Des chercheurs de l’Université de Washington travaillent depuis plusieurs années déjà sur un procédé chimique permettant de piéger les gaz à effets de serre émis dans l’atmosphère. Selon eux, en installant leur piège sur une surface équivalente à 10 % du Sahara, en 10 ans à peine, nous pourrions retrouver les taux d’émission de CO2 que l’on connaissait avant l’ère préindustrielle.
Si cette invention s’avérait répondre à ses promesses, elle devrait sans nul doute révolutionner la lutte contre le réchauffement climatique et figurer en bonne place dans les solutions à proposer lors de la prochaine COP21 à Paris.
Qu’en est-il précisément ?
L’équipe de chercheurs conduite par le Professeur Stuart Licht a présenté sa méthode il y a quelques jours au 250e National Meeting and Exposition of the American Chemical Society (ACS). Le dispositif repose sur un processus solaire nouveau, le STEP (Solar Thermal Electrochemical Photo (STEP) Carbon Capture Process), qui à partir du CO2 atmosphérique, produit des nano-fibres de carbone, divers matériaux et divers carburants. La méthode permet aussi d’extraire du fer à partir du minerai de fer, le tout sans production de CO2. Les chercheurs promettent que l’énergie solaire sera utilisée avec un rendement de 50%, supérieur aux autres techniques reposant sur l’utilisation de l’énergie solaire.
Les chercheurs décrivent la recette de leur tambouille magique en indiquant qu’ils utilisent un four solaire qui concentre les rayons du soleil dans un creuset. Ils y font fondre du carbonate de lithium auquel ils ajoutent un peu de zinc pour amorcer le processus. En le liquéfiant à la température de 723°C, le lithium devient une véritable éponge à gaz carbonique. Si l’on plonge dans ce fluide deux électrodes soumises à une différence de potentiel, alimentées électriquement par de l’énergie solaire, on brise les molécules de carbone et l’on obtient des nanofibres de carbone. Ce matériau est particulièrement prisé dans différents secteurs industriels, de l’aéronautique à l’informatique en passant par les nanotechnologies, puisqu’il présente des facultés d’extrême résistance. La méthode des chercheurs de l’Université de Washington pourrait faire chuter le coût de production de ce précieux matériau dans un facteur de près de 1000.
Pour les scientifiques, les qualités de piège à CO2 de cette découverte permettent d’imaginer que si l’on assemblait suffisamment de creusets à lithium, sur une grande surface, on pourrait réduire dans des proportions considérables le taux de CO2 de l’atmosphère.
Ce processus est encore en phase expérimentale et ne produit que 10g de nanofibres de carbone en une heure. Il faudrait produire 1 tonne de nanofibres pour capturer 4 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. On est encore loin du compte mais cette piste de recherche semble singulièrement prometteuse. En attendant de sauver la planète, la méthode présente des vertus économiques certaines en réduisant d’ores et déjà le coût de fabrication de matériaux aussi importants pour l’industrie que les fibres de carbone.
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