Deuxième volume d’une série de trois synthèses. Après l’histoire de la prospective, on aborde ici les enjeux de la prospective aujourd’hui. Quels en sont les enjeux ? Un constat vient immédiatement : la prospective est, singulièrement en France, restée presque figée sur des conceptions et des méthodes qui n’ont guère bougé depuis la fin des années 80, alors que le monde a changé, ainsi que le contexte de la prospective ; le décalage est également frappant entre les mutations de nos sociétés et les capacités à les appréhender et à y répondre.
L’enjeu pour la prospective de se doter d’outils adaptés va de pair avec une soif de refondation, par retour aux fondamentaux donc à l’ « attitude prospective » de Gaston Berger. A notre sens, la refondation de la prospective exige de réinterroger cette activité de fond en comble, de réexaminer ses prémisses, ses finalités, ses moyens, ses relations avec les valeurs, l’imaginaire social, l’idéologie, l’utopie, et les champs d’action avec lesquels elle est en interaction (décision, innovation, etc.). La prospective a entamé une ouverture à des modes de réflexion, d’incarnation du futur, d’exploration de l’avenir, de réflexion sur le souhaitable, qu’elle n’avait pas considéré jusqu’ici, notamment ceux qui s’appuient sur l’expérience sensible, comme la science fiction, l’art, le design.
Dans ce nécessaire renouvellement, nous faisons ressortir des enjeux, comme celui de l’image dont les propriétés ont jusque-là peu été utilisées par la prospective, celui de la controverse (quelle place faire à la controverse, et qu’en tirer, alors que la prospective est traditionnellement une machine à produire du consensus ?), celui du découpage entre travail exploratoire et travail normatif : faut-il vraiment explorer le champ des possibles avant de se lancer dans une phase de réflexion sur le souhaitable ? ; celui des valeurs…
A un autre niveau, l’enjeu de réécrire le « logiciel » de la prospective amène à repenser les dispositifs où la prospective intervient et le rôle de la prospective dans les organisations. Enfin, la difficulté pour la prospective à influer sur la décision, et plus globalement sur le champ de l’action, est un enjeu central.
Lire la suite « La prospective – Questions actuelles » / Cédric Polère pour Millénaire3
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