Le Pôle de compétitivité mondial et néanmoins très parisien Cap digital propose sur son site (http://www.capdigital.com/evenements/scale-up/) l’offre Scale up. Un programme « personnalisé et immersif destiné à faciliter l’implantation des startups du numérique francilien sur le marché américain et à accélérer leur croissance à l’échelle mondiale ». Incroyable…
Programme séduisant quand on sait que pour exister une startup du numérique doit d’emblée s’internationaliser et savoir grandir au milieu des mastodontes du secteur, notamment en Silicon Valley.
En deux mois (un en France l’autre en Silicon Valley), Cap digital fait de votre jeune pousse une compagnie capable de devenir un leader mondial. Coaching, mentoring, stratégie go to market, rencontre de partenaires et d’investisseurs sont au programme ; un programme concocté en partenariat avec US MAC, un des accélérateurs de startups qui font florès en Californie, pour le meilleur et pour le pire.
Alléchant quand on démarre son activité. Cinq startups seront sélectionnées pour faire partie du programme sur des critères basiques : être francilien, vouloir aller à l’international (il vaut mieux), avoir un produit commercialisable (ce n’est pas trop indispensable dit le règlement), avoir une équipe de… deux personnes. L’offre s’adresse évidemment aux très très jeunes pousses.
Vous êtes une startup, vous avez l’ambition de devenir un acteur global, vous avez un super produit, votre équipe (ou au moins la moitié) est prête à s’expatrier ? Banco !
Hélas ! Tout ce rêve n’est pas gratuit. L’organisme francilien chargé d’aider les entreprises innovantes, malgré son budget et les financements de l’ordre de 300 M€ qu’il est capable d’agréger auprès de nombreux acteurs institutionnels, ne peut vivre de l’air du temps. Et puis, i faut bien payer son joli siège et ses 27 collaborateurs.
Donc, jeune entreprise ambitieuse, pour faire partie de programme, il vous faudra ouvrir votre maigre portefeuille. 350 € pour vous inscrire ; vous n’êtes pas sûr d’être choisi. C’est un premier coup de poker. Ensuite, il vous faudra débourser 7650 € de « participation au programme. Tout cela est hors taxes et représente un débours de trésorerie cash de quasiment 10 000 €.
Waouh ! Comme diraient nos amis américains. Il faudra faire des arbitrages ; payer vos développeurs, vos frais de fonctionnement, votre loyer… il faudra peut-être vous priver pendant quels temps… ou jouer le rêve américain proposé par Cap digital. Choix cornélien.
Alors, les mauvais esprits diront : mais ce Pôle est au cœur du financement notamment public de l’innovation, il a pour mission statutaire d’aider les entreprises innovantes, surtout les plus petites d’entre elles, pourquoi les faire payer, surtout si cher ? On ne peut imaginer, pour une fois, une gratuité productive comme le font souvent certains accélérateurs américains, qui ont tout compris pour mettre sur orbite des stars du numérique. Les meilleurs accélérateurs californien rivalisent d’efforts pour apporter leur aide aux startups (parfois jusqu’à 65k$ par équipe) et des packages de services gratuits apportés par des partenaires (d’une valeur de plusieurs dizaines de milliers de dollars). Ces accélérateurs ne sont-ils pas pourtant le modèle affiché ici à Paris?
Tout cela n’est-il pas au fond du petit business pour de petites ambitions ? Serons-nous un jour capables de vraie volonté d’innovation plutôt que de faux semblants dérisoires.
Qu’en pensez-vous ?
– Article « A quoi servent les pôles de compétitivité français ? »
– Article » Pourquoi les start-ups françaises cherchent à s’américaniser »
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