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Demain est annulé … de l’art et des regards sur la sobriété

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Le défi du siècle. Alors que nous prenons conscience de la fragilité de notre planète et que l’inaction n’est plus envisageable, l’heure est aux questionnements individuels et collectifs pour trouver des solutions concrètes. Parmi elles, la sobriété. À partir du 17 janvier, la Fondation groupe EDF alimente le débat en confiant ce thème polysémique aux regards sensibles d’artistes contemporains. L’exposition « Demain est annulé…, de l’art et des regards sur la sobriété » propose d’explorer quelques-uns des chemins vers un monde durablement vivable.

Ouverte à tout public, cette exposition inédite, conçue par un commissariat collectif, à la fois scientifique et artistique, se déploie sur les 550 m2 d’un espace rénové. Installations, photographies, vidéos, peintures, musique… 23 artistes offrent une déambulation onirique et parfois critique qui, loin de vouloir prescrire, donne matière à penser sur notre rapport à la sobriété. Le visiteur pourra appréhender les effets déjà réels du changement climatique et explorer les différentes voies permettant d’y faire face.

Est-il possible de rêver ensemble un monde plus sobre ? Cette sobriété peut-elle faire émerger une société plus harmonieuse et plus juste ? Peut-elle aider les individus à se reconnecter aux autres et à la nature ? L’innovation technique peut-elle servir le progrès à la fois social, politique et écologique ? Quels sont les nouveaux chemins à emprunter ? Libre au visiteur de suivre ses émotions, de se questionner et de se mettre en mouvement.

« Donner à voir et à penser. Donner à voir, donc à penser. C’est le défi que la Fondation groupe EDF veut relever, exposition après exposition, en s’efforçant d’éclairer de grands enjeux de société par le regard d’artistes. Lorsque le 24 novembre 2021, le choix de la Fondation s’est arrêté sur le thème de la sobriété, le concept était loin d’être consensuel. Deux ans plus tard, les circonstances géopolitiques, énergétiques, économiques et politiques ont mis la sobriété sur toutes les lèvres. Au point qu’on peut légitimement s’interroger sur la manière de traiter de manière utile et originale un thème qui confine désormais au lieu commun.
Mais si la nécessité d’atteindre une forme de sobriété s’est imposée dans les discours, il y a encore, dans la pratique, loin de la coupe aux lèvres. Et c’est sur le terrain de sa mise en œuvre que le débat s’est déplacé. Comment s’y prendre ? Jusqu’où aller ? À quoi renoncer ? Comment répartir l’effort ? Comment concilier sobriété et progrès ? Telles sont les questions qui alimentent aujourd’hui l’expression de points de vue conduisant très vite – au risque de s’y perdre – au conflit de valeurs. De fait, selon son statut social, ses convictions politiques, ses adhésions spirituelles ou philosophiques, chacun se fait, des efforts à fournir, une idée très particulière qu’il s’agirait d’étendre à tous pour en saisir les conséquences réelles, qu’elles soient rédemptrices ou dévastatrices.
En prise avec les sociétés et les économies qu’il sert, le groupe EDF est aussi directement traversé par ces débats et questionné dans ses pratiques et ses activités. Raison de plus pour ne pas esquiver le sujet et pour tenter, au contraire, de promouvoir l’échange d’idées et la prise de conscience. Tous ces points de vue pourront s’exprimer à l’occasion des débats qui émailleront la programmation scientifique et culturelle entourant l’exposition.
Demain est annulé…,  prend donc le parti, une fois posée la nécessité de tendre vers plus de sobriété, d’évoquer les différents chemins la rendant réalisable… et pourquoi pas désirable. Ce faisant, l’exposition développe un récit fondé sur les grands enjeux de la sobriété, qui peuvent sans aucun doute prêter à discussion, mais guère à contestation.
En se laissant guider par les artistes, le visiteur pourra saisir la réalité des constats, mieux appréhender la notion de limites et les voies de l’expansion raisonnable. Le parcours permet aussi de mettre au jour des notions moins évidentes de justice sociale et de transition juste avant de découvrir comment peuvent s’appliquer dans un cadre de pensée ainsi redéfini, les savoirs et techniques qui font le terreau de nos sociétés modernes.
Au final, avec Demain est annulé…, la Fondation souhaite renouveler les succès passés d’une approche originale. Une approche qui permet au spectateur de découvrir un ensemble d’œuvres faisant dialoguer art et science pour éveiller l’esprit critique et enrichir les débats qui font avancer nos sociétés. »
Alexandre PERRA, Délégué Général de la Fondation groupe EDF

