Depuis 1978, Miguel Chevalier crée des mondes virtuels qui nous interrogent. Ce pionnier de l’art numérique continue d’expérimenter et de nous projeter dans le futur en utilisant les technologies numériques comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques. Son travail aborde la question de l’immatérialité dans l’art, ainsi que les logiques induites par l’ordinateur, telles que l’hybridation, la générativité, l’interactivité.
L’exposition Paradis Artificiels questionne la nature au temps de l’artificiel. Selon une démarche initiée à la fin des années 90, qui prend appui sur l’observation du règne végétal et sa transposition imaginaire dans l’univers numérique, Miguel Chevalier est le créateur de différents herbiers virtuels qui lui permettent de créer des jardins imaginaires que l’on découvre pour partie dans l’exposition.
Au rez-de-chaussée de la Maison des Arts de Bagneux, les visiteurs découvrent différentes créations de la série des Fractal Flowers. Sur le mur du centre d’art poussent sur un écran LCD 75 pouces d’étranges Fractal Flowers de la famille des Bella Donna. Ces fleurs virtuelles projetées, évoluent à la lisière de quatre mondes : végétal, minéral, animal et robotique. Les fleurs, nées de germination numérique, dévoilent des formes poussées à l’extrême de leur géométrisation.
Les fleurs de différentes couleurs naissent, déploient d’incroyables formes, ondulent au gré d’un vent virtuel que nous ne sentons pas, avant de disparaître sous forme de nuages pour laisser place à d’autres. Nous passons d’univers foisonnants à des moments où la nature semble entrer dans une phase de repos hivernal. Cette nature artificielle démesurée exerce une fascination troublante sur le spectateur. L’œuvre hypnotise le regard dans une éblouissante dialectique entre le réel et le virtuel.
Au regard de cette œuvre virtuelle dynamique, différentes créations fixes explorent sa multiplicité à l’heure du numérique. Ces œuvres reposent sur un code qui peut être interprété différemment selon les logiciels et admettre différents supports : les impressions numériques Fractal Flowers B&W et la nouvelle sculpture Bella Donna réalisée par impression 3D donnent une matérialité à ces fleurs virtuelles, les figent dans le temps.
Au premier étage, la visite se poursuit par la découverte d’une autre génération de fleurs et jardins virtuels : Extra-Natural, génération dont est inspirée la fresque réalisée sur l’ensemble de logements de Nexity, rue Victor Hugo à Bagneux, dans le cadre du programme « Art dans la ville ».
Cette nature présente des espèces sortant des classements botaniques : des plantes filaires et luminescentes, légères et fluides, d’une symphonie de couleurs éclatantes ; des herbacées aux longues feuilles translucides ; des fleurs exotiques aux corolles extraordinaires. Tel le cycle de la vie, les fleurs virtuelles s’épanouissent, fleurissent, grimpent, flétrissent et renaissent en variation. Cette installation à la différence d’un film, n’est plus de l’ordre du fini, mais se régénère constamment. De plus, l’œuvre est interactive. Chaque fleur réagit au passage des visiteurs. Les plantes se courbent de droite à gauche sans rompre leur fragile tige articulée. Les corolles des fleurs tombent pétale par pétale, les feuilles chutent en une pluie poétique, les fleurs disparaissent dans une explosion d’étamines. Ce ballet végétal de milliers de pixels procure une sensation méditative.
Extra-Natural est une forme d’impressionnisme numérique. L’œuvre retrouve la sensibilité cosmique de Claude Monet, qui explorait les variations de la lumière au cours du temps.
Au regard de ce jardin virtuel, est présenté une partie de l’herbier Extra-Natural sous forme de tableaux réalisés par impression numérique. Egalement la série Extra-Natural Lenticulaires traite du mouvement mais à partir d’un jeu optique lié à l’imagerie lenticulaire, procédé utilisant une lentille permettant de produire à partir d’une image statique, une impression de relief ou de mouvement. Selon l’orientation du visiteur devant l’œuvre, il découvre des compositions de plusieurs fleurs imaginaires aux effets surprenants de relief et de profondeur, et un léger mouvement qui semble donner vie à cette nature. La personne est invitée à se déplacer devant l’œuvre pour en capter toutes les subtilités et la richesse.
