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La fin est dans le commencement et cependant on continue

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Pour ses cinq ans, la Fondation Martell propose une exposition inédite, multi-sensorielle et pluridisciplinaire qui aborde les 5 sens et le corps sous toutes ses formes à travers l’œil de neuf créateurs invités : designers, plasticiennes, artiste sonore, créatrice textile, danseuse et botaniste.

Le titre de cette exposition est extrait de la pièce Fin de partie (1957), écrite en français par Samuel Becket. Il remet en cause les principes du théâtre classique en présentant une histoire sans récit ni péripéties, des personnages sans passé ni futur et un lieu désertique sans indice temporel. Malgré ce vide partagé, virant à l’absurde, la seule condition humaine des personnages suffit à créer un moment d’existence, où tout est possible.

Ce projet multisensoriel aborde l’humain comme outil de perception et chercheur des possibles. À partir de nos perceptions naturelles que représentent les 5 sens – la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat et le goût – les personnalités invitées issues de disciplines variées révèlent leur perception de ces sens en se donnant pour règle de ne pas s’arrêter à un médium spécifique : ils sont designers, plasticienne, artiste sonore, créatrice textile, danseuse et aussi botaniste. Leurs expérimentations se confondent, se complètent dans un continuum organique. Plusieurs dimensions inaliénables du corps créent la résonance universelle de ce récit : le mouvement et la vulnérabilité, soit un moyen et une fin, représentent tous deux les forces et les faiblesses de nos enveloppes corporelles, de notre psyché et notre position dans ce monde.

Les artistes ont réalisé leurs installations sur place au sein des Ateliers du faire, notamment le tuftage, le travail du papier ou encore le tissage pour ne citer que quelques exemples. Les pièces en verre ont été produites avec les artisans verriers Andrighetto-Miot dans les Ateliers du faire, de même pour les objets en céramique avec Guillaume Barbareau et la céramiste Manon Clouzeau. Pour la scénographie, le réemploi a été de mise avec la réutilisation de matériaux déjà existants et la récupération de déchets pour d’autres usages. Ces démarches participent en partie à la volonté d’écoconception de cette production artistique. Inaugurés en 2019, les Ateliers du faire sont des ateliers de production consacrés aux expérimentations de différents matériaux. Ils mettent en relation des artisans locaux ou internationaux avec des créateurs (artistes, designers…) émergents ou reconnus, sous forme de résidences croisées. 

Pour la scénographie, le réemploi a été de mise avec la réutilisation de matériaux déjà existants et la récupération de déchets pour d’autres usages. Ces démarches participent en partie à la volonté d’éco-conception de cette production artistique. 

La vue par Odile Soudant

La vue résulte de la formation d’une image rétinienne, née de la captation par l’œil de la lumière et de sa projection sur la rétine. Il s’agit ici d’ouvrir l’œil pour mieux être ébloui. D’abord soumis à une source lumineuse intense et frappé par l’éclat du blanc, le visiteur subit l’éblouissement, phénomène identique pour tous. Puis, par contraste, il est plongé dans l’obscurité, le noir total. Surgissent alors des images créées par le cerveau, des formes lumineuses appelées « phosphènes », dont cette fois la perception est propre à chacun. Le visiteur peut en prendre conscience en confrontant sa vision à l’interprétation des phosphènes vus par l’artiste Odile Soudant, projetés par le biais d’images.

Le toucher par Rachel Marks

Rachel Marks aborde le toucher en questionnant la relation entre l’humanité et la nature en intégrant le spectateur dans les environnements naturels qu’elle rencontre ou crée. Elle l’invite à prendre conscience de son corps, à éprouver cette symbiose dont elle a elle-même fait l’expérience lors de la traversée d’une forêt. Son œuvre en est la réminiscence : un tronc d’arbre et ses racines, composés de feuilles de papier rouge vermillon, déchiquetées, déchirées et collées racontent ce lien de sang que nous pouvons avoir avec la nature. Les feuilles rouges jonchent également le sol. Ce cocon immersif est une métaphore, invitant la personne qui y déambule à se reconnecter à la nature et à son for intérieur pour découvrir la forêt cachée qui est en soi. L’artiste, qui a longtemps pratiqué la danse, fait corps avec son œuvre à travers une performance chorégraphique symbolique.

