Présentée au Palais de la Porte Dorée à partir du 17 octobre, cette exposition explore les dynamiques des migrations humaines, mais aussi du vivant qui sont liées au dérèglement climatique. Pour la première fois, le Palais de la Porte Dorée déploie dans l’ensemble de ses espaces, Musée et Aquarium. Cette exposition-monde explore les liens entre bouleversements écologiques et mobilités humaines ou animales. Témoignages, œuvres, récits de vie et données inédites permettent de mieux comprendre les transformations en cours.
Plus de 200 photographies, documentaires, œuvres d’art dont certaines inédites, témoignages, vidéos, infographies et installations sont rassemblées pour une expérience de visite documentée, incarnée et sensible. En croisant les regards artistiques, scientifiques et citoyens, Migrations et Climat éclaire un débat de société majeur, invitant à replacer l’humain et le vivant au cœur des préoccupations climatiques, culturelles et sociales et à imaginer collectivement des réponses face aux bouleversements en cours.
Les créations d’artistes internationaux comme Lucy + Jorge Orta, Inès Katamso, Margaret Wertheim, Ghazel ou encore Quayola, dialoguent avec les enjeux propres à différentes parties du monde, ici mises en lumière, du Sénégal aux Îles du Pacifique en passant par le Groenland ou bien sûr la France. Le parcours donne à voir et à entendre, dans leur diversité, des réalités souvent méconnues de nous comme des populations directement concernées.
L’exposition a été conçue avec une grande rigueur scientifique, reposant sur les données issues d’organisations spécialisées, un conseil constitué d’experts internationaux dont François Gemenne, rapporteur du GIEC spécialiste reconnu des migrations environnementales, Sylvie Dufour, biologiste marine, directrice de recherche émérite au CNRS. Ce travail repose également sur des échanges nourris avec des témoins, des activistes et des personnes directement concernées.
Une réflexion critique nourrie par l’art, la science et les questions de société
Quatre grandes sections viennent rythmer l’exposition et invitent le public à découvrir comment le vivant fait face depuis toujours aux bouleversements de son environnement, à travers des œuvres, des cartes, des témoignages ou encore des objets de mémoire. Conçue pour être accessible à toutes et tous, l’exposition est également pensée pour toucher aussi des publics jeunes et propose notamment un espace dédié afin de leur offrir une découverte ludique et pédagogique des enjeux abordés.
La première partie de l’exposition « Migrations climatiques, rien de nouveau sous le soleil ? » retrace l’histoire longue des migrations liées à l’environnement et interroge les représentations contemporaines de ces phénomènes. La seconde partie explore les stratégies d’adaptation développées par les populations concernées.
La section « Que faire ? » présente les réponses institutionnelles, entre aide humanitaire et évolution du droit.
Enfin, à l’Aquarium, une section dédiée explore les enjeux de biodiversité à travers trois régions du monde.
Des migrations à travers le climat et le temps : une histoire ancienne, des réponses contemporaines
L’exposition met en lumière une réalité souvent oubliée : les migrations liées au climat ne sont pas un phénomène nouveau. Depuis des millénaires, les sociétés humaines et les êtres vivants ont été contraints de se déplacer en raison de bouleversements environnementaux : sécheresses prolongées, glaciations, catastrophes naturelles, transformations des sols… Elles s’inscrivent dans des dynamiques complexes, où les facteurs environnementaux s’entrelacent avec des causes économiques, politiques ou sociales.
Face au climat : stratégies d’adaptation et résilience collective
Cette mise en perspective historique permet aussi de mieux comprendre les réponses apportées aujourd’hui face à ces bouleversements. Car si les migrations liées au climat sont une constante de l’histoire humaine, les formes d’adaptation le sont tout autant. Agriculture repensée, relocalisation des habitats, réseaux de solidarité,
revitalisation des savoirs traditionnels… les solutions, souvent ancrées dans le territoire et portées par les communautés elles-mêmes, témoignent d’une inventivité face à l’urgence.
