La France s’apprête à accueillir en décembre la grande conférence internationale sur le climat et la réduction des gaz à effets de serre mais elle est aussi le seul pays du monde à débattre encore de la responsabilité humaine dans le réchauffement en cours. Dans le même temps, le Président Obama déclare devant l’armée américaine que le changement climatique est une menace majeure pour la sécurité et qu’il faut se préparer au combat.
Le mensuel La Recherche et le site lemonde.fr révèlent que les climatosceptiques font actuellement leur nid à l’Académie des sciences. Cette grande institution académique française est chargée de rendre un avis sur le réchauffement climatique. Il se trouve qu’à l’occasion de ces travaux, un climatosceptique notoire, Vincent Cortillot, proche de Claude Allègre, a réussi la performance de semer le doute et de tenter de faire annexer au rapport un texte remettant en question la responsabilité humaine et le rôle des émissions de gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique. Du jamais vu, non seulement dans les annales du Quai Conti, mais aussi au niveau mondial ! Le mensuel La Recherche écrit : « Aucune grande académie au monde n’a à ce jour fait un tel cadeau aux négateurs de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique ». De quoi atteindre une notoriété mondiale pour cette vénérable institution, mais malheureusement pas pour la qualité de ses travaux.
Vincent Cortillot, de l’Académie des Sciences
En trente ans d’existence, les négateurs n’ont jamais dépassé qu’une infime fraction (3%) de la communauté scientifique internationale. L’affaire tombe mal car, pays organisateur de la COP 21, la France sera le point de mire du monde sur la bataille contre le réchauffement climatique.
Comment en est-on arrivé là ? La Recherche explique que les manœuvres de Vincent Courtillot et le rétablissement de Claude Allègre après ses incidents de santé qui l’ont éloigné un temps du débat public trouvent une oreille bienveillante au cœur même de la gouvernance de l’Académie. Un de ses deux secrétaires perpétuels, Catherine Bréchignac, n’hésitait pas ainsi en janvier 2015 à affirmer du haut de son autorité que les températures globales n’avaient pas bougé depuis dix-sept ans. Un point de vue à courte distance largement controversé par toute la communauté scientifique. Une dispute académique pathétique où les affirmations péremptoires font leur miel. Le géomagnéticien Vincent Cortillot remettant ainsi la nécessité de contraindre les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre puisque dit-il « le changement climatique n’existe pas ou n’est pas dû aux émissions humaines de gaz à effet de serre ».
Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, le Président Barack Obama, devant un parterre d’officiers de l’armée américaine affirme : « La science est indiscutable (…) La planète se réchauffe… Nier le changement climatique ou refuser d’y faire face, c’est mettre en danger notre sécurité nationale ». Cité par l’AFP, le Président Obama martèle : « Vous faites partie de la première génération d’officiers qui va commencer à servir dans un monde où les effets du changement climatique se font clairement sentir ».
Mettant en garde contre le coût des changements à venir, il a cité une estimation selon laquelle une montée des eaux de 30 centimètres d’ici la fin du siècle pourrait coûter 200 milliards de dollars aux Etats-Unis.
La Maison Blanche précise à cet égard que le département de la Défense a lancé une étude pour évaluer la vulnérabilité des quelque 7 000 bases et installations de l’armée américaine. « Le long de nos côtes, des milliers de kilomètres d’autoroutes, de routes, de voies ferrées et d’installations énergétiques sont vulnérables », devait-il souligner mercredi 20 mai
Barack Obama poursuit en forme de mise en garde : « A travers le monde, le changement climatique augmente les risques d’instabilité et de conflits et le nombre de réfugiés climatiques. Aucune nation n’est épargnée. Ne vous y trompez pas, il aura un impact sur la façon dont notre armée doit défendre notre pays, doit s’organiser, s’entraîner, et protéger ses infrastructures ».
La Conférence de Paris en perspective, le président américain s’est déclaré optimiste sur la possibilité que la communauté internationale aboutisse à un accord « ambitieux et durable » afin de limiter la hausse du réchauffement à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle… A condition que les éminents savants du quai Conti ne viennent pas semer le trouble dans les esprits.
Sources : La Recherche, lemonde.fr, AFP