La Fondation Jean Jaurès, dans un rapport publié ce dimanche 22 mai, se prononce en faveur d’un revenu universel de base. Le versement d’un revenu universel couvrant les besoins minimaux pour le logement, la santé ou la retraite est-il possible ? Oui, si son montant est « proche du seuil de pauvreté ».
La mise en œuvre d’un tel revenu entendrait « repenser le système de prestations sociales et pas seulement les réformer ». Récemment réactivée dans le débat public, cette idée ancienne soutient que la société devrait assurer à chacun de ses membres les moyens de vivre dignement, libre à chacun de les compléter par des revenus d’activité.
Ces débats sur le revenu de base interviennent alors que les économies développées connaissent des révolutions technologiques et sociales dont l’incidence demeure difficile à prévoir : avec l’impression 3D, verra-t-on bientôt des usines sans ouvriers ? Combien d’emplois seront détruits demain par l’automatisation ? Comment financer la protection sociale si les nouvelles formes d’activité échappent au modèle traditionnel du salariat ? Enfin, s’il faut apprendre à vivre dans un monde sans croissance, le plein-emploi doit-il rester un objectif de politiques publiques ?
Face à ces bouleversements qui se dessinent, il apparaît nécessaire d’ouvrir de nouvelles perspectives pour repenser nos modèles économiques et sociaux issus de l’âge industriel, de répondre aux nouveaux défis de la protection sociale et de proposer aux décideurs publics les instruments adaptés afin d’affronter ce nouveau monde.
C’est le sens de l’initiative du groupe de travail fondé de la Fondation Jean Jaurès sur le revenu de base.
Trois hypothèses ont été retenues par les auteurs du rapport : avec des montants d’allocation de 500, 750 et 1.000 euros par mois. Si chaque cas est finançable, « le niveau intermédiaire » de 750 euros, — avec un montant variable suivant l’âge –, apparaît selon le groupe de travail comme « l’utopie la plus réaliste ».
Versée à tous les Français jusqu’à 65 ans, l’allocation serait fixée à 225 euros jusqu’à 15 ans, puis 375 euros jusqu’à 18 ans. Elle atteindrait 750 euros entre 18 et 65 ans pour atteindre 1.125 euros après 65 ans, suggère l’étude.
Une mesure dont le coût est évalué à 565 milliards d’euros, soit 26% du PIB, et qui « pourrait être financée en réorientant l’ensemble des dépenses actuelles de protection sociale (retraite, assurance-maladie, chômage, allocations familiales), à l’exception de celles consacrées à la prise en charge des affections de longue durée », écrit le groupe de réflexion.
A cela s’ajouterait « une hausse de deux points de la TVA, dans une logique consistant à faire peser davantage la protection sociale sur la consommation plutôt que sur le travail », poursuivent les auteurs. Ce niveau d’allocation, « proche du seuil de pauvreté absolue », permettrait « de couvrir les besoins essentiels de chacun en termes de logement, de santé ou de retraite, en limitant les effets désincitatifs sur la recherche d’emploi », estiment-ils.
Le versement de tout ou partie de la prestation pourrait être réalisé sous la forme de bons échangeables contre des prestations de services publics dans les secteurs des transports, du logement, de la santé ou encore de la culture, suggèrent-ils. En revanche, un « niveau de 1.000 euros impliquerait des effets désincitatifs puissants sur l’offre de travail et une hausse excessive des prélèvements obligatoires », justifie la Fondation.
A l’inverse, le somme de 500 euros, « par-delà son caractère insuffisant pour couvrir les besoins essentiels, générerait des effets anti-redistributifs dégradant le niveau de vie des plus pauvres », estime-t-elle.
Photo : ©Liu Bolin – Lost in Art
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