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Jardins et santé : vers des « villes saines » ?

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Les parcs urbains jouent de nos jours un rôle essentiel pour rendre la ville agréable à vivre. Les conditions d’habitat exercent une forte influence sur plusieurs problématiques de santé (1) et cette présence d’éléments naturels contribue à la qualité de vie en apportant de nombreux bénéfices à des fonctions sociales, économiques, environnementales mais aussi de santé. Six Français sur dix estiment que la création d’espaces verts devrait être une priorité pour les municipalités, leurs impacts sur la santé, devant ainsi prendre de l’importance dans les choix d’urbanisme, créant une richesse nouvelle pour le vivre ensemble.
Photo : « Le poussin » – Jardin des plantes – Nantes (44)
 

L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) et Hortis, l’association des responsables d’espaces nature en ville, dévoilent les résultats de la cinquième enquête de l’Observatoire des Villes Vertes, étudiant les liens entre jardins et santé, espaces verts et villes saines.
Parmi les principaux enseignements de cette enquête, on constate que si les collectivités sont moteur de leur transition globale vers des espaces verts plus « sains », elles ne prennent pas encore suffisamment en compte le critère de la santé dans leurs réflexions et leurs projets. Certaines villes se distinguent toutefois : Paris, Lyon, Nantes, Caen et Metz sont précurseurs en la matière, avec de nombreuses actions mises en place, telles que la création de jardins thérapeutiques, le développement de parcours sportifs, ou encore la création de nouveaux jardins pour améliorer la qualité de l’air.
 
• Afin de favoriser la mobilité et l’activité physique, 8 villes sur 10 ont installé des parcours sportifs dans leurs espaces verts
• 9 villes sur 10 avaient anticipé le « zéro-phyto » et pris des mesures facilitant la transition depuis au moins trois ans
• Seul 1 service « Espaces verts » sur 10 entretient des liens forts avec le service « Santé ».
Le 10 septembre voyait la naissance de la Coordination de préservation des espaces verts et publics Ile de France. Objectif : alerter sur la spéculation immobilière en cours et sur la nécessité de préserver les espaces verts, publics et leurs abords, du bétonnage intensif.
On le sait et une multitude d’études le prouvent, les espaces verts en ville sont bénéfiques pour la santé : ils fournissent des opportunités pour faire de l’activité physique. Leur présence aurait également des effets positifs sur la santé mentale, comme la réduction des symptômes de dépression et la réduction du stress. Ils affecteraient positivement le bien-être mental, le sentiment de rétablissement, la bonne humeur et la vitalité. Ils sont également responsables de certains bénéfices sociaux, contribuant à briser l’isolement social en créant des milieux de rencontres, tendant à diminuer la criminalité des quartiers et proposant une biodiversité qui influence indirectement la santé. Le magazine Cerveau et Psycho rapporte que les psychologues avaient noté, dès le début du XXe siècle, que le taux de troubles psychiques augmente avec la taille du lieu de vie. « Les citadins sont 40 % plus dépressifs que les ruraux, dans toutes les régions du monde », affirme ainsi le psychiatre Andreas Meyer-Lindenberg, directeur de l’Institut central de santé mentale de Mannheim, en Allemagne. On dénombre 20 % de troubles anxieux en plus.
 
Le verdissement est en progression dans les villes, notamment afin de s’adapter aux changements climatiques et à ses impacts, mais aussi et surtout pour ces impacts sur la santé. Pour exemple, l’engouement pour le jardinage communautaire qui apporte un impact positif sur la santé mentale et les rapports sociaux, permettant de réduire le stress et l’anxiété. Il accroît le sentiment de développement personnel et la confiance en soi des jardiniers. Cette activité offre la possibilité d’adopter un mode de vie plus sain. De multiples initiatives ont vu le jour à travers tout le territoire au cours de la dernière décennie.

LIRE AUSSI DANS UP’ : Tous unis autour des jardins partagés

Jardins & Santé : les initiatives pionnières bourgeonnent en France

Alors que l’Organisation Mondiale pour la Santé affirme désormais que « les espaces verts doivent être considérés comme un investissement dans la santé, le bien-être et la qualité de vie des citoyens » (2), les grandes villes de France innovent pour créer ce lien entre espaces verts et santé : jardins thérapeutiques, applications pour inciter au sport dans les parcs, dépollution des sols…
 
 
En tête du classement, les villes de Paris, Lyon, Nantes, Caen et Metz sont celles qui agissent le plus en faveur de la santé par les jardins. À Marseille, la création du Jardin de l’Hospitalité, en partenariat avec l’Assistance Publique et l’« Espace Méditerranéen de l’adolescence », est également une réussite : il permet aux adolescents d’être soignés dans un cadre de vie propice au bien-être, à la relaxation, et à la création de liens sociaux. En effet, le jardin profite à tous les publics, et propose des activités culturelles et des ateliers collaboratifs tout au long de l’année.

