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Les infections résistantes aux médicaments menacent de devenir la prochaine pandémie

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Face à la résistance aux antimicrobiens, qui augmente dramatiquement, menaçant de causer la prochaine pandémie, et comportant des implications de dimension mondiale pour la santé, les systèmes agroalimentaires et les économies, la FAO invite les acteurs de tous les secteurs, des agriculteurs aux cuisiniers, des producteurs aux consommateurs, à intensifier leurs efforts afin d’empêcher la propagation des microbes résistants aux médicaments.

Face à la résistance aux antimicrobiens, qui augmente dramatiquement et menace de causer la prochaine pandémie, la FAO émet des recommandations pour freiner la propagation du danger des bactéries multirésistantes et invite les acteurs de tous les secteurs, des agriculteurs aux cuisiniers, des producteurs aux consommateurs, à intensifier leurs efforts afin d’empêcher la propagation des microbes résistants aux médicaments.

Lors de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens qui se tenait en novembre 2020, l’Organisation, qui tenait à rappeler que chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, notamment les acteurs des secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, présentait des recommandations destinées à freiner la propagation de la résistance aux antimicrobiens.

La résistance aux antimicrobiens se définit comme la capacité des microbes à persister ou se développer en présence de médicaments conçus pour les inhiber ou les neutraliser. Ce phénomène est accéléré par l’utilisation d’antimicrobiens conçus pour éliminer les agents pathogènes indésirables présents chez les humains, les animaux et dans les cultures. L’utilisation d’antimicrobiens dans les soins de santé prodigués aux humains et aux animaux alimente particulièrement cette résistance.

Les maladies résistantes aux médicaments causent désormais quelque 700 000 décès par an. On constate une augmentation de l’incidence de maladies courantes, notamment des infections des voies respiratoires, des infections sexuellement transmissibles et des infections urinaires, devenant plus difficiles à traiter. De manière croissante, la résistance aux médicaments met en péril nos systèmes agroalimentaires et la sécurité alimentaire mondiale.

La pandémie du Covid-19 nous a fait toucher du doigt les liens d’interdépendance, plus étroits que jamais, entre santé humaine, santé animale et santé de l’environnement. Les agents pathogènes qui touchent une région peuvent exacerber les problèmes que connaissent d’autres régions et conditionner fortement la manière dont nous assurons la prévention sanitaire et luttons contre ce qui met en péril la santé dans le monde. La résistance aux antimicrobiens, qui constitue l’un de ces périls d’échelle mondiale, peut s’avérer plus dangereuse encore que le Covid-19. Elle modifie en profondeur les données du vivant que nous connaissons.

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« Tout comme la pandémie du Covid-19, le péril que représente la résistance aux antimicrobiens ne se situe plus dans un futur hypothétique. Il se manifeste ici et maintenant, et nous touche tous », a déclaré la Directrice générale adjointe, Mme Maria Helena Semedo. « Dans le monde entier, des personnes, des animaux et des végétaux périssent déjà des suites d’infections qui ne peuvent plus être soignées, même avec les traitements antimicrobiens les plus puissants dont nous disposons. Si la résistance aux antimicrobiens n’est pas maîtrisée, la pandémie à laquelle nous serons confrontés après celle-ci pourrait être d’origine bactérienne, et s’avérer bien plus mortelle si les médicaments nécessaires pour la soigner s’avèrent sans effets », a-t-elle ajouté.

Le travail de la FAO sur la résistance aux antimicrobiens est mené en coordination avec l’OMS et l’OIE, selon l’approche « Un monde, une santé ».

La résistance aux antimicrobiens dans l’alimentation et l’agriculture

Les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture sont appelés à occuper un rôle central dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Dans de nombreuses régions du monde, le recours aux antimicrobiens est beaucoup plus important sur les animaux que dans les soins de santé humaine, et progresse rapidement avec la croissance démographique et l’augmentation de notre demande alimentaire mondiale.