Le mot de Dominique BOURG

« La sobriété, c’est rééquilibrer complètement les différentes dimensions de l’existence alors qu’aujourd’hui on privilégie la consommation dans tous les domaines, matière, énergie espace et destruction de la nature. La sobriété en l’espèce consiste à reconstruire une aménité avec la nature : si elle amène à faire moins, voire beaucoup moins, elle n’est ni une ascèse ni un rétrécissement.
Ce qu’on peut perdre en accumulation de biens matériels, on peut le récupérer par une vie plus intense, sans doute plus agréable et dans un lien rétabli avec le milieu naturel. C’est là qu’on peut parler de spiritualité. Dans toute société on a favorisé un mode de réalisation de soi, un mode de développement de son humanité. On réalise aujourd’hui cette humanité en accumulant des biens pour acquérir un statut, au risque de détruire nos conditions de vie. Nous n’échapperons donc pas à la redéfinition d’un nouveau mode d’accomplissement de soi, dans une reconnexion avec la nature. Celle-ci doit être riche de sens et surtout plurielle car nous vivons et devons vivre dans une société démocratique où les choix sont libres : il y aura des modes différents de spiritualité. »
Dominique Bourg, Philosophe et commissaire scientifique de l’exposition
Dominique Bourg a été Maître de conférences à Sciences Po Paris. Il est professeur honoraire de l’Université de Lausanne. Il dirige la revue en ligne La Pensée écologique (Puf).

4 questions aux co-commissaires de l’exposition, Nathalie Bazoche et Patrice Chazottes

Nathalie Bazoch, Responsable du développement culturel de la Fondation groupe EDF. Elle a rejoint la Fondation groupe EDF en 1997 et en est aujourd’hui la responsable du développement culturel et de la programmation. À ce titre, elle a déjà piloté de nombreuses expositions tout aussi exigeantes les unes que les autres. Sa double formation en école de commerce et à l’École du Louvre lui permet d’avoir un regard éclairé sur l’art dans la société. 

Patrice Chazottes, Directeur de l’association Clermont-Ferrand Massif Central 2028. Patrice Chazottes a travaillé pendant près de vingt ans au Centre Pompidou, en charge notamment de la médiation culturelle avant de rejoindre – pour la diriger –, en 2021, l’association qui a porté la candidature de Clermont-Ferrand Massif central pour être « Capitale européenne de la culture » en 2028.

Comment s’explique le titre de l’exposition ?

NB. : Nous avons repris le titre d’une œuvre d’un des artistes de l’exposition, Rero, intitulée  » Demain est annulé…, ». Le titre est intentionnellement barré et c’est justement l’état d’esprit de l’exposition. Il part d’une crainte partagée par beaucoup de gens qu’il n’y a plus d’avenir, sous-entendu d’avenir heureux (Demain est annulé). Mais l’artiste, lui, est plus optimiste et remet en cause cette prophétie sans pour autant annoncer des lendemains qui chantent. Le sous-titre est plus explicite : « De l’art et des regards sur la sobriété ».

PC. : Je suis très content de ce titre. Il est intrigant, il peut se lire de différentes façons et invite les gens à voir l’exposition pour découvrir ce que disent les artistes d’un possible nouveau monde. Il dit « on veut continuer à vivre mais différemment ».

Comment trouve-t-on l’équilibre entre le pessimisme induit des constats environnementaux et l’optimisme voulu par le propos de l’exposition et les œuvres présentées ?

NB. : Le futur est incertain mais pas forcément sombre ; le nécessaire changement de civilisation peut amener à une société plus solidaire et plus épanouie intellectuellement ! Ce n’est pas une exposition qui dénonce les dérives de l’anthropocène mais une exposition qui donne à réfléchir et envisage des scénarios que le visiteur est libre d’accepter ou non.

PC. : Par ailleurs, pour ne pas donner de leçons aux autres continents, en particulier aux pays du Sud qui n’ont pas le même de niveau de confort que celui des pays du Nord, nous avons voulu centrer le sujet sur la nécessaire sobriété dans les sociétés occidentales.

