L’économie française a-t-elle besoin d’un « New Deal » numérique ? Entre choc de compétitivité et choc culturel, Gilles Babinet, entrepreneur du numérique et représentant de la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux liés au numérique, avec la participation de Frédéric Créplet, plaide de manière urgente pour cette nouvelle donne dans un rapport publié par l’Institut Montaigne.
« La filière Internet a créé 700 000 emplois nets dans notre pays en l’espace de 15 ans ; en 2009, sa valeur ajoutée a représenté 3,2 % du PIB soit 60 milliards d’euros. Pourtant, jusqu’à peu, l’économie numérique dans son ensemble n’avait fait l’objet d’aucune considération particulière de la part des décideurs publics etn’était que rarement évoquée.
Formidable outil de communication et d’échanges, le numérique induit une révolution dans l’ensemble du système de production des pays développés commede ceux du Sud, dans lesquels il modifie jusqu’aux activités agricoles : ainsi auBurkina Faso, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication(TIC) comme les télécentres, les téléphones mobiles, Internet et les réseaux VSAT3 pour diffuser des informations relatives au choix des espèces plantées, aux techniques de production agricole et à l’usage durable des ressources naturelles a permis d’augmenter les rendements agricoles de façon spectaculaire.
À l’autre bout du spectre, les évolutions du numérique accélèrent le développement des techniques les plus pointues : l’analyse de millions d’ADN et des scanners médicaux utilisant le big data5 vont permettre de comprendre l’origine des virus, de détecter des maladies graves des années avant qu’elles ne se déclarent et d’améliorer leur prévention.
En mai 2011, l’Institut Montaigne publiait le rapport Le défi numérique – Comment renforcer la compétitivité de la France. Cette étude s’inscrit dans la continuité de ce travail et a l’ambition de formuler des propositions concrètes pour faire de la France un acteur majeur de la transformation numérique. Afin d’illustrer cette transformation et pour préfigurer l’importance de la « révolution numérique », sont évoqués dans cette étude trois leviers sur lesquels agir pour induire des changements structurels en France : le financement de l’innovation, la modernisation de l’action publique et les secteurs de l’enseignement et de la santé. »
Le rapport formule dix propositions concrètes :
1 – Aménager l’environnement économique et fiscal : faciliter l’accès au financement des entreprises françaises dès la phase d’amorçage, adapter la fiscalité internationale à l’économie numérique.
2 – Créer des réseaux d’entreprises françaises à l’international et encourager la mobilité des acteurs
3 – Concentrer et prioriser les pôles de compétitivité
4 – Mettre en place un portail d’applications dans le cloud à destination des PME
5 – Former les élus et les fonctionnaires au numérique
6 – Mettre l’open data au service de l’action publique et développer l’identité numérique des citoyens
7- Rationaliser le développement des outils numériques dans les collectivités locales
8 – Favoriser l’expérimentation du numérique à l’école et évaluer son impact sur les résultats des élèves
9 – Répondre aux besoins de main-d’œuvre dans le domaine du numérique
10 – Réussir la mise en place du Dossier médical personnel.
A propos de Gilles Babinet
Gilles Babinet est un entrepreneur dans le domaine du numérique. Il a créé de nombreuses sociétés dans des domaines aussi divers que le conseil (Absolut), le bâtiment (Escalade Industrie), la musique mobile (Musiwave), le social gaming (mxp4) et la co-création. Il est par ailleurs président exécutif de la société Captain Dash qui fournit une offre de marketing dashboard de nouvelle génération.
Gilles Babinet a été le premier président du Conseil national du numérique entre avril 2011 et avril 2012. Il a été nommé « Digital Champion » par Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique en juin 2012. À ce titre, il représente la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux liés au numérique.
A propos de l’Institut Montaigne
L’institut Montaigne est un laboratoire d’idées - think tank - créé fin 2000 par Claude Bébéar et dirigé par Laurent Bigorgne. il est dépourvu de toute attache partisane et ses financements, exclusivement privés, sont très diversifiés, aucune contribution n’excédant 2 % de son budget annuel. En toute indépendance, il réunit des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile issus des horizons et des expériences les plus variés.
Il concentre ses travaux sur trois axes de recherche : la cohésion sociale, la modernisation de l’action publique et la compétitivité.
Grâce à ses experts associés (chercheurs, praticiens) et à ses groupes de travail, l’institut Montaigne élabore des propositions concrètes de long terme sur les grands enjeux auxquels nos sociétés sont confrontées. il contribue ainsi aux évolutions de la conscience sociale. Ses recommandations résultent d’une méthode d’analyse et de recherche rigoureuse et critique. Elles sont ensuite promues activement auprès des décideurs publics.
À travers ses publications et ses conférences, l’institut Montaigne souhaite jouer pleinement son rôle d’acteur du débat démocratique.www.institutmontaigne.org
– Interview de Gilles Babinet par Jean-Michel Billaut (12 mars 2013)
– Article « Il faut fermer la CNIL, c’est un ennemi de la Nation » d’Aurélie Barbaux / L’Usine nouvelle – 26 fév 2013
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