Myriam Mihindou, artiste multidisciplinaire née en 1964 au Gabon, explore avec profondeur et subtilité les thématiques de l’identité, de la mémoire, du rituel, et de la spiritualité. Son travail, à la fois engagé et poétique, transcende les frontières de l’art pour créer des espaces où réparation et résilience se rencontrent. À travers des pratiques qu’elle qualifie volontiers de curatives, elle établit un dialogue entre le corps, la matière, et les récits collectifs et individuels. Au cœur de sa démarche se trouve le corps, témoin des blessures infligées par diverses formes d’oppression, qu’elles soient intimes, sociales ou politiques. Mihindou aborde ces mémoires traumatiques avec une démarche empreinte de soin et de bienveillance, utilisant des matériaux tels que le cuivre, la terre, le coton ou le thé, choisis pour leur charge énergétique et symbolique. Ces matières, vectrices de transmission et de guérison, prennent vie dans ses œuvres, qu’il s’agisse de sculptures, de photographies, de vidéos ou d’installations que nous pouvons découvrir au CRAC de Sète du 8 février au 4 mai 2025.
Les mots, eux aussi, sont au centre de sa réflexion. Dans ses créations, ils deviennent des entités tissées ou assemblées, issues de gestes rituels qui leur confèrent une dimension réparatrice. Par son approche, l’artiste libère les corps et les esprits, tout en mettant au défi les systèmes de domination et les silences imposés. Dans une relecture innovante de la langue française, elle tord et secoue les mots pour dénouer les récits de celles et ceux que l’histoire a réduits au silence.

Praesentia : une immersion dans 25 ans de création
L’exposition Praesentia propose une rétrospective généreuse de vingt-cinq ans de travail de Myriam Mihindou, enrichie de nouvelles productions. Ce titre polysémique, qui évoque simultanément la présence, la puissance et la protection, résume l’essence de son œuvre. Sculptures, dessins, installations, photographies et vidéos dialoguent dans un parcours qui examine le rôle spirituel, thérapeutique, mais aussi politique et social de l’art.
Conçue en collaboration avec le Palais de Tokyo, l’exposition explore les urgences éthiques et écologiques contemporaines, tout en offrant des pistes pour repenser nos liens avec le vivant. Le concept de praesentia ouvre une réflexion sur des rapports au monde solidaires et inclusifs, en harmonie avec toutes les formes de vie. En somme, Praesentia dépasse la simple présentation d’œuvres pour devenir une expérience immersive, où la puissance de l’art se déploie en écho aux questions essentielles de notre époque : comment guérir, réparer et coexister dans un monde marqué par la fragmentation et les inégalités ? Myriam Mihindou nous invite à trouver des réponses dans la création et la reconnexion avec le vivant.
Une exposition co-conçue avec le Palais de Tokyo
Le parcours de l’exposition

Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives, dont récemment Exils, Regards d’artistes (Louvre-Lens, 2024), Les voix des fleuves Crossing the water (Biennale de Lyon, 2024), PANSORI (Biennale de Gwangju en Corée du Sud, 2024 ), Le grand désenvoûtement (Palais de Tokyo, Paris, 2022), Globalisto (MAMC+, Saint-Étienne, 2021), La sagesse des lianes (CIAP, Vassivière, 2021),
Possédé·e·s (MO.CO, Montpellier, 2020).
Lauréate du Prix AWARE en 2022, elle bénéficie d’une résidence à la Villa Albertine (New York) en 2023.
La galerie Maïa Muller présente actuellement une exposition personnelle de l’artiste, Le sang des limules, visible jusqu’au 15 février 2025.
Courtesy de l’artiste & galerie Maïa Muller (Paris). Crédit photo : Aurélien Mole © ADAGP, Paris, 2025