Comment fait-on pour illustrer un thème aussi large et important sans pour autant être trop littéral ou didactique ?

NB. : Les œuvres ne sont pas là pour dire artistiquement ce qui est inscrit sur les cartels, elles sont là pour interpeller, susciter des interrogations, émouvoir le public, et parfois être utopiques.

PC. : Nous avons exclu plusieurs œuvres parce qu’elles étaient trop littérales. Mais cela a été l’objet de nombreux débats au sein du comité car nous pouvions avoir des perceptions différentes sur l’interprétation des œuvres. Par ailleurs, les œuvres peuvent être polysémiques et il ne faudrait pas que l’un des messages brouille le message principal.

En novembre 2024, l’exposition sera accueillie à Clermont-Ferrand, en coproduction et en partenariat avec la Fondation groupe EDF. Quelques mots sur cette itinérance ?

N.B. : La Fondation groupe EDF est de plus en plus désireuse de faire circuler ses expositions afin de mettre en œuvre ce principe de sobriété, en faisant en sorte d’augmenter leur audience et donc réduire le coût carbone de production par visiteur. Nous sommes également en discussion avec un autre lieu pour ajouter une troisième étape à cette itinérance. Par ailleurs, nous avons une demande croissante des salariés d’EDF en région qui veulent que les expositions de la Fondation viennent aussi chez eux.

PC. : Nous nous connaissons depuis quelque temps et, lorsque Nathalie nous a parlé de son projet, nous avons été tout de suite intéressés dans le cadre de la préparation du dossier de candidature de Clermont-Ferrand à la « Capitale européenne de la culture » en 2028. Il nous a semblé pertinent de participer à cette exposition en tant que commissaire d’exposition mais aussi en la présentant l’an prochain à Clermont-Ferrand. L’aspect « laboratoire » de la Fondation et le fort ancrage dans l’actualité du thème de l’exposition entraient parfaitement en résonance avec les ambitions de notre candidature qui se veut, elle aussi, sobre et pluridisciplinaire.
Ces éléments sont extraits de l’entretien réalisé pour le catalogue de l’exposition.

Parcours de l’exposition

LES CHEMINS DE L’INCERTITUDE

Nous vivons une révolution. Un basculement civilisationnel, existentiel, métaphysique
N’est-ce pas un constat qui s’impose inéluctablement, à l’heure où notre planète est menacée et où nous sommes tous liés par un même danger : un monde à bout de souffle. Dérèglement climatique, catastrophes naturelles, diminution des ressources, effondrement du vivant… Autant de signes qui nous renvoient à notre existence et à notre fragilité commune.
C’est la découverte de cette vulnérabilité qui nous fait soudain entrevoir les limites d’un monde que l’on pensait infini. Avec la pensée de la disparition de notre maison commune et, en même temps, celle de l’humanité, un basculement de civilisation s’amorce. Si, jusqu’ici, la trajectoire humaine était lancée vers l’avant, dans une course au progrès et à la croissance ininterrompue, nous faisons aujourd’hui face à l’impossibilité de poursuivre dans cette direction. Le sentier s’arrête. Il faut réinventer collectivement notre chemin.

Mais vers où aller, quand il n’y a pas d’ailleurs ? Si la conscience brutale des limites de notre environnement provoque en nous une angoisse existentielle, c’est aussi parce qu’elle dévoile notre responsabilité. Mais pas de responsabilité sans choix. Or c’est dans la possibilité de choisir que réside notre liberté qui, elle, reste infinie. À nous, donc, de l’exercer, de penser et de bâtir ensemble un espace habitable pour tous.
Est-il possible de rêver ensemble un avenir meilleur ? Demain est annulé… se pose comme une question suspendue qui propose d’explorer les différentes trajectoires qui s’offrent à nous pour faire de demain un monde vivable.

