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Vera Molnár – Parler à l’œil

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Disparue le 7 décembre 2023 à l’âge de 99 ans, Vera Molnár était l’une des pionnières du codage informatique dans l’art. Le Musée national d’art moderne / Centre Pompidou présente du 28 février au 26 août « Parler à l’œil », une exposition de grande ampleur de son travail : peintures, œuvres sur papier, sculptures et photographies, une sélection de ses Journaux intimes ainsi qu’une importante installation murale. Retour sur une carrière d’une exceptionnelle longévité et d’une éclatante créativité. Dès les années 1960, Vera Molnár explorait les possibilités infinies de l’art assisté par ordinateur. Quelques mois avant sa disparition, elle travaillait à de nouvelles œuvres générées grâce à… l’intelligence artificielle.

L’œuvre picturale est avant tout sensible, elle s’adresse à l’œil. C’est pour l’œil humain que je veux faire des images. L’art de la peinture commence sur la rétine, d’abord celle du peintre, ensuite celle du spectateur…. L’art doit être humain, c’est-à-dire conforme à la nature humaine ». Véra Molnar

Vera Molnár dans son atelier Centre Pompidou /Bibliothèque Kandinsky (Jean-Christophe Mazur)

Élaborées autour de 1947 dans un état d’esprit constructiviste, les œuvres de Vera Molnár, en s’enrichissant de connaissances sur la psychologie de la forme et des lois de la vision, deviennent des questionnements plastiques de l’optique. Cybernéticienne puis informaticienne, Molnár met en place dans les années 1960 un mode de production qu’elle nomme « machine imaginaire » avant d’être la première artiste en France (1968) à produire des dessins numériques en utilisant un ordinateur relié à une table traçante. Jusqu’au mitan des années 90, elle se livre à une exploration systématique de familles formelles dont elle met en scène les mutations privilégiant le plus souvent la reprise et la sérialité.
La radicalité géométrique érigée comme principe et la nécessité du minimalisme comme une évidence s’imposent assez tôt chez la jeune Vera, née Gács à Budapest en 1924.

L’exposition commence avec les premiers dessins de Vera Molnár, Arbres et collines géométriques (1946), qui, avant même son installation à Paris en 1947, livrent une vision essentialisée de paysages familiers. Les années 1950 sont évoquées par des compositions qui inscrivent pleinement l’artiste dans le courant de l’abstraction géométrique de l’après-guerre (Cercles et demi-cercles, 1953, musée de Grenoble ; Quatre éléments distribués au hasard, 1959).

« Quatre éléments distribués au hasard » – Centre-Pompidou
Mine graphite et film plastique adhésif collé sur carton 75 x 75 cm
Achat de l’Etat, 1988 ; attribution au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, 2008
© Adagp, Paris
Crédit photographique : Georges Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP
Réf. image : 4N04567
Diffusion image : l’Agence Photo de la RMN

Après avoir livré des peintures d’une grande radicalité (Icône, 1964 ; Neuf carrés rouges, 1966), Molnár débute ses séries de dessins algorithmiques qui, sous le titre À la recherche de Paul Klee, anticipent son usage de l’ordinateur.

Pour les années 1970, plusieurs séries de dessins réalisés cette fois sur table traçante manifestent son goût pour l’introduction d’un certain pourcentage de désordre au sein de compositions géométriques simples (Déambulation entre ordre et chaos, 1975 ; 160 carrés poussés à bout, 1976 ; Des lignes, pas des carrés, 1976 ; Molnaroglyphes, 1977-1978).

Vera Molnár, « Identiques mais différents », 2010 © Adagp, Paris. Photo : Centre Pompidou, Mnam-Cci/Philippe Migeat/Dist. Rmn-Gp

Les années 1980 se caractérisent notamment par l’apparition dans l’œuvre de Vera Molnár de ses premiers polyptyques (Transformation, 1983), dont le Centre Pompidou conserve plusieurs exemples marquants (Identiques mais différents, 2010). Témoignage du long compagnonnage de Vera Molnár avec l’œuvre d’Albrecht Dürer, Les Métamorphoses d’Albrecht (1994-2017) organise en quatre tableaux la transition progressive du monogramme de ce dernier vers le sien propre.

Dans l’exposition, non loin de son Carré dévoyé (1999, Rennes, musée des Beaux-Arts), les visiteurs peuvent aussi découvrir pour la première fois, Perspective d’un trait (2014-2019), sculpture inédite en acier inoxydable et aluminium anodisé dont la perception se transforme au gré des déplacements du regardeur.

L’œuvre photographique de Vera Molnár est évoquée par plusieurs séries (Etudes sur sable, 2009 ; Ombres sur carrelage, 2012 ; Par temps couvert, 2012), tandis que les vingt-deux volumes de son « Journal intime » sont présentés dans leur intégralité. Ces simples cahiers d’écoliers, gonflés de schémas, de photographies et de documents divers collés au fil des pages, constituent des documents uniques sur le parcours de l’artiste et la genèse de nombre de ses œuvres.

« OTTWW » (Présentation dans l’exposition  » Une brève histoire des lignes », Centre Pompidou-Metz, février 2013)
© Adagp, Paris
Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Bertrand Prévost/Dist. RMN-GP /Dist. RMN-GP
Réf. image : 4N66472

Enfin, plusieurs installations in situ (OTTWW, 1981-2010, d’après un poème de Shelley ; Trapèzes penchés à droite (180%), 2009), dont une toute récente (La Vie en M, 2023), créée par Vera Molnár spécialement pour l’occasion, manifestent sa volonté d’immerger le visiteur dans son univers.

Exposition « Parler à l’œil », du 28 février au 26 août – Musée national d’art moderne / Centre Pompidou Paris – Niveau 4 /Galerie du musée

Pour aller plus loin :

  • Article « Vera Molnár, aux sources du code » / Magazine du Musée national d’art moderne
  • Article « IA, NFT : Vera Molnár, vers l’avant-garde et au-delà » / Magazine du Musée national d’art moderne

Photo d’en-tête : Photo de l’exposition © Centre Pompidou

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