Dans sa propagation, la résistance aux antimicrobiens prend de vitesse les scientifiques qui mettent au point de nouveaux antimicrobiens et menace les systèmes alimentaires, la sécurité alimentaire, la sûreté sanitaire des aliments, les systèmes de santé et les économies du monde entier. Notre unique recours face à cela est d’adopter une stratégie qui conserve leur efficacité aux antimicrobiens dont nous disposons. Il n’est pas trop tard, mais le temps presse pour éviter de plus amples ravages, avertit la FAO aujourd’hui.

Le 23 novembre, cet organisme des Nations Unies a créé une nouvelle communauté de spécialistes de l’évolution des comportements, dont la vocation est de concevoir des solutions qui rendent plus facile à chacun une utilisation appropriée des antimicrobiens, qui garantisse une prévention efficace des maladies. Cette communauté de spécialistes, où des agriculteurs et d’autres acteurs de la filière alimentaire, des vétérinaires, des épidémiologistes, des experts de la résistance aux antimicrobiens et des spécialistes des sciences du comportement vont contribuer à la richesse des points de vue, et s’employer à infléchir les comportements, tant au niveau des exploitations agricoles qu’à celui de l’action publique, en vue de ralentir la propagation de la résistance aux antimicrobiens.

Rallier le combat contre la résistance aux antimicrobiens

La FAO présente donc des mesures conçues pour chaque catégorie d’acteurs dont la contribution est décisive dans ce combat :

Les agriculteurs :

  1. Lavez-vous soigneusement les mains et nettoyez vos chaussures et vêtements avant et après tout contact avec les animaux. Cela permet d’éliminer les germes des maladies des animaux et des personnes.
  2. Veillez sur la santé des animaux. Les animaux en bonne santé ont moins besoin d’antimicrobiens, ce qui a pour corollaire un allègement des coûts des soins, une meilleure sécurité alimentaire et de subsistance et une plus faible mortalité animale. S’agissant de l’agriculture, les agriculteurs peuvent adopter les mesures suivantes dans l’intérêt de la santé de leurs animaux :
  • Assurez la propreté des bâtiments d’élevage et des espaces extérieurs utilisés par les animaux.
  • Réduisez le risque de propagation des germes des maladies. Mettez en œuvre les mesures de biosécurité appropriées.
  • Adoptez la méthode des « entrées et sorties groupées » sur votre exploitation, afin de réduire le risque que des animaux nouveaux arrivants n’infectent ceux que vous y aurez maintenus.
  • Conservez les aliments pour animaux en un lieu sec où ils seront stockés à l’abri des rongeurs, des oiseaux, des insectes et d’autres animaux susceptibles de véhiculer des bactéries ou d’autres germes de maladies.
  • Évitez le stress à vos animaux.
  • Aidez vos animaux à conserver la santé et évitez les maladies en leur assurant une bonne nutrition et en leur fournissant une eau pure.
  • Vaccinez-les ! Demandez à votre vétérinaire spécialiste de vous aider à administrer les vaccins importants au bon moment.
  1. Sollicitez d’un professionnel de la santé animale le diagnostic et le traitement corrects, car l’utilisation d’un médicament inadapté expose vos animaux, votre famille et vous-même à un risque de contracter des infections résistantes aux antimicrobiens.
  2. Propagez la bonne parole, pas les microbes ! Dites aux autres agriculteurs et faites savoir autour de vous ce que vous avez appris de l’importance d’une utilisation responsable des antimicrobiens.
  3. N’utilisez les pesticides qu’en dernier recours : Les pesticides ne sont pas l’unique solution. Dans la lutte contre les maladies, n’appliquez des pesticides sur vos plantes cultivées qu’en dernier recours.

Les travailleurs de la filière alimentaire et les consommateurs :

  1. Respectez les quatre principes de la sécurité sanitaire des aliments, soit les « quatre C » qui permettent de réduire la propagation des bactéries multirésistantes et des micro-organismes pouvant causer des maladies chez les personnes.

