Santé immunitaire : la résistance aux antibiotiques tuent de plus en plus, selon le second ouvrage d’Antoine Andremont sur le sujet.
Le 18 Novembre dernier c’était la « Journée Européenne sur les antibiotiques », une initiative du Centre Européen de Contrôle des Maladies pour faire comprendre que ces médicaments miracles doivent être utilisés avec parcimonie et sont en fait une vraie menace pour la santé – un vrai problème immunitaire planétaire. J’ai été sensibilisé trés tôt sur le sujet par Antoine Andremont (1) que j’ai eu le plaisir de rencontrer en 2007 lors de la sortie de son premier ouvrage « Le triomphe des bactéries – la fin des antibiotiques ».
S’ils ont transformé la médecine et sauvé des millions de vie, les antibiotiques sont aujourd’hui en crise. Les bactéries y sont de plus en plus résistantes. Nous les avons utilisés de façon abusive. Non seulement chez les malades qui n’ont qu’une infection due à un virus, le rhume ou la grippe, chez lesquels ils sont inutiles. Mais aussi, et beaucoup plus massivement, chez les animaux, les poissons et les crustacés d’élevage, car ils permettent d’industrialiser les productions.
La situation est aujourd’hui très critique. Nous n’avons plus de nouveaux antibiotiques pour faire face aux « superbugs ». Non seulement les populations pauvres et déshéritées du tiers-monde payent comme d’habitude le plus lourd tribut. Mais les patients les plus graves de nos hôpitaux, ceux qui bénéficient de chimiothérapies, de greffes ou de réanimation, risquent aussi des infections qu’on ne peut plus contrôler avec des antibiotiques efficaces. La médecine aujourd’hui est « antibio-dépendante ».
Bref, la résistance aux antibiotiques constitue pour l’humanité une menace globale « catastrophique » au même titre que le terrorisme ou le réchauffement climatique, a estimé, il y a quelques mois, la chef de la Santé britannique Sally Davies. La résistance des bactéries aux antibiotiques fait aujourd’hui 25 000 morts par an en Europe (maladies nosocomiales, infections diverses…).
Et je me félicite en termes de sensibilisation – prise de conscience de la sortie de ce nouvel ouvrage d’Antoine Andremont « Antibiotique le Naufrage. Notre santé en danger » que je vous recommande vivement.
Si rien n’est fait, des opérations bénignes pourront s’avérer mortelles d’ici 20 ans. Ce phénomène a plusieurs causes, dont la principale est une surconsommation d’antibiotiques par l’industrie agro-alimentaire (pour les élevages industriels de porcs, volailles, poissons…) qui transmettent ensuite à l’homme les bactéries résistantes. Le cri d’alerte du professeur Andremont n’est ni culpabilisant, ni pessimiste : il lance une alerte et défend l’idée que les antibiotiques doivent être utilisés de façon plus « écologique », c’est-à-dire être considérés comme une denrée limitée que l’on doit gérer intelligemment.
(1) Antoine Andremont est l’un des grands experts internationaux dans le domaine de l’étude de la résistance des bactéries aux antibiotiques. Professeur à la faculté de médecine de l’Université Paris-Diderot et chef du service bactériologie de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, il effectue des missions régulières pour l’OMS. et intervient fréquemment dans les médias.