Nous colonisons l’avenir, de David Van Reybrouck – Editions Actes sud, 1er mars 2023 – 64 pages
Dans la lignée de Contre les élections (2014), David Van Reybrouck a écrit un plaidoyer bref et sans équivalent en faveur de la justice climatique. Un constat sans appel qui se transforme en leçon de résistance et d’optimisme et propose des solutions politiques aptes à renouveler la vie démocratique.
Dans l’épilogue de Revolusi, David Van Reybrouck écrit que “l’humanité confisque le siècle à venir avec la même rigueur impitoyable dont elle fit preuve aux temps anciens pour s’approprier des continents entiers. 2020, poursuit-il, exerce son pouvoir sur 2080 avec une arrogance et une indifférence qui donnent le tournis.” Mais il ne s’en tient pas seulement à cette idée de colonisation temporelle, si pertinente, si efficiente. Il propose quatre modes d’action susceptibles d’impliquer les citoyens dans les processus de décision et dans leur exécution.
Sa première préconisation concerne les forums citoyens (dont les membres sont élus par tirage au sort), introduits dans Contre les élections. David Van Reybrouck cite en exemple la Convention citoyenne pour le climat, mais critique sa médiocre application. Il propose alors une méthode (une suite de référendums partiels) permettant de “filtrer” les conclusions d’une telle convention sans tomber dans l’arbitraire des décisions gouvernementales.
Dépassant le niveau national, il critique le manque de solidarité des États dans les réunions internationales, et suggère pour y remédier une “Global Assembly” (une initiative des Nations Unies), sorte de convention citoyenne au niveau mondial, élue elle aussi par tirage au sort.
Pour impliquer les citoyens dans la mise en œuvre des décisions, il recommande une mesure assez révolutionnaire, l’instauration de “droits d’émission individuels”. En début d’année, chacun recevrait de son gouvernement un quota personnel d’émissions (enregistré sur son smartphone, sa carte bancaire ou quelque autre support) à ne pas dépasser. Selon ses actes (plein d’essence, voyage en avion…), un nombre conventionnel de “droits” serait débité de son compte. Les plus vertueux pourraient revendre le reliquat de leurs droits sur un marché dédié, les autres seraient contraints de leur racheter des droits supplémentaires. Une façon de “faire payer les riches”.
David Van Reybrouck, né en 1971, est essayiste, historien, romancier et auteur de théâtre. Il a notamment publié chez Actes Sud Congo. Une histoire (2012, prix Médicis essai, Babel n° 1279) ; Contre les élections (2014, Babel n° 1231) ; Odes (2021), et Revolusi. L’Indonésie et la naissance du monde moderne (2022).