Contact propre – Lavez-vous soigneusement les mains avant et après tout contact avec des aliments et du bétail (en particulier après avoir touché de la viande crue) et après être passé aux toilettes. Nettoyez régulièrement les surfaces qui servent à la préparation des aliments.

Cuisson – Cuisinez complètement les aliments pour éliminer les germes dangereux. Ne réchauffez pas les aliments plusieurs fois.

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Chaîne du froid – Conservez les aliments réfrigérés à la bonne température dans le réfrigérateur et pendant leur transport.

Contamination croisée – Veillez à la propreté des espaces où sont préparés et entreposés les aliments afin d’éviter toute contamination croisée. Conservez et transformez les viandes crues séparément des autres aliments.

  1. Entamez des conversations ! Abordez le sujet de la résistance aux antimicrobiens avec vos collègues, votre famille, vos amis et dans votre entourage. Encouragez sur votre lieu de travail l’élaboration et l’adoption de mesures qui aident à réduire la propagation de la résistance aux antimicrobiens.
  2. Aidez à préserver l’efficacité des antimicrobiens pour tous. Suivez les conseils de votre médecin pour savoir si vous ou votre famille avez besoin d’antibiotiques. Sollicitez toujours l’avis d’un professionnel de santé avant de prendre des antibiotiques.

Les décideurs politiques :

  1. Rendez prioritaire la résistance aux antimicrobiens. Affectez dès à présent des ressources à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens et à l’accomplissement des objectifs du plan d’action national sur la résistance aux antimicrobiens. Faites en sorte que la résistance aux antimicrobiens figure en bonne place dans les programmes politiques.
  2. Associez les parties prenantes aux décisions d’action publique : En associant les acteurs de tous les stades de la filière alimentaire et des secteurs public et privé à l’élaboration des politiques et des législations, celles-ci n’en seront que plus efficaces.

Partenaires pourvoyeurs de ressources :

  1. Appuyez les travaux de l’Alliance tripartite sur la résistance aux antimicrobiens : Le Fonds fiduciaire multipartenaires pour la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, codirigé par la FAO, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a pour vocation d’amplifier les efforts d’aide aux pays dans leur lutte contre la résistance aux antimicrobiens suivant l’approche « Un monde, une santé ». Soutenez l’Alliance tripartite afin qu’un plus grand nombre de pays bénéficie de ce travail et aidez-la à mener la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
  2. Comblez les lacunes sur le sujet : Épaulez la recherche et les projets sur des aspects de la résistance aux antimicrobiens pour lesquels des éléments probants font défaut.

Enseignants et chercheurs dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’environnement et de la médecine vétérinaire :

  1. Agissez au sein de vos institutions pour faire reconnaître la résistance aux antimicrobiens comme enjeu majeur : Faites de la résistance aux antimicrobiens un sujet obligatoire des programmes d’études. Organisez des rencontres et des activités intersectorielles, notamment des conférences, des webinaires et des séminaires, qui feront mieux connaître la propagation de la résistance aux antimicrobiens dans les différents secteurs.
  2. Échangez les connaissances par-delà les frontières : Invitez des chercheurs du monde entier à s’exprimer dans vos établissements et à faire partager leurs idées.

Jeunes et groupes d’étudiants :

  1. Faites entendre votre voix ! Faites de la résistance aux antimicrobiens une priorité pour vos groupes et associations d’étudiants et menez différentes activités de sensibilisation : marches, conférences et rencontres dans vos cercles de connaissances.
  2. Diffusez des exemples de vos activités : Échangez des exemples de votre travail de sensibilisation sur les réseaux sociaux et avec les journalistes. Donnez à d’autres groupes l’envie d’agir et de devenir des « champions de la cause de l’AMR ».

