rassemblé les créations d’une génération d’artistes donnant au code une forme matérielle et tangible.
L’exposition Fait Machine témoigne de la diversité des recherches engagées par ces créateurs, recourant aux technologies de l’impression 3D en particulier. Générant à partir du code une multiplicité de formes, ces artistes font appel à une variété de matériaux et n’hésitent pas à les mêler les uns aux autres (céramique, porcelaine, polymères naturels, matières plastiques, matériaux composites …). Elle se consacre aux formes du digital et à la transformation du code en matière. Elle montre comment les artistes s’emparent des outils numériques, détournent procédés et machines pour créer leurs œuvres.
L’exposition rend aussi compte du tournant technologique qui s’est opéré ces vingt dernières années avec l’invention d’outils et de processus de fabrication ouverts au plus grand nombre. L’essor du prototypage numérique, la réduction du coût des machines (imprimantes 3D, découpeuses laser, fraiseuses numériques…) et leur mutualisation, ainsi que la mise en commun des savoir-faire, ont de surcroît permis un développement sans précédent de nouvelles formes.
Cette popularisation et ses effets sur les mécanismes de production et sur la création elle-même, soutenue par le développement des ateliers collectifs et partagés, promus par les FabLabs et les Makers, constituent l’un des axes explorés par l’exposition. Fait machine se décompose en deux volets, qui occupent chacun l’un des deux niveaux de l’espace d’exposition du MIAM : « Le laboratoire » au rez-de-chaussée et « Le fil du code » au premier étage.
Le Laboratoire
Volet 1 : Le Laboratoire
Ce premier chapitre est dévolu à la recherche, aux expérimentations et aux processus de fabrication. Il expose notamment les recherches du Laboratoire de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges, le CCE / Céramique Comme Expérience, créé en 2015 et conduit par Michel Paysant, Guy Ménard, Arnaud Borde et Ludovic Mallegol, avec notamment des œuvres de Camille Reidt, Inès Silbermann, Mathilde Dumont, Andrea Rodríguez Vial, Elvire Blanc Briand, Inès Lavialle, Jessica Lajard.
Une attention particulière est portée sur les pratiques de certains artistes, invités intervenant au CCE, comme Jonathan Keep et Miguel Chevalier, ou développant dans leur travail une recherche comparable dans la matérialisation du code, comme Olivier Van Herpt et son imprimante céramique 3D, ou Appropriate Audiences et leurs machines à tatouage, mises en marche le temps de performances saisissantes.
Ce chapitre de l’exposition se penche sur les relations des artistes avec la nature et comment certains d’entre eux, comme Jonathan Keep, Pit Molling, Ludovic Mallegol ou encore Miguel Chevalier s’inspirent des formes du vivant et des processus qui régissent leur transformation pour concevoir leurs œuvres.
Cette section expose aussi différentes formes de transcriptions de données en matière à partir d’enregistrements de respirations et de pulsations opérées par Boryana Petkova ou à partir de WIRELESS chez Raphaëlle Kerbrat ; il y aura également la traduction poétique de Noémie Pilo d’Haïkus en mètres étalons ciselés dans une pierre de Doura ou Berdaguer et Péjus des mots d’Hélène Smith prononcés en langue « martienne » et solidifiés par les artistes en sculpture imprimée.
Le MIAM présentera une œuvre réalisée en 2022 par le FabLab La Palanquée (Sète), créée par les artistes Collectif Sommes dans le cadre du Défi de création digitale. Sera également présentée, une broderie numérique conçue par l’artiste Miguel Chevalier spécialement pour l’exposition ‘Fait Machine’ (partenariat La Palanquée – MIAM).
Le fil du code
Volet 2 : Le fil du code
L’exposition se poursuit sur la mezzanine au prisme du fil : de la carte perforée à l’origine de la mise en forme de lignes de code en matière – utilisée en particulier dans les métiers à tisser à partir du XVIIIe siècle –, aux circuits imprimés et aux filaments des impressions 3D.
Ce chapitre présente notamment le cabinet de toilettes fantomatique à échelle 1 de Philipp Schaerer et Reto Steiner. Une impressionnante installation dont les éléments ont été dessinés et matérialisés grâce à un stylo 3D à filament.
Le fil est aussi au cœur de plusieurs œuvres produites à partir de machines « faites maison » comme les complexes tricotissages » de Jeanne Vicerial ou ceux du duo Varvara & Mar. En regard, l’impressionnant tapis de Faig Ahmed, Oiling (2012), joue, quant à lui, du détournement de techniques traditionnelles et des altérations du code numérique, tandis que Matthew Plummer Fernandez remodèle la figure iconique de Mickey en la soumettant à des algorithmes déformant son aspect originel.
Les visiteurs explorent, dans cette section, un environnement imaginé par Laureline Galliot dans lequel elle expose notamment un ensemble d’œuvres qu’elle a directement modelées en couleur à l’aide de logiciels de sculpture et de peinture virtuelle avant de les imprimer en 3D. À l’horizon, une cascade de particules de pixels mues par des algorithmes génératifs, créée par Antoine Schmitt, projette son flux infini et irrégulier en une ondée blanche hypnotique.
À travers ce parcours en deux volets, les visiteurs découvrent une partie de l’étendue des recherches et des expérimentations menées par les artistes dans la matérialisation du code informatique, autant que la diversité des processus de fabrication et des formes produites.
* L’exposition Fait Maison réunissait une quarantaine d’artistes contemporains dont les créations intégraient des objets domestiques ou ménagers dans un environnement familier.
Les artistes de l’exposition
Faig Ahmed, Appropriate Audiences, Berdaguer et Péjus, Arnaud Borde, Elvire Blanc Briand, Miguel Chevalier, Mathilde Dumont, Olivier Van Herpt, Raphaëlle Kerbrat, Laureline Galliot, Jonathan Keep, Inès Lavialle, Jessica Lajard, Ludovic Mallegol, Varvara & Mar, Pit Molling, Michel Paysant, Boryana Petkova, Noémie Pilo, Matthew Plummer Fernandez, Camille Reidt, Andrea Rodríguez Vial, Philipp Schaerer et Reto Steiner, Antoine Schmitt,Inès Silbermann, collectif Sommes, Jeanne Vicerial.
Commissariat assuré par :
- Margherita Balzerani et Noëlig Le Roux
- Sur une proposition et avec le concours de Miguel Chevalier et Michel Paysant
- Sous la conduite de Françoise Adamsbaum, Directrice du MIAM
Autour de l’exposition
Une série d’événements est organisée : pour toute information complémentaire, s’adresser au MIAM.
Exposition « Fait Machine », du 17 février au 12 novembre 2023 au Musée International des Arts Modestes (MIAM), 23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny – 34200 Sète France
Photo d’en-tête : Keep Jonathan, Knots series 2021