Tout le monde sera exposé au coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère, et la plupart des gens seront infectés. Johan Giesecke, l’épidémiologiste inspirateur de la stratégie suédoise de non-confinement explique dans un article publié par la revue médicale The Lancet l’intérêt du choix d’immunité collective dans son pays. Il plaide pour la mise en œuvre d’une stratégie de « soins optimaux » pour les personnes les plus gravement infectées. Une stratégie qui tranche avec celle de confinement, adoptée par la plupart des autres pays.
« Environ 30% des gens à Stockholm ont atteint un niveau d’immunité. Nous pourrions atteindre l’immunité collective dans la capitale dès le mois prochain.» C’est ce qu’affirme Karin Ulrika Olofsdotter, l’ambassadrice de Suède aux Etats-Unis. Les épidémiologistes expliquent que l’immunité collective est atteinte quand deux-tiers de la population a été en contact avec le virus. Ce serait le moyen d’éteindre l’épidémie. Un choix adopté par le gouvernement suédois, en rupture avec les mesures de confinement prises par la plupart des autres pays.
L’ancien épidémiologiste d’État de Suède de 1995 à 2005, Johan Giesecke, actuellement membre du Groupe consultatif stratégique et technique sur les risques infectieux (STAG-IH) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), affirme, lui aussi, que l’immunité collective sera atteinte dès le mois de mai à Stockholm et sa région. Il s’agirait d’une performance au regard des résultats des pays voisins qui ont opté pour le confinement. L’Institut Pasteur estime qu’à la date du 11 mai, en moyenne, seulement 6 % de la population française aura été en contact avec le virus.
La Suède a fait confiance aux Suédois
La Suède a étonné le monde en optant pour une stratégie consistant à faire confiance à ses habitants pour qu’ils respectent spontanément des mesures de distanciation sociale et s’imposent quelques restrictions (interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, des visites dans les maisons de retraite et fermeture des lycées et universités). Pas de confinement en Suède, les bars et restaurants sont restés ouverts, les coiffeurs, les cinémas, les théâtres, les gymnases et les parcs, comme la plupart des entreprises et services. La Suède a continué à vivre presque normalement pendant l’épidémie.
Résultat ? Le pays de 10 millions d’habitants enregistre un peu plus de 2 700 morts essentiellement dans le comté de la capitale Stockholm. Ce chiffre est très supérieur à celui de ses voisins immédiats comme le Danemark, la Finlande ou la Norvège, pays confinés qui n’ont enregistré que quelques centaines de décès. Mais le taux de mortalité suédois reste inférieur à celui de pays comme le Royaume-Uni, l’Espagne ou la Belgique. Et son économie ne s‘est jamais mise à l’arrêt.
Dans un article publié ce 5 mai par la revue médicale The Lancet, Johan Giesecke observe que les tests PCR pratiqués sur un demi-million de personnes dans le comté de Stockholm décomptent, au 29 avril, entre 20 et 25 % de la population infectée par le virus. Selon l’épidémiologiste, « 98-99% de ces personnes ne savent probablement pas, ou ne sont pas sûres, d’avoir eu l’infection ; elles avaient soit des symptômes graves, mais pas assez graves pour qu’elles se rendent à l’hôpital et se fassent tester, soit aucun symptôme. Les tests sérologiques confirment aujourd’hui ces hypothèses ».
Cette observation conduit l’épidémiologiste à affirmer : « Tout le monde sera exposé au coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère, et la plupart des gens seront infectés. » Tout le monde dans le monde.
Un feu courant à bas-bruit
Le médecin poursuit en expliquant que, selon lui, « le COVID-19 se répand comme une traînée de poudre dans tous les pays, mais nous ne le voyons pas – il se propage presque toujours des jeunes gens qui ne présentent aucun symptôme ou des symptômes faibles à d’autres personnes qui auront également des symptômes légers. Il s’agit de la véritable pandémie, mais elle se poursuit sous la surface et atteint probablement son apogée dans de nombreux pays européens. »
Une circulation a bas-bruit du virus face à laquelle « nous ne pouvons pas faire grand-chose [pour empêcher cette propagation] : un blocage pourrait retarder les cas graves pendant un certain temps, mais une fois les restrictions assouplies, les cas réapparaîtront. »
Johan Giesecke confirme que cette propagation du virus est indépendante de toute mesure de confinement. Il parie : « Je pense que lorsque nous compterons le nombre de décès dus à la COVID-19 dans chaque pays dans un an, les chiffres seront similaires, quelles que soient les mesures prises. »
Selon lui, les pays ont imposé un confinement strict parce que chacun a suivi les autres ; comme dans une sorte de panurgisme. Il considère dans une interview au quotidien argentin Infobae que « pour les politiciens, il est important de faire preuve de force et d’action ». Mais en réalité, observe-t-il, « il n’y a aucune preuve scientifique pour la plupart des restrictions que les pays prennent… Il y a certaines choses que nous savons scientifiquement, comme se laver les mains, c’est bien. Nous le savons depuis 150 ans. Nous savons également que nous devons maintenir une certaine distance sociale, c’est-à-dire ne pas nous rapprocher trop des autres. Mais le reste ? Personne ne sait si la fermeture des écoles aura un effet. Il en va de même pour la fermeture des frontières, ou d’interdire aux gens d’être à l’extérieur. ».
