On pourra bientôt mesurer son taux de cholestérol chez soi. Des ingénieurs ont mis au point une machine optique portative qui permet, à moindre coût, d’effectuer les tests sanguins les plus courants.
De la taille d’un smartphone, il s’apprête à révolutionner les analyses de sang. Baptisé Beta-BioLed, cet appareil de poche, basé sur des technologies optiques, sera commercialisé dès 2016. « Nous finalisons cette année le prototype et recherchons aujourd’hui 3 M€, notamment pour financer les brevets d’innovations. Nous en avons déjà déposé quatre », explique Camille Pat, responsable marketing de la société Archimej, hébergée au Genopole d’Evry (Essonne), le plus grand site de recherche français dédié aux biotechnologies. L’entreprise fait partie des 25 talents européens sélectionnés en 2013 parmi 2 000 candidats par le prestigieux concours européen de start-up, Hello Tomorrow Challenge.
Archimej a vu le jour en 2012, créé par trois anciens ingénieurs de l’Institut d’optique d’Orsay. Leur idée : se passer des produits réactifs utilisés aujourd’hui pour étudier la composition du sang. Un vrai bouleversement. « Pour un hôpital de 400 lits, cela représente une dépense d’environ 300 000 € par an. Et la machine d’analyse actuelle, à changer tous les sept ans, vaut 100 000 €. Le Beta-BioLed est plus sensible, plus précis et surtout moins cher », avance-t-on chez Archimej, qui compte vendre son appareil « moins de 600 € ».
Le petit boîtier pourra effectuer une quinzaine de tests sanguins parmi les plus courants : le cholestérol, le sucre, la créatinine ou l’albumine pour les pathologies rénales ou encore les principaux marqueurs cardiaques. « Nous ne rentrons pas en concurrence avec les laboratoires d’analyses classiques. Ils effectuent, eux, jusqu’à 80 tests différents. Notre technologie est complémentaire. Elle pourrait même les intéresser, affirme Camille Pat. Aujourd’hui, il faut compter environ 15 à 20 € pour réaliser un bilan sanguin en laboratoire, pour autant de tests réalisés. Nous pourrions proposer à peu près le même service pour 20 fois moins cher. »
Le Beta-BioLed promet une grande simplicité de fonctionnement. Une goutte de sang posée sur une languette introduite dans l’appareil et les résultats s’affichent sur une tablette ou un smartphone connecté. Cette facilité d’utilisation offre des « débouchés énormes », estime-t-on chez Archimej. Dans les hôpitaux, pour la médecine à domicile ou pour les infirmières libérales qui s’occupent de patients qui ne peuvent pas se déplacer.
« Les ONG intervenant dans des zones privées de soins médicaux sont une cible aussi. Il existe aujourd’hui des appareils portables, mais ils sont contraignants, lourds et ont besoin de réactifs pas toujours simples à trouver sur place », confie Camille Pat. Le Beta-BioLed sera dans un premier temps destiné aux professionnels de santé. « Nous passerons ensuite au grand public. L’appareil pourrait être en partie remboursé par la Sécurité sociale, comme l’est aujourd’hui le glucomètre pour les diabétiques », espère Camille Pat.
Julien Heyligen, La Biotech.fr