La ville de Valence, trente ans après sa première invitation faite à l’artiste Jaume Plensa, inaugurera sa nouvelle œuvre « Le Messager ». Œuvre conçue pour l’espace public valentinois, elle sera installée place des Ormeaux et dévoilée le 9 novembre 2024. À cette occasion, le Musée de Valence – art et archéologie présentera « Jaume Plensa. Être là », une exposition d’une soixantaine d’œuvres du sculpteur et dessinateur de renommée internationale.
Jaume Plensa à Valence, la célébration d’un anniversaire, 1994 – 2024
En 1994, à l’invitation de la ville de Valence, Jaume Plensa est, après Mark Di Suvero en 1990 et Étienne-Martin en 1992, à l’affiche de la troisième édition de la Biennale «Un sculpteur. Une ville ». Il est âgé de 39 ans et vit à Barcelone mais sa carrière l’a déjà conduit à exposer en France comme à Berlin, Bruxelles, New York et Tokyo. Alors que la ville de Valence lui propose d’investir l’espace public et les salles du musée, l’artiste ne retient que le hors-les-murs, privilégiant un rapport direct avec le bâti urbain, la nature et les habitants. Disséminant 21 portes en fonte d’acier dans des sites emblématiques de la cité drômoise et glissant ses sculptures dans 21 vitrines des commerces
du centre-ville, il répond avec justesse et discrétion à l’invitation municipale.
Une sculpture de Jaume Plensa au cœur du centre historique de Valence
Afin de célébrer le trentième anniversaire de cet événement, et dans sa dynamique de diffusion de la création contemporaine, la ville de Valence a choisi d’inviter à nouveau Jaume Plensa et lui a commandé une œuvre pérenne pour l’espace public. Répondant avec amitié et fidélité, l’artiste livrera une sculpture de plus de 4 mètres de hauteur réalisée en acier inoxydable. Composée à partir des différents alphabets du monde, cette dernière participe d’une famille d’œuvres entrelaçant aléatoirement lettres et symboles telle une dentelle de métal. Déployant le dessin d’une silhouette en position assise, elle évoque un corps humain autant qu’une communauté universelle. Intitulée Le Messager, la sculpture sera installée place des Ormeaux, place historique de Valence située entre la cathédrale Saint-Apollinaire et le musée d’art et d’archéologie. Elle se dressera parmi les arbres et la végétation plantés pour rafraîchir cet espace du centre-ville et viendra enrichir la collection d’œuvres d’art contemporain déjà présentes dans l’espace public valentinois.
L’œuvre sera inaugurée le 9 novembre 2024.
Jaume Plensa. Être là.
Une exposition au Musée de Valence – art et archéologie
Jaume Plensa commence à exposer au début des années 1980 des volumes en tôle découpée et soudée, des sculptures en fonte d’acier, puis des installations sculpturales procédant de techniques et de matières de plus en plus variées. L’acier côtoie le bronze, les contours sont davantage mimétiques et l’artiste ose les petites dimensions. Des emprunts à la littérature et à la poésie, parfois la sienne, viennent mêler le verbe et la citation à la matière sculptée ou dessinée. Dans les années 1990, la lumière rejoint, par l’artifice d’ampoules électrifiées, les matériaux lourds de la sculpture tandis que la transparence, celle du verre ou de la résine, accompagne la prise en compte nouvelle du corps humain et de son échelle. L’artiste lui offre abris et habitacles avant de s’intéresser, dans notre nouveau millénaire, à son enveloppe et son dessin universel. Une famille de silhouettes anonymes et méditatives, auxquelles la résine puis l’inox ont donné corps, peuple aujourd’hui son univers et y accueille les longs visages de marbre, bois, bronze, albâtre ou basalte, de jeunes filles aux yeux clos.
En une soixantaine d’œuvres réunies dans un parcours non chronologique, l’exposition au musée de Valence est envisagée comme une déambulation libre entre la proposition imaginée en 1994 et celle pensée pour la place des Ormeaux en 2024.
