Chèque Santé, Chèque solidaire : lutter contre la précarité en permettant l’accès aux soins pour tous via les CCAS. Après les Chèques vacances, voici le chèque santé financé par l’entreprise, le CE ou la collectivité, pour faciliter les soins pour tous les salariés, agents ou bénéficiaires de ressources sociales et qui sera commercialisé le 1er janvier 2015. En lançant le premier titre prépayé dédié aux prestations de santé, Chèque Santé veut répondre à un enjeu de santé publique. D’autant que le trou de la Sécu sera plus important que prévu cette année atteignant « 11,7 milliards d’euros en 2014 » selon Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales.
Alors qu’un français sur trois, couvert ou non par une mutuelle, renonce aux soins par manque de moyens, quelles solutions existent ?
Derrière ce chiffre alarmant, il est des situations encore bien plus inquiétantes. Chez les personnes bénéficiant des minima sociaux, ce taux est encore supérieur : 63% d’entre elles renoncent aux soins bucco-dentaires, 25% aux lunettes et 16% aux soins spécialistes [1]. Au sein de cette population, les jeunes et les seniors sont particulièrement touchés. Chèque Santé veut donc ne laisser personne sur le bord du chemin et propose d’élargir les chèques santé aux bénéficiaires des aides sociales au même titre que les bons alimentaires ou chèques énergie qui leur permettent de régler leurs factures.
Le Chèque Santé se décline pour les plus démunis
Si Chèque Santé est un outil de management social proposé aux entreprises, aux comités d’entreprise, aux collectivités à l’attention de leurs salariés ou usagers, il peut également être décliné en Chèque Santé social et solidaire.
Les 15 et 16 octobre prochains, Chèque Santé participe au Congrès National de l’Union Nationale des CCAS. Alors que le budget global consacré aux aides financières pour l’accès aux soins ou à la santé en 2013 par les CCAS peut être estimé à un peu plus de 3 millions d’euros et que 59 % des CCAS engagés dans le domaine de l’accès à la santé déclarent attribuer des aides financières [2], Vincent Daffourd, président de Chèque Santé, veut profiter de ce congrès pour proposer aux représentants des CCAS un nouveau dispositif dans le volet Santé des aides apportées aux plus démunis : « Notre volonté est de permettre l’accès aux soins pour tous. Aucune population ne doit être laissée pour compte. En proposant notre dispositif aux différents services sociaux, nous pouvons toucher les populations qui ne peuvent pas en bénéficier via leur entreprise : jeunes et retraités, notamment ! »
En effet, la problématique santé est très prégnante dans les accompagnements de publics défavorisés. Ainsi, par exemple lors des journées du travail social organisées par la FNARS [3] fin 2013, les travailleurs sociaux ont souvent évoqué le manque de moyens et de dispositifs pour faire face aux difficultés de plus en plus nombreuses des personnes qu’ils accompagnent. Ils ont largement témoigné que « la santé est une thématique omniprésente par l’augmentation des troubles mentaux, les addictions ou les maladies graves soignées avec retard faute de prévention et diagnostic ». Les professionnels de l’accompagnement social, démunis face à de tels constats, se sont fixés comme objectif prioritaire de combattre cette inégalité d’accès aux soins. « La santé ne peut pas être reléguée au second plan dans les parcours d’insertion au risque d’un échec de la réinsertion toute entière ».
Fort de ce constat et d’une compétence dans le secteur social, internalisée au sein de Care Labs SAS, une réflexion a été menée quant à l’opportunité d’ouvrir le spectre du déploiement de Chèque Santé vers les services sociaux. Il s’avère que les premiers contacts établis reçoivent une écoute toute particulière de la part de ces acteurs et que le dispositif initialement ancré dans une relation employeur / employé pourrait se concevoir dans un rapport prescripteurs / bénéficiaires.
Comment ça marche ?
C’est très simple, les collectivités désirant investir dans la bonne santé et le bien-être des administrés en situation précaire, adhèrent au dispositif Chèque Santé et ouvrent, via les CCAS ou autres acteurs sociaux, un compte individuel et nominatif au bénéficiaire du montant de leur choix. Pour quel montant ? Les sociétés expérimentant ce futur produit ont décidé d’accorder 150 € par an et par salarié en moyenne, selon Vincent Daffourd, président de Care Labs. Une somme financée par le comité d’entreprise ou directement par l’employeur – sauf exceptions, exonérée de charges sociales.
Ce crédit «santé» permet de s’assurer que l’aide allouée est strictement utilisée dans un parcours santé fléché répondant à un besoin du bénéficiaire : chirurgiens dentistes, orthophonistes, orthodontistes, psychologues, nutritionnistes, kinésithérapeutes, matériel médical, …
Côté technique, Chèque Santé va éditer des titres dématérialisés disponibles sur un smartphone ou une carte équipée d’un QR Code personnel et sécurisé. Ainsi le professionnel de santé n’a pas besoin d’un terminal de paiement. Le salarié a accès à son solde via l’application et il peut recréditer lui-même son compte ou être remboursé par son comité d’entreprise, sa mutuelle ou son assurance. L’application de Chèque Santé offrira la possibilité de prendre des rendez-vous médicaux ou paramédicaux en ligne, avec un rappel des dates, des vaccins obligatoires, des séances de coaching… A ce jour, 10 000 généralistes, dentistes, et ostéopathes se sont déjà engagés à accepter ce nouveau moyen de paiement.