À ces initiatives locales s’ajoutent des actions menées à plus grande échelle : politiques de prévention des risques, réaménagements urbains, reconnaissance de nouveaux droits pour les déplacés, accords de coopération régionale ou internationale.
L’exposition interroge également la notion de « réfugié climatique », terme largement utilisé dans le discours public, mais absent du droit international.
Comprendre les mécanismes, déconstruire les idées reçues
À travers plusieurs études de cas, accessibles à tout âge, l’exposition permet de comprendre la réalité complexe des mobilités qui dépendent de dynamiques sociales, politiques et économiques et varient d’un territoire à l’autre. Dans le delta du Mékong, au Vietnam, la montée du niveau de la mer et la salinisation des sols contraignent des agriculteurs à modifier leur activité ou à migrer vers la capitale. Au Soudan du Sud, l’alternance d’épisodes de sécheresses et d’inondations provoque une raréfaction des terres cultivables et pousse des populations au départ, dans un pays où les conflits armés sont déjà sources de déplacements forcés. Tandis que la France, notamment à Mayotte ou en Vendée, fait face à une recomposition littorale due à l’artificialisation des sols et la montée du niveau de la mer. Ces études de cas viennent montrer que les migrations ne se résument pas à un exil brutal et du sud vers le nord. Les migrations peuvent être temporaires, saisonnières ou internes et sont souvent une réponse ultime à une pression environnementale croissante.
Des océans en mutation : impacts et adaptations
Dans les espaces de l’Aquarium tropical, l’exposition s’attache à poser un regard attentif sur les bouleversements qui affectent les écosystèmes marins et côtiers à l’échelle mondiale et sur les communautés humaines qui en dépendent.
Trois régions viennent illustrer la diversité des impacts du changement climatique sur les littoraux, les ressources et les modes de vie. Au Sénégal, la diminution des ressources aquatiques, liée à la surpêche et au réchauffement des eaux, bouleverse les pratiques et fragilise les communautés côtières. Dans le Pacifique, les petites îles de basse altitude comme Tuvalu, Kiribati ou Vanuatu luttent pour leur survie face à la montée des eaux qui submerge ses terres. Enfin, au Groenland, le comportement erratique de la nature perturbe les modes de vie des populations autochtones.
Des installations interactives, des témoignages sonores et visuels et une projection immersive permettent de percevoir ces réalités souvent invisibles et offrent une vue d’ensemble de l’évolution des océans, croisant données scientifiques et récits personnels.
Le commissariat :
- Bruno Girveau, conservateur général du patrimoine honoraire, commissaire général
- Elisabeth Jolys-Shimells, conservatrice en chef du patrimoine, commissaire.
- Gabriel Picot, responsable du développement culturel et pédagogique de l’Aquarium tropical, commissaire.
- Accompagnés par Olivier Bedoin, assistant d’exposition.
Le conseil scientifique :
- Sylvie Dufour, directrice de recherche émerite, CNRS ; chargée de mission mer, Musée National d’Histoire naturelle (MNHN) ;
- François Gemenne, politologue, professeur à Sciences Po Paris, à l’Université Libre de Liège et à HEC Paris, rapporteur du GIEC.
- Pour l’Agence Française de Développement (AFD) :
- Mathilde Bord-Laurans, Responsable de la division Climat et Nature ;
- Matthieu Buratti, Chargé de mission Gouvernance.
⇾ Vernissage le 15 octobre 2025 de 9 h à 13 h
Exposition « Migrations et climat : comment habiter notre monde ? » du 17 octobre 2024 au 5 avril 2026 – Musée national de l’histoire de l’immigration, 293 avenue Daumesnil – 75012 – Paris
Image d’en-tête : Lucy + Jorge Orta, « Antarctic Village – No Borders », 2007-2021. Crédit Courtesy Lucy + Jorge Orta. Musée national de l’histoire de l’immigration, Paris © Photo de Thierry Bal © ADAGP, Paris, 2025







