BILLET D’HUMEUR
Il se passe toujours quelque chose de fascinant dans un système chaotique : il suffit d’un rien pour que tout s’effondre. La beauté de la chose c’est que l’on ne sait jamais quand interviendra ce petit rien, ni ce qu’est ce petit rien. Le spectacle que nous offre le climat de la Terre prend chaque jour plus de relief et d’intensité. Chacun de nous habitant sur cette petite planète en est le spectateur ; les plus indifférents, les plus sceptiques, sont forcés d’admettre que quelque chose ne va pas. Les scientifiques quant-à-eux ont dépassé les bornes de l’inquiétude face aux données qui s’accumulent. Le dérèglement climatique provoqué par l’accumulation pendant des années des errements de nos sociétés consuméristes et productivistes a déclenché un compte à rebours dont la fin promet d’être tragique. Nous sommes engagés dans une voie qui ressemble de plus en plus à une seringue.
Les futurs historiens, s’il en reste quelques-uns, se demanderont comment nos générations d’humains ont pu laisser s’installer, au fil des décennies, une telle chronique d’une mort annoncée. Ils distingueront d’abord la période de l’insouciance, puis celle de la négligence. Viendra celle du déni, puis la phase de la résistance au changement de ceux qui tirent profit des situations acquises et enfin celle de l’impuissance assumée.
Pourtant, les peuples ont évolué peu à peu face à la montée du danger. Ils ont pris conscience que leur avenir et celui de leurs enfants était sérieusement compromis. Ils se sont rendu compte que leur vie ne serait plus la même et qu’elle risquait même de s’éteindre. Ils ont regardé ce que faisaient leurs gouvernements, ceux qui tenaient le gouvernail de leur fragile esquif. Ils ont observé beaucoup de gesticulations, ils ont entendu beaucoup de beaux discours, ils ont vu passer de ci de là des mesures de redressement de la trajectoire. Mais au bout du compte, ils se sont aperçus que les actions étaient insuffisantes, « pitoyables » face à l’enjeu. Des actions dont on s’aperçut qu’elles étaient entravées par des puissances d’influence efficaces : des groupes pétroliers, agroalimentaires, industriels, arcboutés sur la défense d’un système de production et de fonctionnement qui leur assurait croissance et profit.
Alors les peuples ont commencé à se rebeller. Cela a débuté par quelques groupes particulièrement motivés et sensibles à la situation de la Terre. Des mouvements marginaux mais radicaux sont apparus à de multiples endroits pour crier leur colère. Certes, ils n’y sont pas allés de main morte. Dans leur rage contre le délire productiviste, ils ont cassé des biens et amochés des policiers venus les empêcher manu militari. Mais ces escarmouches n’ont pas freiné leur conviction. Au contraire, ils se sont multipliés, gagnant avec leurs actions des franges jusque-là passives de la population, comprenant que le combat de ces jeunes énervés était aussi le leur.
Ce que les gouvernements savent très bien faire, c’est anticiper ce qui peut les abattre, les faire descendre de leurs sièges chèrement acquis ou remettre en question le système qui les a, eux et leurs amis, établis. Ils appellent cela « garantir l’ordre public ». Face à la montée du danger, singulièrement celui de contestation voire de rébellion d’une partie de plus en plus large des citoyens, ils ont décidé de s’armer et de manifester leur autorité. Le gouvernement français, comme d’autres dans le monde, a alors inventé le crime d’écoterrorisme et fourbi l’arsenal législatif de mesures de plus en plus autoritaires. C’est ainsi qu’aujourd’hui, quiconque participerait de près ou de loin à une manifestation de rébellion environnementale pourrait être passible d’emprisonnement. Dans le même esprit, la dissolution d’organisations trop menaçantes est brandie comme une matraque destinée à soumettre.
L’arsenal autoritaire avait commencé pendant les périodes de fort danger terroriste islamiste, puis s’était étendu avec la pandémie de Covid, il se poursuit aujourd’hui contre la rébellion climatique. Demain, il sera sans doute complété et enrichi par d’autres gouvernants, encore plus illibéraux, venus du fond des urnes.
Nul doute que cet arsenal servira et resservira. Car la réalité est tenace et l’emballement climatique n’est pas près de connaître des pauses. Il arrivera bien un moment, quand il sera trop tard pour éviter le pire, où il faudra aux responsables d’Etat, incapables d’avoir agi à temps, réagir dans l’urgence d’un chaos climatique ayant dépassé ses points de rupture. Ils sauront alors mater avec efficacité les moindres tentatives de révolte et trouver, dans l’arsenal des outils législatifs et réglementaires autoritaires accumulés au fil de ces années, de quoi déplacer sans scrupule des populations submergées, contrôler et distribuer à leur aune l’utilisation de l’eau et des ressources alimentaires et énergétiques, gérer d’une main de fer les migrations climatiques internes au pays comme celles de zones du monde devenues inhabitables, organiser les infrastructures face aux chaleurs, voire réinventer les confinements pour cause de canicule, régler, par des remèdes obligés, les calamités causées par le bouleversement de notre biosphère.
Les soulèvements d’aujourd’hui pourraient s’avérer être alors, à leur corps défendant, le levain des autoritarismes de demain, qu’ils soient de droite, de gauche et même écologistes.
Il y a 50 ans, écolo avant l’heure, j’anticipais la dictature écologiste. On y est!
Hein?
Ok. So what ? Que recommandez-vous ?
Moi je répondrai: moins d’écologiste, moins de gouvernants, moins de compagnies pétrolières, moins de guerres larvées et plus d’amour entre les peuples, plus de paix entre les individus, plus de joie en partage, sans oublier moins d’individus terre de façon à laisser plus de place pour la faune sauvage, la flore sauvage, pour la nature quoi!
Beaucoup d’entre nous ont apprécié le film Titanic, ce grand bateau, le plus sûr de l’époque, lancé à toute vitesse sur les océans. Rassurons nous, tous les survivants ont pu rejoindre une terre ferme et accueillante!