Avec :

  • Art Orienté Objet (Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin)
  • Bianca Argimón
  • Neil Beloufa
  • Moffat Takadiwa
  • Rero

Sélection d’œuvres 

Zen garden – Bianca Argimon

Zen Garden – Bianca ARGIMÓN
Avec cette œuvre inspirée des jardins zens japonais, Bianca Argimón ironise sur les travers et les excès de notre société. À la place des bonsaïs qui ornent habituellement ces espaces, l’artiste a placé des fragments de corps de travailleurs de la City en costume. La bande-son ASMR composée de bruits d’objets du quotidien (billes, éponges, claviers d’ordinateur…) vient renforcer ce décalage. En jouant sur ce contraste avec humour, Bianca Argimón dénonce une société économico-centrée qui continue de s’enfoncer dans ses propres vicissitudes, et des hommes de pouvoir qui continuent de faire l’autruche sur la réalité sociale et écologique qui les entoure.

Sans titre (Réparer le futur)
Sans titre (Résiste à ta propre résistance) 
Sans titre (Demain est annulé…)
de Réro
En 2018, le climatologue Ed Hawkins crée les warming stripes, les bandes du réchauffement climatique. Ces rayures bleues et rouges montrent les écarts de températures par rapport aux normales sur plusieurs décennies. Plus la bande est foncée, plus l’écart de température est grand. C’est entre ces lignes qu’il faut lire les phrases emblématiques de RERO, à la fois lapidaires et énigmatiques. Comme pour nous placer face à nos contradictions, ce triptyque impacte graphiquement par ses mots systématiquement barrés, niés à l’instant même où ils sont déchiffrés. L’artiste souligne d’un même mouvement notre volontarisme et notre impuissance. Ces toiles en oxymores nous interrogent collectivement quant à ce qui est ou n’est pas, ce qui sera ou ne sera pas. Elles nous placent face à un choix : accepter ou ignorer la réalité d’un monde qui s’altère sous nos yeux.

UN MONDE POUR TOUS

Si nous constatons collectivement l’impasse dans laquelle nous nous trouvons, nous devons agir, non moins collectivement, pour bâtir un monde habitable. C’est tous ensemble que nous réussirons à trouver un équilibre pérenne pour construire notre avenir. Pouvons-nous encore nous isoler les uns des autres et continuer à penser que ce qu’il se passe à l’autre bout du monde ne nous concerne pas ? Une catastrophe naturelle, aussi lointaine nous semble-t-elle, n’entraîne t-elle pas des crises migratoires, politiques, économiques et sociales qui, elles, nous impactent directement ?
Depuis quatre décennies, nous sommes tous liés par un même système économique. Si la mondialisation a sonné le début de la production de masse et de la surconsommation, elle nous rappelle aujourd’hui que nous partageons une même planète. Nous avons pris conscience que la surabondance pour certains entraîne nécessairement des manques pour d’autres.
Les artistes nous posent une question : pouvons-nous concevoir un monde moins inégalitaire ? Face à des besoins irréductibles et à des réserves limitées, une solidarité est indispensable. Les œuvres proposées sont autant d’impulsions pour penser ensemble un avenir plus sobre mais humainement plus riche.

Avec :

  • David Ancelin
  • Dominique Dalcan
  • Leandro Erlich
  • Gabriele Galimberti
  • Jordan Roger
  • Mierle Laderman Ukeles

Sélection d’œuvres 

Pulled by the roots – Leandro ERLICH

Pulled by the roots – Leandro ERLICH
L’œuvre présentée est une photo de l’installation de Leandro Erlich à Karlsruhe, en Allemagne. Pulled by the roots répond d’abord au projet de la commune de relocaliser son système de tramway en sous-sol, défigurant ainsi les rues et la skyline de la ville. En reprenant l’élément de la grue, Leandro Erlich détourne cette perturbation du paysage pour en faire une œuvre d’art.
À l’ère de la bétonisation des sols, il met en lumière le lien organique qu’entretient notre culture avec la nature qui nous entoure. Il nous dit aussi l’urgence de renouer avec nos racines profondes, et la richesse que peut apporter l’identité de chacun.
Cette œuvre monumentale souligne que l’expansion humaine se fait aux dépens d’un écosystème pourtant indispensable à notre survie, et nous rappelle que notre première maison est une planète fragile dont il faut prendre soin.

