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Sciences fondamentales et développement soutenable : que faudrait-il changer dans nos recherches ?

31 mai 2023

Gratuit

L’Université Paris-Saclay, et le Centre d’Alembert organisent un colloque le 31 mai 2023 sur le thème « Sciences fondamentales et développement soutenable : que faudrait-il changer dans nos recherches ? » Quelles nouvelles questions éthiques posent à la recherche la dégradation de l’environnement et la persistance d’inégalités économiques et sociales ?

La dégradation de notre environnement et la persistance d’inégalités économiques et sociales à toutes les échelles sont des réalités qui interrogent le monde de la recherche, bien au-delà des seuls spécialistes de ces sujets. Dans le cadre de l’année internationale des sciences fondamentales pour le développement soutenable, l’Université Paris-Saclay a souhaité aborder les questions éthiques que posent à la communauté de la recherche ces constats, aussi bien sur le plan théorique que pratique.

La crise environnementale vient illustrer une nouvelle fois que la distinction entre sciences fondamentales et appliquées est d’abord liée au contexte d’une époque : des connaissances vues comme très fondamentales par le passé trouvent aujourd’hui une actualité brûlante, tandis que des recherches très éloignées du quotidien appuient leur utilité sociale sur la promesse d’applications à venir qui nous permettraient de surmonter le défi écologique.

La prise de conscience écologique conduit à des critiques de plus en plus vives de sujets de recherche dont les conséquences sont ou pourraient être délétères sur le plan environnemental ; et certains en arrivent à discuter l’utilité de la recherche fondamentale, jugée non prioritaire face à l’urgence.

L’argument de la sérendipité et la course à l’échalotte de l’excellence sont-ils de bonnes boussoles lorsque la fenêtre de temps pour l’action se réduit à l’échelle de la décennie ? Si la démarche scientifique est censée être aussi neutre que possible, la marche de la recherche ne saurait être dissociée de l’environnement social et culturel dans lequel elle se réalise : serait-il alors légitime d’appeler à une véritable (ré-)orientation de la recherche pour répondre à l’urgence, notamment climatique – et si oui, comment la mettre en œuvre ?

La science et ses applications technologiques ont incontestablement façonné le monde dans lequel nous vivons, particulièrement dans les sociétés occidentales. La science nous a aussi informé des dangers qui en résultent et de solutions pour les contrer – si, bien sûr, des décisions collectives étaient prises. Dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, la critique des dérives de la “techno-science” et l’abandon de l’idée d’un lien univoque entre progrès scientifique et progrès humain sont aussi souvent issus du monde académique. Mais dans quelle mesure l’autonomie permettant cette réflexivité est-elle une réalité, et est-elle compatible avec l’urgence de l’époque ?

Enfin, il est clair que la production de connaissance scientifique est une activité dont les impacts environnementaux sont significatifs. Indépendamment de la discussion sur les finalités, comment faire de la science en réduisant au maximum les impacts, donc avec des pratiques responsables ? Au-delà des arbitrages individuels, jusqu’où la communauté doit-elle se structurer et se donner des règles de fonctionnement ?

PROGRAMME

8h45 – 9h15 : Accueil

9h15 – 10h : Ouverture

  • Estelle Iacona, Présidente de l’Université Paris-Saclay
  • Julien Gargani, Directeur du Centre d’Alembert
  • Michel Spiro, Président du comité exécutif de l’Année Internationale des Sciences Fondamentales pour le Développement Durable (UNESCO)
  • Sophie Szopa, VP Développement soutenable de l’Université Paris-Saclay

10h-11h15 : Sujets de recherche : la science sans fin ?  Animateur : Laurent Audouin

  • Paul Leadley, écologue, Université Paris-Saclay : De la systématique/conservation à la biodiversité, quand les sciences fondamentales non-finalisées deviennent pertinentes pour le développement durable
  • Pierre Morel, physicien, Laboratoire de Physique des Plasmas, Université Paris-Saclay :  Fusion : une énergie d’avenir ?

Rêve Prométhéen s’il en est, la fusion thermonucléaire combine sur le papier les avantages de libérer une énergie titanesque au fait de ne pas créer directement de produit radioactif. Cependant, le contrôle de la matière, à l’état plasma, portée à des centaines de millions de degrés pour que les réactions de fusion se produisent, s’avère être un sérieux défi technologique. En effet, le milieu est extrêmement turbulent à de telles températures, et tend à s’opposer au confinement magnétique qui lui est imposé.

