- La Pensée paysagère, Paris, Archibooks, 2008
- (direction, avec Philippe Bonnin et Alessia De Biase) L’Habiter dans sa poétique première, Paris, Donner lieu, 2008, 404 p.
- Une ville se refait-elle ?, Paris, L’Harmattan, 2009, 142 p. (Géographie et cultures n° 65, printemps 2008).
- Être vers la vie. Ontologie, biologie, éthique de l’existence humaine. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, Ebisu n° 40-41, automne 2008-été 2009, 224 p. Avec Nathalie Frogneux, Britta Stadelmann et Suzuki Sadami.
- Histoire de l’habitat ideal. De l’Orient vers l’Occident, Paris, Le Félin, 2010, 399 p.
- Milieu et identité humaine. Notes pour un dépassement de la modernité, Paris, Donner lieu, 2010, 150 p.
- (Traduction et glose de) Watsuji Tetsurô, Fûdo. Le milieu humain, Paris, Éditions du CNRS, 2011, 330 p.
- Donner lieu au monde : la poétique de l’habiter, Paris, Donner lieu, 2012, 402 p. Avec Philippe Bonnin et Alessia de Biase)
- Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine, essai de mésologie, Paris, Belin, 2014, 237 p.
- La mésologie, pourquoi et pour quoi faire ?, Nanterre La Défense, Presses universitaires de Paris Ouest, 2014, 77 p.
- Le Lien au lieu, Bastia, Éditions Éoliennes, 2014, 304 p.
- Formes empreintes, formes matrices, Asie orientale, Franciscopolis éditions, Les presses du réel (ISBN 978-2-9544208-5-1), 2015, 63 p.
- La Pensée paysagère (nouvelle édition), Bastia, Éditions Éoliennes, 2016, 128 p.
- Là, sur les bords de l’Yvette – Dialogues mésologiques, Bastia, Éditions Éoliennes, 2017, 120 p.
- Glossaire de mésologie, Bastia, Éditions Éoliennes, 2018, 48 p.
Augustin Berque est un éminent géographe et philosophe français, qui a fortement contribué au renouveau de la pensée sur le paysage. Il a fait ses propres recherches et suggestions sur la coexistence harmonieuse entre la nature et l’homme, sur la base du concept « la Terre comme notre milieu fūdo ». Cette année, le Prix international Cosmos lui est décerné en reconnaissance de ses réalisations exceptionnelles dans l’établissement d’une anthropologie environnementale unique. Basée sur la vision orientale de la nature et corroborée par ses travaux de terrain au Japon, en Chine, en Mongolie, etc., cette discipline unique en son genre se différencie des sciences de l’environnement et de l’éthique conventionnelles, qui sont construites sur la vision occidentale de la nature.
Après Jared Diamond, Daniel Pauly, E.O. Wilson, Philippe Descola, Jane Goodall…, le philosophe et géographe Augustin Berque a reçu le Prix Cosmos 2018 – parfois surnommé le “Prix Nobel d’écologie”. Comment définir l’anthropologie environnementale du Dr Berque ? Il cherche à reconsidérer la relation entre la nature et l’homme pour qu’elle nous fournisse une nouvelle et essentielle perspective philosophique nous aidant à déterminer une meilleure direction pour la survie de l’humanité dans le futur.
Augustin Berque a été professeur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) en France pendant de nombreuses années. Il a également passé plus de douze ans au Japon pour mener des activités de recherche et d’éducation. Cette expérience lui a permis de se familiariser avec la culture et l’histoire du Japon. Profondément inspiré de Fūdo : le milieu humain, écrit en 1935 par le grand philosophe japonais Tetsurō Watsuji (1889-1960), le Dr Berque a traduit ce livre en français (CNRS Editions). En élaborant, approfondissant et faisant évoluer le concept de Fūdo de Watsuji, Berque a organisé sa propre réflexion sur les paysages, afin de développer une nouvelle discipline académique appelée « mésologie » (fūdogaku).
Plutôt qu’une discipline qui serait en somme une écologie phénoménologique, il faut considérer la mésologie comme une perspective générale, périmant le dualisme moderne. Pour la mésologie, la réalité, celle des milieux concrets, n’est ni proprement objective, n i proprement subjective, mais trajective.
Cela concerne aussi bien le sciences de la nature que les sciences humaines. Relevant à la fois de l’ontologie et de la logique, la perspective nouvelle qu’apporte la mésologie est onto-logique. Dépassant le paradigme moderne classique, cette perspective nouvelle s’impose, en un temps où l’abstraction du dualisme, jointe au principe du tiers exclu, avec ses attributs divers (mécanisme, réductionnisme, analytisme, individualiste, capitalisme, industrialisme…) en est arrivée à provoquer non seulement ce que l’on appelle désormais la Sixième Extinction de la vie sur Terre, mais en outre décompose le lien social et ravage les paysages ; autrement dit, a entraîné une perte de cosmicité qui pourrait bien nous être fatale. Recosmiser l’existence humaine, la reconcrétiser, la réembrayer avec la Terre, voilà le triple objectif que se donne la mésologie (Glossaire de mésologie d’Augustin Berque – Editions Eolienne).