Ce spécialiste tient à préciser que « les mesures visant à aplatir la courbe pourraient avoir un effet, mais un verrouillage ne fait que repousser les cas graves vers l’avenir – il ne les empêchera pas. » Pour lui, les mesures de confinement remplissent un autre objectif que l’enrayement de la propagation de l’épidémie. Elles sont destinées essentiellement à gagner du temps pour désengorger les services d’urgence, attendre les premiers médicaments efficaces et la mise au point de vaccins. Sur ce dernier point toutefois, il se montre dubitatif : « il faudra du temps pour les mettre au point et, compte tenu du manque de clarté de la réponse immunologique protectrice à l’infection, il n’est pas certain que les vaccins soient très efficaces. »
Une stratégie fondée sur les « soins optimaux »
En résumé, affirme l’épidémiologiste, COVID-19 est une maladie hautement infectieuse qui se propage rapidement dans la société. Elle est souvent sans symptômes et peut passer inaperçue, mais elle provoque également des maladies graves, voire la mort d’une partie de la population. Selon lui, la tâche la plus importante des services de santé « n’est pas d’arrêter la propagation, ce qui est pratiquement inutile », mais de se concentrer sur la fourniture de « soins optimaux » aux personnes gravement infectées.
Le pari de l’immunité collective repose encore sur un socle d’incertitudes. L’immunité collective a été présentée comme le moyen le plus efficace de mettre fin à une épidémie en l’absence de vaccin. Pour le coronavirus responsable de la COVID-19, les experts estiment que l’immunité collective est atteinte quand les deux-tiers de la population ont été infectés. Celles-ci, si elles survivent à la maladie, développent des anticorps qui les immunisent. Le virus disparaît alors de la circulation faute d’hôtes suffisants.
Toutefois, le problème qui se pose avec Covid-19 est que l’on ne connaît pas la durée de cette immunité. Est-elle à vie comme pour certaines maladies ou ne dure-t-elle que quelques jours. On n’en sait rien et l’OMS tient à préciser dans un communiqué du 24 avril : « aucune étude n’a évalué si les anticorps au Sars-Cov-2 confèrent une immunité contre une nouvelle infection de ce virus chez l’homme ». L’organisation internationale déclare qu’elle « s’attend à ce que la plupart des personnes infectées par la Covid-19 développe une réponse anticorps qui lui assurera un certain niveau de protection ». Mais de quelle nature et pour combien de temps ?
Image d’en-tête : Johan Giesecke, photo Stefan Nilsson
Voilà, il fallait juste désengorger les services d’urgence qui n’en pouvaient plus. Maintenant reprenons une vie normale, redémarrons les entreprises elles aussi en état d’urgence absolue, et les salves de bisous pour tous ceux qui en veulent, moi le premier! Même si je suis coronarien, même pas peur!
Il y a tout de même, pour le moins, des contradictions dans ce que tous ces spécialistes en tout genre racontent ! D’un côté, l’ancien épidémiologiste d’État de Suède de 1995 à 2005, Johan Giesecke, affirme (lui aussi) que l’immunité collective sera atteinte dès le mois de mai à Stockholm et sa région. Et un peu plus loin dans l’article, il raconte que « compte tenu du manque de clarté de la réponse immunologique protectrice à l’infection, il n’est pas certain que les vaccins soient très efficaces». Ce que raconte d’ailleurs aussi Didier RAOULT… Bon, finalement, il faudrait savoir : soit… Lire la suite »
Terrible vanité que d’argumenter sur sa propre ignorance en jouant au poker avec la vie.
Voilà le virus contre lequel hélas, nous ne serons jamais immunisé.
Fatale sérendipité… la surprise risque d’être énorme quand nous mesurerons l’étendue des dégâts dus à notre prétentieuse stupidité.Mais certains se doutent peut être déjà des conséquences de ce qu’ils ont fait. Alors, avec toutes les conséquences qui vont avec, il ne sera pas simple qu’ils le reconnaissent et encore moins de le corriger.