Enfin, l’exposition se conclut par la présentation sur deux écrans LCD 75 pouces, d’une autre génération de jardin virtuel : Trans-Natures. Ce jardin extraordinaire mêle différentes espèces d’arbres, de feuillages et de fleurs. Cette nature aux formes parfois réalistes, parfois abstraites, se génère grâce à un logiciel écrit par Claude Micheli. Dotées d’une vie artificielle, les plantes naissent, s’épanouissent, avant de disparaître sous les yeux du visiteur. Le jardin se renouvelle et se métamorphose en permanence à la recherche de sa splendeur estivale. Des arborescences de branches acérées grandissent sans répit et deviennent gigantesques. Des nuées de pollinisation florale apparaissent et disparaissent. Feuillages, fleurs et arbustes épineux s’entrelacent en une mystérieuse tornade végétale.
L’exposition Paradis Artificiels est une ode à la nature. Les différentes créations reflètent notre monde actuel où la nature est de plus en plus maîtrisée et conditionnée, ainsi que la vie artificielle devenue possible. Au-delà de leurs qualités esthétiques, ces œuvres questionnent les enjeux de la manipulation génétique : nul ne peut prédire ce que produiront ces fleurs libres de se croiser et de se reproduire à l’infini… Elles interpellent sur une biodiversité à préserver au risque d’être réduit à une nature totalement artificielle. Ces « paradis artificiels » cherchent à créer les conditions d’une symbiose entre l’homme et la nature.
Miguel Chevalier est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1981 et diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris section design en 1983.
Il a reçu la bourse Lavoisier pour le Pratt Institute à New York en 1984 et a été lauréat de la villa Kujoyama à Kyoto (Japon) en 1994. Depuis 1978, Miguel Chevalier utilise l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques. Il s’est imposé internationalement comme l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique.
Son travail, expérimental et pluridisciplinaire, aborde la question de l’immatérialité dans l’art, ainsi que les logiques induites par l’ordinateur, telles que l’hybridation, la générativité, l’interactivité, la mise en réseau. Il développe différentes thématiques, telles que la relation entre nature et artifice, l’observation des flux et des réseaux qui organisent nos sociétés contemporaines, l’imaginaire de l’architecture et des villes virtuelles, la transposition de motifs issus de l’art islamique dans le monde numérique.
Les images qu’il nous livre interrogent perpétuellement notre relation au monde. Ses œuvres se présentent le plus souvent sous forme de grandes installations numériques projetées à grande échelle. Il réalise des œuvres in-situ qui revisitent par l’art numérique, l’histoire et l’architecture des lieux, en donne une nouvelle lecture. Il réalise également des sculptures grâce aux techniques d’impression 3D ou de découpe laser, qui matérialisent ses univers virtuels.
Copyright © 2021 Miguel Chevalier
Vendredi 26 novembre 2021, en présence de l’artiste :
- Inauguration de la fresque Extra-Natural : un événement festif avec mise en lumière de la fresque à 18h – Résidence Odyssée, 40 avenue Victor Hugo à Bagneux
- Vernissage de l’exposition Paradis artificiels : un moment convivial et immersif au cœur des œuvres à 19h30 à la Maison des Arts de Bagneux
Exposition du 26 novembre au 28 janvier 2022 – Entrée libre et gratuite
Visites guidées sur rendez-vous : Nathalie.pradel@mairie-bagneux.fr
Photo d’en-tête : Vendredi 26 novembre, la ville de Bagneux inaugure la fresque « Extra-naturals », œuvre de Miguel Chevalier, réalisée en 2020. Copyright : L. Godart