Donald Trump est devenu le quarante-cinquième président des États-Unis. Ce que le monde craignait est arrivé. Les conséquences de l’accession au pouvoir de ce symbole de la montée en puissance de l’autoritarisme sont encore incalculables. Ce qui semble sûr, c’est que l’innovation et le climat vont en prendre un sacré coup.
En juillet dernier, 150 entrepreneurs, investisseurs et dirigeants de la high-tech américaine, tous ceux qui font le gratin de la Silicon Valley, avaient publié une lettre ouverte au vitriol. Parmi les signataires de cette lettre ouverte, on retrouvait des stars et des légendes : Steve Wozniak, le cofondateur d’Apple avec Steve Jobs, le fondateur de Twitter, celui d’eBay, de Wikipedia, etc. Un véritable who’s who de l’Internet et de l’économie numérique. La victoire du candidat républicain lors de l’élection présidentielle serait « désastreuse pour l’innovation ».
Une lettre ouverte qui s’avère être un coup d’épée dans l’eau car la décision que de nombreux américains redoutaient est désormais entérinée. Elle ne fait pas le bonheur de tout le monde.
Trump n’est pas compatible avec les idéaux de ceux qui travaillent pour l’innovation : « Sa vision s’oppose à l’échange d’idées, à la libre circulation des personnes et aux relations productives avec le reste du monde qui sont vitales pour notre économie et représentent les fondations de l’innovation et de la croissance ».
La volonté affichée maintes fois par le candidat de fermer en partie Internet au nom de la sécurité nationale est pointée. Selon les stars de la high tech américaine, « Cela démontre à la fois un piètre jugement et l’ignorance de la manière dont fonctionnent les nouvelles technologies ».
L’autre sujet du courroux concerne l’immigration, sujet sur lequel Donald Trump a des positions pour le moins tranchées. Or la Silicon Valley est un melting pot où toutes la nationalité du monde se côtoient et travaillent ensemble. Chacun a sa chance de réussir, quelle que soit son origine. Cette pratique est devenue un emblème de la high-tech américaine à tel point qu’une demande récurrente des patrons de sociétés technologiques est l’élévation du quota d’immigrés pour assurer des postes d’ingénieurs hautement qualifiés. Les signataires soulignent : « Nous croyons qu’une politique progressiste en matière d’immigration nous aidera à attirer certains des plus brillants esprits sur Terre — des scientifiques, des entrepreneurs et des créateurs. En fait, 40 % des sociétés du classement de Fortune 500 ont été fondées par des immigrés ou par leurs enfants ».
Du côté du climat, l’arrivée de Trump au pouvoir laisse présager des jours sombres. Le futur président américain a maintes fois juré que, contre vents et marées, il demanderait la révision de l’engagement américain par rapport à l’Accord de Paris. « Des conneries », « un canular », … Ces derniers mois, le républicain Donald Trump a multiplié les déclarations contestant l’existence du réchauffement et le rôle de l’homme dans ce phénomène. « Je suis à Los Angeles et il gèle, le réchauffement est un canular total ! », tweetait-t-il un jour de décembre.
« Tous les progrès que nous avons faits, entre autres, sur le climat (…) seront dans la balance mardi », a prévenu vendredi Barack Obama dans une interview télévisée. « Il serait malheureux que l’extraordinaire rôle moteur joué par les États-Unis ces dernières années s’arrête », dit le Maldivien Thoriq Ibrahim, porte-parole des petits Etats insulaires.
Mais Trump pourra-t-il vraiment engager une sortie de l’accord de Paris, un « Parexit », comme 400 scientifiques américains l’ont déjà baptisé dans une lettre ouverte exhortant leur pays à respecter ses engagements. Le pacte, en vigueur depuis vendredi, prévoit que les pays ayant ratifié – dont les États-Unis – ne pourront le dénoncer avant quatre ans (dont un de préavis).
Cependant rien n’empêche concrètement de tourner les talons, note Teresa Ribera, directrice de l’Institut du développement durable (Iddri) à Reuters : « Le Canada a bien quitté Kyoto! Et l’accord de Paris ne prévoit pas de sanction ». Un départ américain n’invaliderait pas l’accord, soulignent les juristes interrogés par l’AFP. Mais « ce serait l’excuse parfaite (pour d’autres acteurs) de dire ‘on s’en fiche’! ». Pour elle, la seule élection de Trump menacerait le processus de paralysie, en tout cas d’un retard dommageable.
Pour le quotidien Les Echos, plus qu’une sortie formelle de l’accord, Trump risque surtout de ne pas appliquer les engagements pris par Obama, prévoient les experts. Aux mineurs américains craignant pour leur emploi, il a déjà promis qu’il supprimerait les mesures rendant obsolètes les vieilles centrales au charbon. Il a aussi promis de relancer l’extraction offshore de pétrole et de gaz.
Source Reuters
Image d’en-tête : CHIP SOMODEVILLA
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