Burn them all (Brûlez-les tous) – Jordan ROGER
Avec son allure enfantine et féerique, l’œuvre de Jordan Roger évoque instantanément le célèbre château de Walt Disney. Pourtant, le titre Brûlez-les tous est d’une violence crue bien loin d’un happy ending.
L’artiste a créé cette œuvre en réaction à la loi « Don’t say gay » votée en 2022 en Floride, qui interdit aux professeurs d’enseigner des sujets en lien avec l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Or il s’est avéré que Disney finançait partiellement certaines organisations politiques de cet État, dons qui ont finalement été suspendus.
Cette œuvre est donc une critique de ce que représente l’industrie Walt Disney : le capitalisme à son paroxysme, une hypocrisie sur des sujets de société, et un désastre écologique.

EXISTERE : S’ELEVER, SE MANIFESTER, SE MONTRER 

Un monde matériellement sobre n’est pas nécessairement un monde spirituellement pauvre. Au contraire, la révolution civilisationnelle que nous vivons nous amène à rechercher de nouvelles valeurs pour fonder nos existences et pour leur redonner du sens. Nous pouvons inventer de nouveaux modes de réalisation de soi, plus consistants que le consumérisme débridé auquel nous nous sommes habitués.
Tentons peut-être de repenser notre lien au vivant et au monde qui nous entoure. Notre lien aux autres, nous l’avons vu, en réduisant les inégalités qui nous séparent, mais aussi notre lien à la nature. Nos changements sociétaux à venir seront accompagnés d’une révolution métaphysique. Quelle est notre place dans l’univers ? Que veut dire « exister », pour nous, dorénavant ? Et tout simplement : qui sommes-nous ? C’est à cette dernière question surtout que nous pouvons donner une réponse nouvelle, tant collectivement qu’individuellement. Il s’agit de nous re-trouver nous-mêmes et tous ensemble. Mais pour savoir qui nous sommes, il faut peut-être marquer une pause, prendre le temps, laisser quelque peu le vide s’installer.
Les artistes exposés dans cette section nous proposent d’autres fondements pour notre société, plus en phase avec la nature, avec nos héritages et avec notre histoire commune. Ils nous rappellent que pour redonner sens, il est nécessaire de s’extirper d’un présent instantané qui ne regarde ni derrière ni devant. Nous sommes ici invités à nous rappeler d’où l’on vient pour savoir où aller.

Avec :

  • Rita Alaoui
  • Odonchimeg Davaadorj
  • Franck Lundangi
  • Evelyn Pultara
  • Marike Schuurman

LES CHEMINS DU PROGRES

Ce n’est qu’après avoir reconstruit une identité collective et retrouvé un ancrage métaphysique que nous pourrons regarder vers l’avant, vers les chemins du progrès. Un progrès conscient, respectueux et en accord avec de nouvelles valeurs communes. En effet, notre monde est aujourd’hui dépendant du déploiement des techniques et des technologies que nous avons créées. Ces inventions sont avant tout des découvertes qui ont permis de pallier des inégalités, de résoudre des mystères, de sauver des vies. Notre histoire nous pousse nécessairement vers l’avant et il serait vain de prôner un demi-tour qui nous replongerait dans d’autres difficultés.
Cependant, nous pouvons repenser les objectifs que visent ces innovations, faire en sorte qu’elles servent un progrès à la fois social, politique et écologique. C’est par exemple l’orientation low-tech, en opposition à la high-tech, qui vise la recherche de techniques plus respectueuses de l’environnement et des avancées au bénéfice du plus grand nombre.
La question se pose alors des chemins que nous emprunterons tous ensemble : Quelles sont nos priorités en matière d’innovation ? Que faire des technologies déjà à notre disposition ? Que voulons-nous garder et à quoi souhaitons-nous renoncer ? Autant de questions qui ont inspiré les artistes présentés dans cette partie. Ils ont choisi de faire de l’innovation des créations, d’utiliser la science au service de l’art et d’une vision du monde plus poétique. Leurs imaginaires nous ouvrent les portes du possible, mais toujours avec le souci d’un avenir plus beau et plus juste.