De plus, à partir des résultats théoriques de la mésologie, Augustin Berque a proposé une théorie sur le subjectivisme de la nature, selon laquelle la nature a de la subjectivité, tout en surmontant de manière critique l’anthropocentrisme dans le dualisme nature-culture et l’éthique environnementale. L’éthique traditionnelle de l’environnement affirme unilatéralement la protection de l’environnement naturel, sur la base de la seule subjectivité humaine.
D’autre part, sa théorie du subjectivisme de la nature basée sur le non-anthropocentrisme soutient que le subjectivisme de l’homme et de la nature doit être reconnu, et que nous devons viser à rétablir la relation entre la nature et les hommes.
Par conséquent, cette théorie a donné une perspective révolutionnaire à la réflexion environnementale. La notion d’Augustin Berque a soulevé de vives objections à la critique qui considère les théories de fūdo dans leur ensemble comme un déterminisme environnemental, ce qui a un impact sur la théorie de la vie sur notre planète, les sciences biologiques, ainsi que sur la philosophie et les sciences occidentales.
Le Dr Berque souligne une distinction fondamentale entre l’environnement et fūdo (milieu). Le premier est sur le plan physique naturel ou écologique, tandis que le second est à la fois physique et sensoriel. En d’autres termes, alors que l’environnement peut être étudié scientifiquement comme un objet, fūdo (milieu) est chargé de subjectivité humaine, et donc considéré comme étant formé entre un sujet et un objet.
En d’autres termes, la mésologie du Dr Berque trace une ligne de démarcation entre elle-même et les sciences environnementales et les perspectives occidentales, qui sont fondées sur la prémisse d’un choix entre physique et sensoriel. Dans sa notion, il maintient constamment une attitude critique à l’égard des mentalités modernes, en soulignant que la cause sous-jacente de la dévastation environnementale globale est le fait que les sujets modernes ont nié leur médiumnité (fūdosei). Ce point de vue présente une certaine similitude avec celui des pensées et pratiques traditionnelles japonaises, qui ont des aspects culturels durables comme le satoyama et le satoumi (respectivement, les forêts naturelles et les zones côtières qui sont liées à la vie et aux moyens de subsistance des habitants locaux).
Elle a aussi quelque chose en commun avec la vision orientale de la nature, qui vise à vivre en parfaite harmonie avec la nature. Cette notion est reflétée dans son livre Le Paysage au Japon, en Europe, et à l’ère du paysagement.
S’appuyant sur la théorie de la mésologie, Augustin Berque a réexaminé les concepts autour de la nature et du sujet, parvenant ainsi à la conclusion que, contrairement aux machines, la nature devrait être soumise, sous une certaine forme et dans une certaine mesure, tant qu’elle est vivante. En d’autres termes, il considère que la nature en tant qu’entité vivante a son propre sujet qui détermine son sens, à savoir la direction qu’elle doit prendre.
Depuis le tremblement de terre de 2011 dans le Grand Est du Japon, Augustin Berque s’est souvent rendu dans les régions sinistrées et a participé à de nombreux symposiums dans le pays. En même temps, il a donné de précieux conseils sur les plans de reconstruction des zones touchées, en utilisant le mot-clé sappukei (littéralement » tuer le paysage « , dans le sens japonais contemporain » morne, désolé, etc. « ). C’est un exemple qui démontre l’utilité des théories sur fūdo, pour trouver des solutions à des problèmes spécifiques.
Augustin Berque vient de traduire le dernier ouvrage d’Imanishi Kinji, un des compagnons de route de son œuvre immense, qui propose de regarder la Terre comme fūdo, « La liberté dans l’évolution » aux éditions Wildproject.
Source : International Cosmos Prize
Dernières oeuvres d’Augustin Berque :
Pour aller plus loin :
– Livre « Vocabulaire de la spatialité japonaise » – La grammaire de l’espace – CNRS Editions
– Livre « Une nouvelle Terre – Pour une autre relation au monde » de Dominique Bourg – Editions Desclée de Brouwer, 2018
– Texte de la conférence d’Augustin Berque le 15 mai 2018 à Vitrolles
Photo d’entête : Paysage de Fukakusa, sud de Dinstinct de Kyoto – Collection du Kyoto Prefectural Domoto-Insho Museum of Fine Arts
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