Après en avoir défini les grands principes, Pierre Morel discutera l’intérêt des recherches sur la fusion thermonucléaire dans la perspective du réchauffement climatique à venir. Il présentera également la structuration des recherches dans ce domaine, entre institutions publiques et privées, leur financement, leurs interactions, les annonces et les résultats récents obtenus. Enfin, à travers l’exemple de sa trajectoire personnelle, comme celle de son équipe, il essaiera de répondre à la question Grothendieckienne « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? ».
→ Échanges avec la salle 10h50-11h15

—11h15-11h30 : pause—

11h30-13h : Pratiques de la recherche : changer notre manière de faire de la recherche ? Animatrice : Sophie Szopa

  • Anne-Laure Ligozat, Labo 1point5
  • Table-ronde « comment chercher en 2023 »

o             Hélène Aubry, professeure de droit, Université Paris-Saclay, Faculté Jean Monnet

o             Yves Langevin, planétologue, directeur de recherche émérite au CNRS

o             Gaëlle Lextrait, doctorante en microbiologie, CNRS, Université Paris-Saclay

o             Daniel Suchet, enseignant-chercheur au département de physique de l’École Polytechnique, Institut du Photovoltaïque d’Ile de France

o             Anne-Laure Ligozat, Labo 1point5

→ Échanges avec la salle 12h45-13h

—13h-14h : Pause déjeuner—

14h-15h15 : Production de savoir, production de valeur, valeurs de la recherche : comment le développement soutenable nous interroge-t-il ? Animatrice : Hélène Gispert

  • Stéphanie Ruphy, philosophe des sciences, École Normale Supérieure (Ulm) – Université PSL : S’engager par le choix de ses sujets de recherche : enjeux épistémologiques et politiques.

    L’engagement d’un chercheur ou d’une chercheuse peut prendre plusieurs formes : militantisme, intervention dans des débats publics, expertise auprès de décideurs, participation à des projets de science citoyenne, etc. A l’heure où les attentes à l’égard de la recherche s’intensifient pour qu’elle contribue davantage à répondre à de nombreux « défis sociétaux », le choix d’un sujet de recherche tenant directement compte de ces attentes apparaît comme une forme d’engagement à part entière. J’explorerai dans cette présentation différents enjeux épistémologiques et politiques soulevés par une telle forme d’engagement : n’entre-t-elle pas en tension avec l’imprévisibilité de l’enquête scientifique ?  faut-il craindre à terme une perte de fécondité de la science ? à quelles conditions cette forme d’engagement du monde de la recherche est-elle politiquement souhaitable ?

  • Anouk Barberousse, philosophe des sciences, Sorbonne Université, directrice de l’Institut de la Transition Environnementale : Construire des connaissances en faveur de la transition écologique, un bouleversement culturel.

    Une partie des connaissances nécessaires à la mise en œuvre d’une transition écologique efficace restent à construire. Elles doivent transformer aussi bien les modes de production économique que les comportements. Or les communautés scientifiques aptes à produire ces connaissances n’ont pas encore l’habitude de s’emparer de questions qui ne viennent pas de leurs dynamiques de recherche propres, mais de l’extérieur du monde académique. Adopter de nouvelles habitudes revient à accepter de transformer en profondeur les cultures de recherche propres aux différentes disciplines. L’exposé présentera les enjeux d’une telle transformation.

→ Échanges avec la salle 14h50-15h15

15h15-16h30 : Organisation de la recherche : comment le développement soutenable nous interroge-t-il ? Animateur : Julien Gargani

  • Pascal Dayez-Burgeon, secrétaire général du COMETS : Présentation du dernier avis du COMETS sur l’éthique environnementale de la recherche.

    Saisi par le PDG du CNRS, le comité d’éthique du CNRS (COMETS) a rendu en décembre dernier un avis qui recommande de considérer l’environnement comme une condition de la recherche responsable et donc une composante de l’éthique de la recherche. A ce titre, le monde de la recherche a la responsabilité de limiter les impacts environnementaux de ses activités, qu’il s’agisse de ses pratiques mais aussi des sujets abordés et des voies pour les mener. Compte tenu de la complexité de ces questions et des difficultés pour les rendre opératoires, le COMETS recommande que le monde de la recherche lance une réflexion approfondie sur ces questions.

  • Table ronde sur l’organisation de la recherche et la politique scientifique (orientation des financements ; fléchage des recrutements ; maintien de la diversité disciplinaire et des pratiques de recherche) :

o             Cynthia Colmellere, sociologue, CentraleSupélec, graduate school sociologie/science politique

o             Thierry Doré, agronome, vice-président recherche Université Paris-Saclay

o             Pascal Dayez-Burgeon, secrétaire général du COMETS

o             Arnaud Saint-Martin, sociologue, CNRS

o             Sophie Kazamias, physicienne, Université Paris-Saclay, graduate school physique

→ Échanges avec la salle 16h30-16h45

16h45-17h : Mot de clôture 

NB : les titres de certaines interventions sont provisoires. Uni

Evénement organisé avec le centre d’Alembert, dans le cadre de L’Année internationale des sciences fondamentales pour le développement durable, Assemblée générale des Nations Unies, avec le soutien d’IJCLabet le soutien d’IJC Lab.

Entrée libre, inscription obligatoire

Lieu

IJC Orsay
Amphi Lehmann, IJCLab, bâtiment 200, rue André Ampère
Orsay, 91898
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