L’explosion des cas de Covid-19 redoutée à cause des variants n’a toujours pas eu lieu, mais la plupart des spécialistes appellent à la prudence. Néanmoins la proportion de variants dans l’ensemble des cas continue d’augmenter, ce qui pourrait être, selon les épidémiologistes, le signe d’une « lame de fond » sous-jacente qui serait en mesure d’émerger à tout moment.
De fait, les autorités sanitaires se préparent à une nouvelle vague épidémique : les établissements de santé doivent activer « a minima » leur « plan de mobilisation interne », premier niveau du « plan blanc », d’ici ce 18 février, selon une circulaire du ministère de la Santé révélée par l’AFP.
Le variant britannique dominant ?
De leur côté, des chercheurs de l’Inserm constatent que « la souche historique du SARS-CoV-2 décroît alors que la progression du variant britannique s’intensifie ». Selon de nouvelles modélisations, ils jugent que ce variant « pourrait devenir dominant d’ici la fin du mois de février ou le début du mois de mars », a indiqué l’Inserm dans un communiqué.
Dirigés par l’épidémiologiste Vittoria Colizza, ces chercheurs s’attendent à une « résurgence des cas » due à « la diffusion des variants ». « Un possible ralentissement lié aux vacances scolaires, avec des mesures de distanciation sociale plus contraignantes, ainsi que le renforcement du dispositif tracer-tester-isoler permettrait de gagner du temps supplémentaire », estiment-ils.
Certaines régions suscitent des craintes particulières. À Dunkerque, une campagne « exceptionnelle » de dépistage va être organisée et 2.400 doses de vaccin supplémentaires allouées face à l’aggravation de la situation sanitaire, attribuée à la forte circulation du variant anglais. Et en Moselle, c’est le variant sud-africain qui continue à inquiéter, même si aucune nouvelle restriction n’a été imposée.
Pour tenter de mieux cerner la progression des variants, des spécialistes réclament un effort sur le séquençage génétique qui permet de les repérer. « Il faut séquencer urgemment (…). On est capable de faire aussi bien qu’en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis », a déclaré à l’AFP le généticien lillois Philippe Froguel.
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Les incertitudes sont loin d’être levées
Les incertitudes sur la suite de l’épidémie sont donc loin d’être levées et, signe d’un provisoire qui dure, la loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire a été publiée ce 16 février au Journal officiel. D’autant que les nouvelles sur le variant anglais ne sont pas des plus optimistes. En effet, selon une évaluation publiée vendredi 12 février par les scientifiques du gouvernement britannique, le variant du coronavirus originaire du Royaume-Uni s’avèrerait probablement plus mortel que la souche originale.
Dans le rapport, qui évalue plusieurs études, les scientifiques ont estimé que la souche, connue sous le nom de B.1.1.7, pourrait être 30 à 70 % plus mortelle que le virus original. Des études ont déjà montré que la souche britannique est plus transmissible et le Premier ministre Boris Johnson a annoncé le mois dernier qu’elle pourrait également être « associée à un degré de mortalité plus élevé ». L’évaluation a confirmé cette inquiétude, mais les scientifiques ont également déclaré qu’il faudrait mener des études plus approfondies sur les décès.
L’étude indique également que le variant britannique est de 35 à 45 % plus transmissible que les autres souches qui se propagent actuellement. Les scientifiques ont également exprimé leur inquiétude quant au fait que ce variant pourrait développer une mutation qui l’aiderait à échapper aux vaccins.
On ne sait pas encore très bien pourquoi le variant britannique pourrait avoir un taux de mortalité plus élevé. Les scientifiques ont déclaré qu’une des raisons possibles est que les personnes qui en sont infectées pourraient avoir une charge virale plus élevée, ou une plus grande quantité du virus dans leur corps, ce qui est lié à une Covid-19 plus grave.