Avec :

  • Chloé Bensahel
  • Léa Collet
  • Marike Schuurman
  • Philippe Rahm Architectes

DEMAIN NOUS APPARTIENT

Si nous ne pouvons rester dans l’impasse dans laquelle nous sommes, ni faire marche arrière, nous avons cependant l’opportunité d’un futur à construire collectivement. Nous pouvons créer un espace de vie pérenne, égalitaire, spirituel et innovant. Les contraintes auxquelles nous faisons face peuvent être propices à un enrichissement social, culturel et artistique. À nous de réussir à articuler le progrès à des idéaux d’émancipation, de réalisation de soi et de justice. Chacun doit pouvoir donner du sens à ce qu’il est au sein des sociétés qu’il nous incombe d’inventer. Car chaque vie et chaque voix comptent si nous voulons faire front. Pourrons-nous rester solidaires et unir nos forces dans des décisions sociales et politiques fortes ? Serons-nous capables d’avancer tous ensemble et d’un commun accord pour faire exister demain ? Car le défi climatique qui se dresse devant nous ne peut être relevé que collectivement et démocratiquement. Il ne peut y avoir de sobriété sans assentiment des populations, sans une adhésion libre et unanime à un nouveau projet d’existence. Et c’est un projet commun qui devra faire une place à toutes les générations, aux traditions ancestrales comme aux nouvelles avancées techniques, aux exigences de nos sociétés contemporaines comme aux besoins des plus fragiles.
Les quatre artistes présentés dans cette section s’ancrent dans cette conception nouvelle de la condition humaine. Ils proposent des œuvres futuristes, offrent des perspectives sur ce que pourraient être nos lendemains. Ils nous proposent de faire un premier pas vers l’avenir, ouvrant la marche sur le chemin que nous avons la responsabilité de parcourir ensemble.

Avec :

  • Art Orienté Objet (Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin)
  • Joachim Bandau
  • Hicham Berrada
  • Jisoo Yoo

Paroles d’experts

Point de vue scientifique : Quatre experts, Magali Reghezza-Zit, Yamina Saheb, Dominique Bourg et François Jarrige apportent leur éclairage scientifique. Leurs interviews sont à découvrir tout au long du parcours de l’exposition.

Peut-on préserver notre nature tout en maintenant notre bien être ?
« Nous avons aujourd’hui la certitude que la perturbation majeure qui affecte le climat est d’origine humaine et qu’elle a pour cause l’accumulation des gaz à effet de serre […] L’avenir n’est pas écrit et c’est une bonne nouvelle […] Il importe maintenant d’ouvrir le débat citoyen sur des solutions diversifiées : il est possible de parvenir à la neutralité carbone et à la préservation de la biodiversité en maintenant le bien-être. »
Magali Reghezza-Zit, Géographe

Pourquoi la solidarité est une composante de la sobriété ?
« La sobriété repose sur quatre piliers interconnectés : des politiques publiques engendrant des normes sociales riches de changement des comportements ; la maîtrise de la demande de consommation des ressources naturelles ; l’objectif de bien-être et spécialement le souci de protéger les plus vulnérables : et tout ceci dans le respect des limites planétaires. »
Yamina Saheb, Chercheuse

Peut-on réaliser une sobriété riche de sens ?
« Dans toute société on a favorisé un mode de réalisation de soi, un mode de développement de son humanité. On réalise aujourd’hui cette humanité en accumulant des biens pour acquérir un statut, au risque de détruire nos conditions de vie. Nous n’échapperons donc pas à la redéfinition d’un nouveau mode d’accomplissement de soi, dans une reconnexion avec la nature. Celle-ci doit être riche de sens et surtout plurielle car nous vivons et devons vivre dans une société démocratique où les choix sont libres : il y aura des modes différents de spiritualité. »
Dominique Bourg, Philosophe

Quel rôle pour le progrès technique dans une monde plus sobre ?
« La technique, c’est essentiellement la façon dont les sociétés médiatisent leur rapport au monde en mettant en place des outils et des équipements afin de réaliser leurs activités : il n’y a pas de société sans technique et l’homme est fondamentalement un être technique. […] Il faut acter le fait que la technique n’est pas un processus naturel qui s’imposerait pas sa propre force interne, elle est le résultat de choix politiques. Si on définit comme horizon collectif une société sobre, nous allons pouvoir réfléchir à quel système technique nous allons mettre en place. »
François Jarrige, Historien

Exposition « Demain est annulé…, de l’art et des regards sur la sobriété », du 17 janvier au 29 septembre 2024 à la Fondation groupe EDF, 6 rue Récamier – 75007 – Paris
Entrée gratuite du mardi au dimanche sur réservation 12h-19h (sauf jours fériés).

www.fondation.edf.com

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