Les parties prenantes du secteur privé :

  1. Appuyez l’action contre la résistance aux antimicrobiens sur les lieux de travail : Aménagez des installations sur vos lieux de travail, usines et sites qui permettent aux employés d’agir plus facilement contre la résistance aux antimicrobiens.
  2. Soyez un industriel responsable : Faites le nécessaire pour que vous et vos fournisseurs éliminiez correctement les déchets et les eaux usées, en contribuant ainsi à réduire la propagation des bactéries multirésistantes.

ONG et groupes de la société civile :

  1. Intégrez des mesures de lutte contre la résistance aux antimicrobiens dans des projets, qu’ils soient nouveaux ou en cours : De nombreuses mesures prises à l’effet d’endiguer la propagation des bactéries multirésistantes offrent des avantages pour la santé, l’assainissement, la lutte contre les maladies et la gestion des déchets. Ces mesures peuvent être mises en œuvre à peu de frais. Intégrez ces mesures dans les initiatives en cours.
  2. Suscitez un dialogue : Discutez de la résistance aux antimicrobiens et des bactéries multirésistantes avec les collectivités dans lesquelles vous travaillez, et œuvrez à la prise de conscience de la nécessité de maintenir l’efficacité des antimicrobiens.

Professionnels de la santé animale :

  1. Évoquez les bonnes pratiques en matière d’administration de médicaments antimicrobiens aux animaux : Lorsque vous visitez les exploitations agricoles et distribuez des médicaments, engagez une discussion sur la résistance aux antimicrobiens et la santé animale avec les agriculteurs pour ouvrir un dialogue sur la question.
  2. Faites partie du mouvement de lutte contre la résistance aux antimicrobiens ! Créez ou intégrez des cercles, des groupes et des rencontres ayant la santé animale pour thème dans votre région et prenez-y la parole. Échangez des exemples de votre travail en matière de résistance aux antimicrobiens en vue d’encourager d’autres personnes à devenir des promoteurs de la lutte contre ce phénomène.

Dans son allocution liminaire sur la résistance aux antimicrobiens, le Directeur général de l’OMS, lors du Dialogue interactif de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies fin avril dernier, déclarait : « La COVID-19 a montré les terribles répercussions que pouvait avoir un microbe pour lequel nous ne disposons d’aucun traitement et d’aucun vaccin sur la santé, les sociétés et les économies. Mais la pandémie a également révélé les défis qu’il nous faudra relever pour mettre en place une riposte mondiale coordonnée face à une menace planétaire. Nous devons absolument déployer, ensemble, le même empressement, la même capacité d’innovation et la même solidarité pour faire face à la résistance aux antimicrobiens, et surmonter les difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés dans la riposte à la pandémie.
La pandémie de COVID-19 a également mis en lumière combien il est urgent d’agir face à une lacune flagrante dans les systèmes de santé du monde entier : le manque d’eau et de systèmes d’assainissement. À l’échelle mondiale, les agents de santé ne disposent d’aucun point d’eau pour se laver les mains auprès des patients dans un tiers des établissements de santé. En l’absence de mesures de lutte anti-infectieuse, nous ne pourrons pas endiguer la propagation de la résistance aux antimicrobiens.
Voilà pourquoi nous sommes invités à examiner un nouvel indicateur des objectifs de développement durable (ODD) portant sur les infections sanguines en lien avec la résistance aux antimicrobiens, dans le but de renforcer les capacités dans les pays.
Cela est particulièrement important pour appuyer les efforts des pays à revenu faible ou intermédiaire en matière d’alerte précoce et de gestion des risques sanitaires nationaux et mondiaux.
Pour terminer, j’exhorte tous les pays à signer l’appel à l’action 2021 portant sur la résistance aux antimicrobiens. Ce texte jouit déjà de nombreux appuis.
Les nations du monde entier doivent de toute urgence se rassembler afin de s’engager durablement dans la lutte planétaire visant à stopper la résistance aux antimicrobiens. »

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