Activité physique, lutte contre la pollution, jardins thérapeutiques : les exemples à suivre

 
 
« Les résultats démontrent que les villes ont un vrai rôle à jouer dans la prévention des maladies, et l’amélioration de la santé et du bien-être des citadins, explique Jean-Pierre Gueneau, Président d’Hortis, l’association des responsables d’espaces nature en ville. Les villes développent progressivement des parcs et jardins à la fois respectueux de la santé – sans produits phytopharmaceutiques, sur des sols dépollués et très favorables pour améliorer la qualité de l’air, propices au développement de pratiques sportives : les responsables d’espaces nature en ville sont en première ligne pour généraliser ces initiatives exemplaires ! »

Lyon & Strasbourg : favoriser le sport par les jardins

La ville de Lyon a lancé à l’été 2017 une application permettant aux citadins de mettre à profit les parcs et jardins de leur ville dans le cadre de leurs activités sportives. Sur le modèle des applications lancées par les marques de sport, elle propose des programmes personnalisés. À Strasbourg, la ville organise chaque année des entraînements ouverts à tous (marche nordique, yoga, taïchi, …) et le service Espaces verts de la ville a aménagé, en partenariat avec le service des Sports, des « vitaboucles », parcours de remise en forme complets.          

Caen & Metz : des jardins qui prennent soin des citoyens

Les villes de Caen et de Metz mettent en place de nombreuses actions pour la promotion de la santé dans leurs parcs et jardins. Leur point commun ? Il s’agit de projets pensés en amont par l’ensemble des parties prenantes. Ainsi, à Caen, la direction des espaces verts est impliquée dans la conception du Plan Régional Santé Environnement et intervient sur les problématiques liées à la qualité de l’air. À Metz, de nombreux partenariats sont signés avec des associations : réalisation d’ateliers de plantation pour développer la sociabilité de personnes en situation de déficience intellectuelle, création d’un parcours « des plantes qui soignent », aménagement de potagers dans les écoles…              

Des espaces verts plus sains

Au-delà des actions visant à amener la santé aux jardins, les municipalités sont au cœur de la dynamique du passage au zéro-phytopharmaceutique : les insecticides et pesticides sont en effet interdits depuis janvier 2017 dans les espaces publics. Mais les villes du panel de l’Observatoire dépassent cette obligation légale et montrent l’exemple à toutes les parties prenantes (particuliers, bailleurs sociaux, entreprises privées, agriculteurs…), avec l’objectif d’assainir le territoire à plus large échelle. La ville d’Orléans travaille par exemple en partenariat avec les agriculteurs à proximité de la ville pour lutter contre les pollutions diffuses et protéger les ressources en eau.                 
 
Des efforts qui permettent aux citadins de profiter des bienfaits de la végétalisation urbaine sur la santé. En effet, la prévalence des maladies courantes diminue fortement dans les zones denses en espaces verts : douleurs au dos (- 34 %), anxiété (- 31 %), migraines (- 15 %), ou encore risque d’AVC (- 17 %) (3). Une étude canadienne a également démontré qu’à Toronto, ajouter dix arbres par quartier correspondrait en moyenne à une amélioration de la santé générale comparable à rajeunissement de sept ans ! Des effets d’autant plus intéressants qu’ils sont importants chez les populations les plus fragiles, participant ainsi à la lutte contre les inégalités sociales de santé (4).

Une implication des services Espaces verts dans les projets de santé publique à développer

Dernière conclusion de l’enquête : les liens entre le service « Espaces verts » et le service « Santé » des villes restent faibles, ce qui ne facilite pas la mise en place de projets transversaux. La végétalisation urbaine n’est pas encore pensée de façon globale et reste encore trop souvent cantonnée aux questions environnementales. Si celles-ci sont importantes, ce prisme tend à minimiser le rôle essentiel du vert en ville sur la santé.
 
 
Certaines villes montrent toutefois l’exemple : à Villeurbanne, les aménagements d’espaces verts sont pensés par quartier, dans le plan local porté par le service communal d’hygiène et de santé publique.         
 
« Les bienfaits du végétal pour la santé des citadins ne sont plus à démontrer : selon une étude récente (5), en investissant seulement 3,6 € par habitant dans la plantation d’arbres, les villes pourraient sauver entre 11 000 et 37 000 vies par an, en réduisant la pollution de l’air ! conclut Catherine Muller, Présidente de l’Unep. Des chiffres qui doivent encourager les services communaux (espaces verts, santé, urbanisme…) à mettre en place davantage de projets transversaux autour de la végétalisation urbaine. Les villes en pointe sur le végétal développent des actions ambitieuses : applications smartphone, étude du potentiel allergène des plantes, développement de jardins thérapeutiques… Autant d’initiatives à suivre ! »
 
 
(1)    Bergeron & Reyburn, 2010 ; Institut canadien d’information sur la santé, 2006; Robitaille, 2009)

(2) Organisation Mondiale de la Santé – Urban green spaces: a brief for action, juillet 2017
(3)  Cabinet Asterès – Les espaces verts urbains – Lieux de santé publique, vecteurs d’activité économique, Nicolas Bouzou et Christophe Marques, Mai 2016
 

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