Face à l’effondrement – Militer à l’ombre des catastrophes de Luc Semal – Edition Puf – L’écologie en questions, février 2019 – 361 Pages
Un vent de collapsologie souffle aujourd’hui sur les mobilisations écologistes, l’écologie politique et notamment sur sa jeunesse. Parce que nous n’avons pas su nous adapter, l’effondrement à moyen terme de nos sociétés s’est transformé en quasi-certitude.
La perspective catastrophiste est loin d’être anodine. Elle fait partie intégrante des théories et des mobilisations écologistes depuis un demi-siècle. Et loin de déboucher nécessairement sur une rhétorique sacrificielle, elle peut constituer un aiguillon démocratique pour aider un collectif à réagencer ses théories, ses pratiques et ses projets politiques dans un sens plus compatible avec la réalité du contexte écologique et matériel qui s’annonce.
Elle pourrait enfin permettre aux démocraties modernes de se réinventer par la formulation d’un projet qui, sans renoncer aux idéaux de liberté et d’égalité, prendrait en revanche ses distances avec son imaginaire trop continuiste, dans une forme – à ce jour inexistante – de démocratie post-pétrole et post-croissance.
Pour beaucoup « l’effondrement est en cours ». Sans doute ce terme d’effondrement, plus qu’un autre, mérite que l’on s’y attarde : n’est-il que l’effet d’une surenchère dans l’alarme grandiloquente ? Ou traduit-il au contraire quelque chose de profond, une angoisse quasi existentielle face à la perspective bien concrète des désastres écologiques et humains qui s’amorcent, à une échelle historiquement inédite, sous les effets cumulés du réchauffement global, de la raréfaction des ressources, de la sixième extinction de masse, de l’acidification des océans, ou encore de la prolifération du nucléaire civil et militaire ?
L’intention de cet ouvrage est d’envisager cette seconde hypothèse à travers une analyse du catastrophisme écologique, entendu comme un phénomène idéologique consubstantiel à la pensée écologique et à l’écologie politique depuis les années 1960, et intégrant l’effondrement de la civilisation industrielle globale comme conséquence possible, probable ou certaine de la catastrophe écologique globale amorcée par tout ou partie de l’humanité.
Luc Semal est maître de conférences en Science politique au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur au Centre d’écologie et des sciences de la conservation (Cesco-UMR 7204), équipe Socio-écosystèmes.