L’ouïe par Camille Norment

Camille Norment utilise la notion de psychoacoustique culturelle comme cadre esthétique et conceptuel. Elle définit ce terme comme la recherche des phénomènes socioculturels à travers le son et la musique.
Pour cette exposition, elle réalise une pièce musicale conçue dans les ateliers de la Fondation à partir d’un instrument sculpté en verre. Tel un barnacle, coquillage invasif qui s’adapte aux formes des surfaces sur lesquelles il vient se coller, une chaîne d’objets viennent s’agréger les uns aux autres et s’accrocher aux parois de la pièce. Ce dispositif qui favorise le toucher autant que l’ouïe, ouvre la possibilité d’un moment contemplatif qui sollicite l’acuité de notre écoute. Le spectateur peut se laisser traverser par les vibrations des ondes sonores.

L’odorat et le goût par Julie c. Fortier

Julie C. Fortier réalise une installation olfactive, un tapis en laine tufté main qui recouvre l’intégralité du sol de la pièce. Le tissage, avec ses formes, ses couleurs et son relief évoquent une carte géographique, un territoire abstrait où l’on sent la présence de l’animal, du sang et du végétal. Les odeurs de ces derniers émanent de la représentation, bousculant ainsi la perception et l’interprétation que l’on peut en avoir. Ce tableau nous ramène à notre condition, il nous rappelle que nous sommes ce que nous mangeons et que notre propre odeur corporelle est impactée par notre alimentation.

L’artiste plasticienne aborde également le goût avec une installation culinaire et olfactive qui offre six expériences : un aliment accompagné d’un parfum qui vient réhausser et agrémenter son goût, à l’instar d’un condiment. Cette création revisite la traditionnelle « eau de Cologne » qui à l’origine avait un usage autant gustatif, médicinal que cosmétique. Le goût est délocalisé dans le nez. Les aliments sont disposés sur une longue table dont l’irrégularité et l’enroulement évoquent une langue, l’un des organes les plus puissants du corps humain.

Le mouvement par Jeanne Vicerial et Julia Cima

La designer textile Jeanne Vicerial et la danseuse et fasciathérapeute Julia Cima évoquent le mouvement du corps, son équilibre et son articulation, à travers la conception automatique d’une robe tout au long de l’exposition.
C’est un corps qui se crée, son épiderme, ses muscles et les articulations qui les lient. La trace du fil noir tissé sur le squelette blanc répond aux traces prochaines de la danseuse qui vient approcher, entourer, repousser ce tissu organique en création, lors de rituels.

La vulnérabilité par Marc Jeanson et Atelier Marietalexandre

Le botaniste Marc Jeanson et les designers de l’Atelier Marietalexandre réinventent la serre horticole sous la forme d’un laboratoire révélateur de la vulnérabilité du vivant. À travers différents dispositifs alliant espèces végétales et créations artisanales, en verre et en céramique, le visiteur appréhende les phénomènes de phototropisme (réaction à la lumière), de gravitropisme (résistance à la gravité), d’évapotranspiration (cycle de l’eau), de thigmotropisme (réaction au toucher) ou encore de carnivorie (consommation d’autres espèces). Tant à l’échelle humaine qu’à l’échelle microscopique, la scénographie met en valeur les mécanismes de défense du monde végétal par rapport à son environnement climatique ou matériel, pour compenser son apparente fragilité.

Cette exposition est réalisée avec le collectif les Augures, fondé en 2020. Il est constitué de quatre expertes issues de la culture, de l’économie circulaire et de l’innovation qui accompagnent les acteurs culturels dans leur transition écologique et leur capacité d’innovation et d’adaptation. Sylvie Bétard et Laurence Perrillat, co-fondatrices du collectif travaillent avec la Fondation d’entreprise Martell sur l’écomanagement et les mesures des impacts sociaux et environnementaux de l’exposition, dans le but de les réduire.

Exposition « La fin est dans le commencement et cependant on continue », du 7 avril au 6 novembre 2022, avec Julia Cima, Julie C. Fortier, Marc Jeanson, Atelier Marietalexandre (Alexandre Willaume et Marie Cornil), Rachel Marks, Camille Norment, Odile Soudant et Jeanne Vicerial.

Fondation Martell, 16 avenue Paul Firino Martell – 16100 Cognac

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