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arts et cultures

Jardin de mémoires : l’art du partage

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Des créations in situ, des œuvres éveillant les sens (bruissement du vent, battement d’ailes, timbre d’une voix) dialoguent avec les alignements et les perspectives données par les jardins font de l’espace paysagé remarquable un creuset de mémoires, un dialogue expérimental entre le vu et le vécu, entre le réel et l’imaginaire, entre l’héritage collectif et l’expérience individuelle. Le Domaine national de Saint-Germain en Laye, après Les nouvelles folies françaises pendant « l’année Le Nôtre » en 2013, après Le festival des douze vents de l’artiste japonais, Toshiaki Tsukui en 2016, s’ouvre à nouveau à la création contemporaine jusqu’au 1er octobre 2018.
 
L‘exposition « Jardin de Mémoires, l’art du partage », se présente sous la forme d’un parcours artistique et sonore dans les jardins du Domaine national de Saint Germain en Laye, ponctué par des œuvres crées à cette occasion par Éric Le Maire et Charles-Édouard de Surville.
Dès l’entrée du parc, une installation met en résonance cymbales et éléments de batterie sous le jet de la fontaine. En regard, sur le grand parterre d’immenses tiges de fibres de verre se balancent telles des métronomes à vent. Dans la perspective de l’allée Dauphine des ailes d’abeille en métal, d’une envergure de près de cinq mètres, tintent des sons produits par les pampilles de verre qui s’y cognent.
 
« Gramo Rhoeas » de Charles-Edouard de Surville Feat Olivio et Medhi (Trappes)
Les papavers rhoeas, plus connus sous le nom de coquelicots sont très vite devenus le symbole de la guerre de 14-18 tant ils recouvraient étonnamment les champs de bataille largement labourés par les pluies d’obus. Ces pavillons comme sortis de terre interpellent les passants à quelques mètres du monument aux morts qui leur font presque face. Regarder le passé…
4 pavillons de gramophone, têtes de lectures, haut-parleurs miniatures

 
Dans le jardin anglais, des piédestaux qui semblent vides, dissimulent des tables d’harmonie qui transforment et amplifient le son capté dans les arbres et des pavillons de gramophones interpellent les passants à quelques mètres du monument aux morts qui leur font presque face. Regarder les passer… Les oscillations, augmentées en lien direct avec le jardin et son environnement, pour une promenade sensorielle, nous révèlent une mémoire restée invariable dans le temps, inscrite dans la nature et notre inconscient : le bruissement du vent, un battement d’aile, le timbre d’une voix… Le jardin est ainsi perçu tel un arrangement entre urbanisme et nature, où les artistes ont choisi d’orchestrer des interactions entre les écosystèmes et l’activité urbaine. Pour accéder à quels discernements ?
 
« Les ailes » d’Eric Le Maire, 2018
Les Ailes se présentent à nous tel un Haïku, hors de toute pédagogie.
Elles sont fixées sur le socle de la statue de Vercingétorix, elles ont la structure d’ailes d’abeille et sont habillées de pendeloques. Ces perles qui oscillent dans le vent de cet ancien Domaine royal semblent chuter comme une altération.
Socle, aluminium, acier, perles de verre, vent. (4,75 m x 4,30 m)

 
Autour de la proposition d’Éric Le Maire, artiste franco-mauricien, et de Charles-Édouard de Surville, artiste-musicien français, et avec le concours de Carole Baudon, artiste-portraitiste, et Vanessa de Ternay, artiste-plasticienne, ces créateurs sont allés à la rencontre de patients et de soignants au sein de cinq centres d’accueil de jour en psychiatrie à Rambouillet, Trappes, Saint-Cyr-l’Ecole, Versailles et Saint-Germain-en-Laye. « Jardin de mémoires, l’art du partage » s’est construit sous la forme d’un laboratoire vivant, dans lequel artistes, patients et soignants ont participé et interféré. Depuis la conception, jusqu’à la production des œuvres, en passant par le choix des matériaux, des supports et la finalisation de la présentation, ce laboratoire vivant est devenu une plateforme d’échange constant, un catalyseur qui a conduit à la genèse d’un projet commun.
 
 
« A la fontaine timbrée « de Charles-Édouard de SURVILLE 
Sans aucune intention de jeu ou de composition, le système flirte à la limite entre bruit et musique, laissant le promeneur puiser dans son propre imaginaire pour en inventer les contours.
10 caisses claires, 10 caisses claires piccolo, 8 cymbales

 
S’inspirant du lieu, des événements qui ont marqué son histoire et de la politique d’accessibilité menée par le Château, l’association Arts Convergences qui co-produit cette exposition, plusieurs mots clés ont servi de cadre à la proposition :
JARDIN : pour le site de restitution, nous avons identifié la possibilité de travailler très en amont avec les équipes des jardins du Château de Saint-Germain-en-Laye pour Dossier de presse 5 le choix de certaines essences et leurs plantations en lien avec certaines œuvres, où une part de vivant est proposée.
MÉMOIRE : en relation avec les patients, bénéficiaires très directs du projet, la relation à la mémoire étant une problématique récurrente en psychiatrie ET en référence à l’Histoire du château Musée d’Archéologie Nationale, à 2018 centenaire de la 1ère guerre mondiale (le monument aux morts avec plus de 500 noms gravés est au centre du jardin anglais), ou encore Debussy décédé en 1918 dont la maison natale est à Saint-Germain-en-Laye …La relation aux sens et plus particulièrement au son, mémoire restée invariable dans le temps, ouvre de nombreux champs de possibles, pour expérimenter et orchestrer la voix, le son d’un instrument….
PARTAGE : dans l’idée même du projet dont l’objet est la cocréation. De plus les Journées du Patrimoine en 2018 ont pour thème « patrimoine partagé ». Un des objectifs est aussi de donner une autre image de la Maladie Psychique, à travers une production artistique de qualité, largement diffusée auprès de tous les publics.
 
Parcours de l’exposition dans le Domaine
 
 
Cette démarche portée par les équipes en charge des expositions, des jardins et des publics traduit l’engagement de l’établissement en faveur de l’accès des personnes malades ou en situation de handicap à la création artistique et au patrimoine. A l’initiative de l’association Arts Convergences qui organise différentes actions pour les personnes souffrant de maladies psychiques, Eric Le Maire, Charles-Edouard de Surville, Carole Baudon et Vanessa de Ternay avec des collectifs d’artistes de Versailles, Trappes, Rambouillet et Saint-Germain-en-Laye proposent une promenade sensorielle dans le Domaine national. 
Cette exposition placée sous le patronage de Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, a reçu le soutien de la DRAC Ile-de-France et de l’ARS Ile-de- France dans le cadre du programme Culture & Santé et celui de l’Académie des Beaux-Arts.
 
Un jardin de mémoires au service d’une certaine idée de l’accès à la culture fondée sur le partage, dont les prochaines Journées européennes du patrimoine (15/16/septembre 2018) se feront l’écho.
 
Le Domaine national de Saint-Germain-en-Laye est ouvert tous les jours de 8h à 20h30 en juillet et en août et de 8h à 19h30 en septembre.
 
Photo d’entête : « Musiques coloniales » de Charles-Edouard de Surville
 

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