Jeune, Femme, Sénior : précarité ? Comparatif avec les Etats-Unis
Le baromètre 2013 de l’UNCCAS a braqué le projecteur sur la santé et de l’accès aux soins. « Depuis 2009, les CCAS constatent une augmentation globale des demandes d’aides relatives à la santé : aide au paiement des soins, à l’acquisition d’une mutuelle, à la prise en charge des frais non remboursés, au reste à charge… La réponse consiste en un accompagnement administratif et/ou une aide financière pour les deux tiers des CCAS. »
Si l’augmentation est généralisée notamment dans une conjoncture difficile pour tous ; il est important de bien connaître le profil des personnes en situation de précarité, afin de leur apporter le soutien adéquat.
Ainsi, en France, comme aux Etats-Unis, les chiffres sont sans appel : la précarité concernant l’accès aux soins médicaux touche les populations à faibles revenus, en particulier les jeunes, les femmes et les retraités.
En France, 68 % des personnes sollicitant une aide financière pour l’accès aux soins auprès des CCAS sont des femmes ; 42 % de ces personnes sont retraitées. Même si 83 % des demandeurs sont affiliés à la Sécurité Sociale ; plus d’un quart (27 %) ne sont couverts par aucune complémentaire santé.
De la même manière aux Etats-Unis, seuls 2% des seniors ne sont pas couverts par une couverture publique, néanmoins 29% des seniors déclarent ne pas arriver à se soigner. [4] Couverture et accès aux soins sont deux choses différentes ! Etudes à l’appui, Vincent Daffourd ne doute pas un instant du succès de son produit : « Aux Etats-Unis, pour 1 $ investi, entre 3 et 8 $ sont gagnés cinq ans plus tard. S’attaquer au stress, à la fatigue, aux troubles musculaires ou psychosociaux permet de réduire l’absentéisme ou les accidents au travail ».
L’accès aux soins des moins de 25 ans est également un fait alarmant dénoncé par la Mutuelle des Etudiants qui indique qu’ « un tiers des étudiants, déclare avoir renoncé à des soins médicaux au cours des 12 derniers mois, pour des raisons financières principalement (29%). Dans le même temps, la Mutuelle des Etudiants (LMDE) montre que le fait de disposer d’une complémentaire santé améliore l’état de santé des étudiants en facilitant l’accès aux soins, dentaires, optiques, gynécologiques , etc… » [5]
Sans parler des problèmes d’absentéisme. Six jours par an en moyenne. C’est le taux d’absentéisme en 2013 révélé par une étude d’Alma Consulting Group. 67% des DRH et 68% des salariés affirment que la principale cause de cet absentéisme est l’état de santé du salarié. « La santé des salariés, c’est la santé de l’entreprise ! Parfaitement intégré aux politiques RSE des entreprises, Chèque Santé constitue une alternative innovante et socialement responsable permettant de garantir une meilleure Qualité de Vie au Travail (QVT) et une véritable politique de Prévention Santé en Entreprise (PSE). » argue le fondateur lors d’une interview au magazine info expoprotection.com.
L’innovation résulte d’activités entrepreneuriales comme celle-ci pour lutter contre les inégalités, pour une croissance inclusive, c’est-à-dire une croissance avec mobilité sociale qui ne laisse personne sur le bord de la route.
A propos de Chèque Santé
Née d’une expérience personnelle vécue par les deux cofondateurs, Chèque Santé est un produit de la société CARE LABS SAS, créé en juin 2014. Vincent Daffourd, porteur du projet, et son kinésithérapeute respiratoire, Guillaume Gallois, constatent, en 2010, l’inexistence d’un dispositif dédié au financement des soins complémentaires aux traitements allopathiques alors même que l’éventail des titres prépayés destinés aux salariés est large : chèque restaurant, culture, voyage, cadeaux … Après 3 ans d’étude de marché et de combat pour stabiliser sa maladie, Vincent Daffourd lance Chèque Santé : le 1er titre prépayé dématérialisé de prestations santé qui sera commercialisé auprès des entreprises, des comités d’entreprises, des collectivités, des mutuelles, des associations et des services sociaux.
Chiffres clés :
• 35 % des Français renoncent aux soins par manque de moyens
• 600€/ an restent à la charge des ménages après remboursement
• 300 000 professionnels de santé et thérapeutes (ostéopathes, psychologues, nutritionnistes…) ne sont pas remboursables
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[1] Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale – CNLE
[2] www.unccas.org, revue Enquêtes et observations sociales – « Accès aux soins et à la santé : actions des CCAS », n°7 JUIN 2014 : Les aides financières octroyées par les CCAS dans le domaine de l’accès à la santé financent en majorité l’achat de petits appareillages (prothèse auditive, orthodontie, lunettes) et l’aide pour l’acquisition d’un contrat de complémentaire (concerne respectivement 73 % et 70 % des CCAS accordant des aides financières pour la santé)
[3] Fédération Nationale des associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale
[4] Etats-Unis : séniorité, précarité ?, 5 juin 2013 – http://etudes-economiques.credit-agricole.com/medias/EF13_42_PVB_20130605.pdf
[5] http://www.leciss.org/bons-points-mauvais-points/15-%E2%80%93-24-ans-l%E2%80%99%C3%A2ge-de-plomb-pour-l%E2%80%99acc%C3%A8s-aux-soins