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Climat : Et si l’énergie nucléaire était la seule à nous sauver de la catastrophe annoncée ?

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Tous les scientifiques du climat nous le disent : nous sommes mal barrés. Nos efforts pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre sont largement insuffisants alors que le compte à rebours est lancé et qu’il ne nous reste qu’une poignée d’années avant que la surchauffe du monde ne soit irréversible. Nous aurons beau lancer tous les programmes possibles en énergie verte et en suppression des combustibles fossiles, nous n’y arriverons pas ou alors très très difficilement. Deux auteurs américains ont osé ce que personne n’ose clamer trop fort : le nucléaire est la solution. C’est la seule énergie qui ne produit quasiment aucun effet de serre et procure de l’électricité sans interruption. Certes, le nucléaire n’est pas tout vert, loin de là, mais au point où nous en sommes, ne serait-ce pas un moindre mal, pensent-ils ? Le débat est radioactif, néanmoins ouvrons-le.
 
En matière de dérèglement climatique, nous avons l’impression de pédaler dans une course folle contre le temps. Il ne se passe pas une journée sans qu’une mauvaise nouvelle ne tombe. Ce lundi, c’était cette étude qui nous informait que l’Antarctique fond plus vite que prévu et que la montée des océans s’accélère. Une autre datée de mardi nous montre une carte rouge vif de l’Australie qui subit des températures dépassant allègrement les 40° C et tuent en nombre incroyable animaux, poissons et végétaux.
Le rapport du GIEC publié en octobre soulignait de gros traits rouges la gravité de la situation. Le point de bascule est imminent et quand il adviendra, la machine climatique sera immaîtrisable.
Face à ce tableau, on observe l’inertie de la plupart des dirigeants de la planète. Ils renâclent à mettre en œuvre des mesures radicales pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, et quand ils le font, à toute petite dose, ils déclenchent la colère de leurs citoyens. D’autant que les solutions alternatives aux combustibles fossiles ne parviennent pas à compenser les besoins en énergie de populations de plus en plus gourmandes.
 
Aujourd’hui dans le monde, 80 % de l’énergie pour produire de l’électricité, se chauffer, se déplacer, provient de combustibles fossiles. Réduire cette part semble une gageure, surtout dans les délais impartis par l’évolution galopante du climat. Pour fournir le monde en énergie, il faudrait produire cent mille milliards de Kwh. Même si l’ensemble du monde prenait le modèle allemand, qui est un des plus performants en termes de transition vers les énergies vertes, il faudrait 150 ans pour compenser les combustibles fossiles. Autant dire, qu’à ce rythme, nous serons soit tous grillés façon chipolatas sur un barbecue, soit tous noyés sous la montée des océans.
 

Repenser le nucléaire

Alors que faire ? Il faut repenser notre position sur le nucléaire. C’est notre seule issue pour lutter contre le changement climatique. Affirmer cela va faire se hérisser tous les poils des écologistes à travers le monde. Pour eux, il ne fait aucun doute que le nucléaire c’est le diable et qu’il faut à tout prix s’en débarrasser. Ce n’est pas ce que pensent le politologue Joshua S. Goldstein et le spécialiste américain des énergies Staffan A. Qvist. Ils viennent de publier un livre (A Bright Future – Un avenir radieux) dont les premiers mots résonnent comme un coup de tonnerre : « Peu de livres peuvent prétendre de façon crédible offrir un moyen de sauver le monde, mais celui-ci le fait ». 
 
Pour les deux auteurs, la seule solution pour nous sauver d’un changement climatique catastrophique, c’est de mettre la mise maximum sur le nucléaire. Ils soutiennent que seul un investissement massif dans de nouveaux réacteurs peut permettre à la fois la réduction des émissions de gaz à effet de serre nécessaire pour limiter le réchauffement climatique et l’accès accru à l’énergie nécessaire pour relever le niveau de vie dans les pays à faible revenu. Leur proposition est de construire à grande échelle de nouveaux réacteurs nucléaires, au rythme de 115 par an pour rendre la production mondiale d’électricité exempte de combustibles fossiles d’ici 2050. Les auteurs affirment dans une interview au Wall Street Journal :  « Ce dont le monde a besoin, c’est d’une source d’électricité sans carbone qui puisse monter en puissance très rapidement et fournir de l’électricité de façon fiable 24 heures sur 24, quelles que soient les conditions météorologiques. L’énergie nucléaire répond à toutes ces exigences. »
 

Objections

Goldstein et Qvist sont parfaitement conscients que leur proposition va susciter un tollé. Ils s’attachent donc à lever méticuleusement toutes les objections que l’on fait habituellement au nucléaire. Selon eux, le nucléaire suscite des idées fausses et des craintes erronées qui ont empêché sa croissance : « Quand les gens pensent à l’énergie nucléaire, ils pensent à la catastrophe de Tchernobyl et aux déchets radioactifs » reconnaissent-ils. Pourtant, si l’on regarde les statistiques, affirment les auteurs, Tchernobyl a tué soixante personnes en 1986 en URSS alors que la rupture d’un barrage hydroélectrique en Chine en 1975 a causé la mort de dizaines de milliers de personnes. L’accident de Fukushima au Japon en 2011 n’a provoqué, selon le gouvernement japonais, qu’un seul mort lié à la radioactivité. Les fuites de gaz, l’air pollué par les centrales à charbon causent des milliers de morts prématurées. Le bilan du nucléaire est sans comparaison sur ce terrain. Pour Goldstein et Qvist, il en de même pour les déchets nucléaires : ils sont moins dangereux que ceux du charbon ou du pétrole. Et on exagère selon eux leur quantité. Ils donnent une image : un Américain qui consommerait de l’énergie nucléaire toute sa vie produirait une quantité de déchets qui pourraient tenir dans une canette de soda.
 
Joshua Goldstein et Staffan Qvist tentent dans leur livre de déstigmatiser le nucléaire. Leur argumentation est convaincante mais laisse dans l’ombre plusieurs questions critiques. Leur va-tout pour le nucléaire serait un frein fatal au développement d’autres énergies, vertes par nature, comme le solaire, l’éolien ou la biomasse. Ils oublient de dire que le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable. Il faut de l’uranium pour faire fonctionner les centrales et ce minerai est compté. Selon plusieurs experts, au rythme actuel de sa consommation, les réserves d’uranium pourraient se tarir d’ici quelques décennies. Les auteurs passent sous silence le coût pharaonique que représenterait la construction de centrales supplémentaires, sans compter les dépenses toujours un peu mystérieuses mais néanmoins colossales liées au démantèlement des réacteurs obsolètes.
 
Ce qui est sûr c’est que cette thèse provocatrice fera le bonheur des industriels du nucléaire. Les autres, consommateurs d’énergie ou observateurs des changements du monde, croiseront les doigts pour que la dissémination de tous ces réacteurs à travers le monde ne donne pas des idées à ceux qui rêvent de se doter de l’arme nucléaire. En effet, les développements nucléaires civils et militaires ont souvent été étroitement liés. Les préoccupations suscitées par le programme iranien, malgré les assurances données par le gouvernement qu’il est destiné à des fins pacifiques, montrent que des activités telles que l’enrichissement de l’uranium sont très sensibles. D’autant que l’idée qu’une organisation de confiance puisse fournir du combustible de réacteur aux pays qui s’engagent à ne pas enrichir leur propre uranium a plutôt piétiné ces dernières décennies.
 
Alors, le nucléaire, solution miracle ou piège mortel ? Le débat est réouvert.
 
 
 

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