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Tout ce qui est gelé sur Terre disparaît à vitesse accélérée

Tout ce qui est gelé sur Terre disparaît à vitesse accélérée

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La cryosphère est en danger. Diminution de la banquise, fonte des glaciers… les modifications rapides et parfois irréversibles de la cryosphère – surface où l’eau est à l’état de glace – sous l’effet du changement climatique et des bouleversements écosystémiques qu’il provoque nécessitent une coordination internationale de toute urgence, a alerté l’ONU ce mardi 30 mai.

Par une décision unanime des pays membres de l’Organisation météorologique mondiale réunis actuellement en Congrès à Genève, l’organisation a approuvé une résolution qui fait de l’étude des modifications de la cryosphère « une de ses principales priorités », a déclaré mardi une porte-parole de l’agence onusienne, Clare Nullis, aux journalistes.

Les impacts du réchauffement de la cryosphère nous concernent tous

Cette décision a été prise « compte-tenu des impacts croissants de la diminution de la banquise, de la fonte des glaciers, des calottes glaciaires, du pergélisol et de la neige sur l’élévation du niveau de la mer, les risques liés à l’eau et la sécurité de l’eau, les économies et les écosystèmes », a-t-elle expliqué.

Les plus grands spécialistes en météorologie du monde entier sont réunis du 22 mai au 2 juin dans la ville suisse pour élire le nouveau secrétaire général de l’organisation et discuter de nombreux sujets, y compris les effets du réchauffement climatique sur la cryosphère, qui regroupe banquise, glaciers, calottes polaires et pergélisols, sols gelés en permanence.

La résolution adoptée appelle à une meilleure coordination des observations et des prévisions, ainsi que sur l’échange de données et de la recherche. De son côté, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) va intensifier ses activités sur le sujet. « La question de la cryosphère n’est pas qu’un sujet brûlant pour l’Arctique et l’Antarctique, c’est aussi un problème mondial », a observé le secrétaire général de l’OMM, le Finlandais Petteri Taalas, dans un communiqué.

Lors des débats, des délégués du monde entier – des petits États insulaires des Caraïbes à l’Afrique, de la Russie au Canada – ont fait état de leur préoccupation face aux modifications rapides, et pour certaines irréversibles, de la cryosphère, a relevé Mme Nullis. « Nous avons besoin de plus de surveillance pour suivre l’ampleur et la vitesse du changement. Et nous devons vraiment réfléchir sérieusement à la gestion des ressources en eau », a-t-elle insisté.

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Elle a ainsi souligné en guise d’exemple que plus d’un milliard de personnes dépendent de l’eau qui provient de la fonte des neiges et des glaciers : lorsque les glaciers auront disparu, « pensez à ce qui arrivera à la sécurité de l’approvisionnement en eau de l’eau de ces gens ». Quant au pergélisol arctique, qualifié de « géant endormi », il stocke deux fois plus de carbone que l’atmosphère aujourd’hui, a relevé la porte-parole.

La vie grouille dans les glaces

Cette fonte des glaces partout sur la planète est un effet du réchauffement climatique mais il présente la caractéristique alarmante aux yeux des scientifiques de s’accélérer considérablement. Car on sait mieux aujourd’hui que les glaciers ne sont pas dépourvus de vie. Ce ne sont pas seulement des virus venus d’outre-temps qui s’y cachent ; des quantités énormes de microbes sont tapies dans la glace.

Les glaces grouillent de formes de vies microscopiques. Tels des zombies saisonniers, nombre de ces organismes dorment en hiver et ne sortent de leur sommeil glacé qu’avec la fonte estivale. « Une petite flaque d’eau de fonte sur un glacier peut facilement contenir 4 000 espèces différentes », explique le microbiologiste Alexandre Anesio, de l’université d’Aarhus, en Suède. « Elles vivent de bactéries, d’algues, de virus et de champignons microscopiques. C’est tout un écosystème dont nous ne soupçonnions pas l’existence jusqu’à récemment ».

Le microbiologiste et son équipe ont publié dans la revue scientifique Geobiology le dernier compte-rendu de leurs travaux. Ils racontent que lorsque les chercheurs ont analysé la glace et la neige de deux glaciers au milieu ou à la fin de l’été, l’un en Islande et l’autre au Groenland, plus de la moitié des bactéries qu’ils ont trouvées étaient actives. Les autres étaient dormantes ou mortes. Toutefois, en l’espace d’un jour seulement après le dégel, certains de ces microbes dormants ont retrouvé la capacité de lire les gènes et de produire des acides aminés – comme les rouages rigides d’une machine qui tournent enfin après six mois d’immobilité.

Ces résultats suggèrent que les communautés microbiennes présentes sur la neige et la glace peuvent réagir rapidement aux variations de la fonte des glaces. À l’avenir, les pluies et les épisodes de réchauffement hivernal dans l’Arctique devraient augmenter avec le changement climatique, et certains microbes prospèrent déjà dans la neige fondue. L’algue des neiges qui se développe le mieux dans les eaux de fonte du Groenland est d’un violet foncé profond et, ces dernières années, des scientifiques comme M. Anesio ont remarqué que cette couleur se répandait. « Lorsque je me rends au Groenland, je vois maintenant de vastes zones où la glace est complètement sombre à cause des algues », explique M. Anesio.

Ce phénomène ne crée pas seulement un gracieux jeu de couleurs dans le paysage : il alimente un véritable cercle vicieux. L’aspect assombri de la neige et de la glace signifie en fin de compte qu’une plus grande partie de la chaleur du soleil est absorbée, ce qui augmente la fonte d’au moins 20 %.

L’efflorescence des glaciers

Les algues des neiges ne sont pas un facteur pris en compte dans les modèles climatiques actuels. C’est une des raisons pour lesquelles les glaciers du Groenland pourraient fondre plus rapidement dans la réalité que ne le prévoient les modèles.

Une étude précédente, par exemple, a montré que l’ajout d’eau à un manteau neigeux pendant deux mois entraînait une augmentation de 48 % des algues dans la neige. Après seulement trois jours de décongélation en laboratoire, certains échantillons de l’étude actuelle contenaient 35 % de microbes actifs de plus qu’auparavant. « Nos résultats suggèrent que les microorganismes glaciaires sont capables de répondre à de courts événements de fonte sur une échelle de temps allant de quelques heures à quelques jours, ce qui est suffisamment court pour que la fonte périodique à la surface des glaciers ait un impact potentiel sur le fonctionnement des écosystèmes glaciaires et des cycles biogéochimiques », écrivent les scientifiques.

« Le réchauffement hivernal accru devrait devenir plus fréquent en raison du changement climatique futur et pourrait donc entraîner des changements écologiques sur les glaciers. L’avenir de la neige et de la glace arctiques ne semble pas seulement plus sombre. Il l’est, et ce n’est pas une métaphore.

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