Certaines des portes produites en 1994 sont rejouées en intérieur tandis qu’une sélection des sculptures présentées dans les vitrines du centre-ville permet d’appréhender les formes et réflexions qui occupaient l’artiste au début des années 1990.
Le parcours est aussi jalonné des productions sculpturales et graphiques qui inscrivent l’œuvre commandée dans un corpus que le temps étoffe, relit, ajuste en permanence. Dans chacune des huit salles de l’exposition, une série emblématique de la production de Jaume Plensa accueille les visiteurs. Ainsi en est-il des séries Nest (2022) en albâtre, White Forest (2015) en bronze, Shadow (2010-2011) et Face (2008) de techniques mixtes sur papier.
L’exposition offre une large part à la production graphique de l’artiste, de l’évocation des grands dessins géométriques et abstraits des années 1990 aux récents et monumentaux Paysages. Parallèlement et préalablement à sa pratique sculpturale, Jaume Plensa développe en effet un ensemble très important de dessins et d’estampes. Ces œuvres entretiennent des relations intimes avec les présences et les corps tridimensionnels qu’il déploie dans l’espace, par leur sujet mais aussi par le traitement du support papier dont l’artiste éprouve la matérialité et le volume. Les grandes feuilles sont des alcôves accueillant des anonymes que l’artiste associe aux mots des plus grands poètes et dramaturges – Dante, Baudelaire, Shakespeare… – comme à ceux de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
En célébrant les similitudes fondamentales qui lient les individus par-delà les langues et les cultures, en s’intéressant au corps, un corps commun énoncé au singulier, à son immersion dans les territoires du vivant comme ceux de la pensée, Jaume Plensa témoigne d’une beauté collective, partagée et résiliente. Il offre en cela un œuvre résolument humaniste dont l’exposition entend être un nouvel écho.
Jaume Plensa. Repères biographiques
Jaume Plensa est né en 1955 à Barcelone où il a étudié à la Llotja, École supérieure d’art et de design, et à l’École des beaux-arts de Sant Jordi. Il a enseigné à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et régulièrement collaboré avec l’Art Institute de Chicago comme professeur invité. Une part significative de son travail est dédiée aux sculptures dans l’espace public.
Installées dans des villes d’Espagne, France, Japon, Angleterre, Corée, Allemagne, Canada, États-Unis, ces œuvres ont reçu de nombreux prix dont le Mash Award for Excellence in Public Sculpture à Londres en 2009. En Espagne, il a reçu le Prix national des Beaux-Arts en 2012 et le prestigieux Prix Velasquez en 2013.
Son œuvre a été présenté dans de nombreuses galeries et musées, dont les récentes expositions La Part du sacré au BAM de Mons (Belgique, 2023), Poesia del Silencio à la Fundació Catalunya La Pedrera de Barcelone (Espagne, 2023) et Invisível e Indizível au Musée Oscar Niemeyer de Curitiba (Brésil, 2023), Janus, Église San Gallo de Venise, (Italie, 2024). L’artiste est représenté par la Galerie Lelong & Co. qui l’expose régulièrement à Paris et New York depuis plus de vingt ans.
Jaume Plensa a également collaboré à plusieurs projets pour le théâtre et l’opéra, de la conception de décors et de costumes à la direction artistique. Début 2023, il franchissait le pas de la mise en scène avec la présentation du Macbeth de Verdi au Gran Teatro Del Liceu de Barcelone.
Commissariat: Ingrid Jurzak, conservatrice du patrimoine, directrice du musée de Valence.
Édition: un catalogue est édité à l’occasion
Exposition « Jaume Plensa. Être là » au Musée de Valence-art et archéologie, 4 place des Ormeaux – 26000 Valence – Du 9 novembre 2024 au 13 avril 2025
Photo d’en-tête : © Jaume Plensa dans son atelier, photo Inés Baucells