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Afrique COP 21

Le succès de la COP 21 passera par l’Afrique

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Avec ses 54 pays, le continent africain est la clé pour la réussite ou l’échec de la Conférence sur le climat. Plusieurs chefs d’Etat africains ont depuis des semaines laissé planer le doute sur leur soutien à l’accord climatique. C’est la raison pour laquelle, François Hollande a frappé fort mardi 1er décembre en s’engageant à apporter six milliards d’euros pour développer les énergies propres sur le continent noir. Il a été rejoint immédiatement par la Banque Mondiale qui annonce un plan de 16 milliards de dollars pour aider l’Afrique dans sa transition énergétique.
 
Les chefs d’Etats africains qui se sont succédé à la tribune lors de l’ouverture officielle de la Conférence pour le climat ont, dans leur grande majorité été très clairs : elles ne pourront faire des efforts dans le changement énergétique que si on les aide à maintenir un niveau de développement suffisant. Moulay Rachid s’exprimant au nom du roi du Maroc alerte : « Le continent africain mérite une attention particulière. Prenons garde à ce que ces pays n’aient pas à choisir entre le progrès économique et la protection de l’environnement ». De son côté, Alassane Ouattara, le président de la République de Côte d’Ivoire  prévient : « L’accord qui se dessine ne se fera pas sans l’Afrique, nos priorités doivent y figurer ».
 
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui préside le comité des ministres africains de l’Environnement affirme le droit au développement des pays africains : «  Notre objectif est de représenter le continent africain et de défendre ses droits légitimes au développement. Nous ne saurions accepter que l’on braque toute l’attention sur l’atténuation et non sur l’adaptation. Il est important que cet accord inclue des objectifs chiffrés sur l’adaptation et qu’il soit juridiquement contraignant. » Il poursuit : « Les transferts de technologie sont un impératif, la preuve principale du sérieux de la communauté internationale face au changement climatique ».
 
La délégation du Congo à la COP21
 
 
Denis Sassou Nguesso, président du Congo est un des plus virulents, appelant à la prise de responsabilité des pays développés : « La faute incombe principalement aux pays développés, aux pays pollueurs, qui n’ont jamais accepté d’assumer leurs responsabilités. Comme tous les pays du bassin du Congo, deuxième poumon écologique du monde, le Congo, avec 65% de son territoire recouvert de forêts naturelles, contribue largement à la protection de l’environnement. L’accord doit établir une responsabilité commune mais différenciée dans le changement climatique. »
 

« Nous avons une dette écologique à l’égard de l’Afrique »

 
Entendant ces voix qui représentent un réel danger risquant de compromettre la réussite de la COP 21, le président François Hollande a cherché à rassurer en y mettant les formes. Il avoue d’emblée : « Nous avons une dette écologique à l’égard du continent, cette dette, le monde doit la régler ». Et la France de montrer l’exemple.
François Hollande s’est ainsi engagé à porter à plus de 2 milliards d’euros le financement par la France des énergies renouvelables en Afrique sur la période 2016-2020. Le communiqué de l’Elysée précise que cet effort représentera une hausse de 50% des engagements bilatéraux français par rapport aux 5 dernières années. Les projets financés par la France pourront s’inscrire dans la cadre de l’Initiative africaine sur les Energies Renouvelables, portée par l’Union africaine. Ils permettront de mettre en œuvre à la fois des projets conçus par les gouvernements africains ou par des organisations de la société civile et des collectivités territoriales. Ces programmes pourront encourager l’utilisation de l’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique ou géothermique selon le potentiel de chaque pays.
En matière de lutte contre la désertification et d’adaptation au changement climatique, le Président a indiqué que la France triplerait progressivement ses engagements bilatéraux en Afrique. Cet effort répond à la demande des pays africains que les financements en faveur du développement durable soient davantage qu’aujourd’hui consacrés à l’adaptation au dérèglement climatique. L’aide au développement de la France portera prioritairement sur des projets s’inscrivant dans les initiatives africaines de Grande muraille verte, ou encore de préservation du lac Tchad et du fleuve Niger.
 
Ouarzazate le plus grand parc d’énergie solaire du monde
 
Un deuxième volet de quatre milliards sera destiné à électrifier le continent africain. Les besoins en électricité sont en effet colossaux sur le continent, rappelle Makhtar Diop, le vice-président de la Banque mondiale en charge de l’Afrique. Le continent produit douze fois moins de kilowattheures par habitant que la France. Et environ sept Africains sur dix – plus de 700 millions de personnes – n’ont toujours pas accès à l’électricité.
Et pourtant l’Afrique dispose d’un énorme potentiel dans le solaire, l’hydroélectrique ou la géothermie. «Le Maroc a développé une ferme solaire de 200 mégawatts (l’équivalent du cinquième d’un réacteur nucléaire), pourquoi ne pas faire la même chose au Sahel ?» s’interroge M. Diop.

LIRE DANS UP’ : Le Maroc construit à Ouarzazate le plus grand parc d’énergie solaire du monde

L’initiative française rejoint le plan d’attaque dévoilé par la Banque mondiale : 16 milliards de dollars d’ici 2020 pour répondre aux défis les plus urgents du continent africain en matière de changement climatique. Cette enveloppe est composée pour 5.6 milliards par le FMI et pour le reste par des financements bilatéraux ou multilatéraux.  L’enjeu est de financer l’énergie propre, la surveillance côtière, celle des catastrophes naturelles comme les inondations et enfin des projets d’agriculture durable.
 

Une équation diabolique

 
Ces annonces sont des gestes importants mais ils sont encore insuffisants au regard des besoins. L’équation africaine est diabolique pour le changement climatique. Thierry Téné, directeur de l’Institut Afrique RSE et Jean-Joseph Boillot, spécialiste de l’Afrique ont signé une tribune dans Le Monde ; ils estiment qu’en 2100 la population du continent devrait atteindre 4.2 milliards de personnes. Les économistes estiment qu’au rythme moyen de croissance de 4% par an, son PIB pourrait atteindre 127 000 milliards de dollars soit 30 000 dollars par habitant. Ce chiffre est à rapprocher des 40 000 dollars actuels des pays de l’OCDE. A ce rythme de développement, les émissions de CO2 africaines atteindraient 40 milliards de tonnes par an, soit presque le niveau mondial actuel. C‘est intenable pour la planète.
 
Le changement climatique pourrait réduire la surface des terres exploitables par l’agriculture. © Tim J Keegan
 
 
Selon les experts, le plan soutenable consisterait à s’aligner sur l’objectif de la COP 21 de stabilisation des émissions mondiales et de les répartir en fonction du poids économique de chaque pays.  Si l’Afrique veut atteindre un niveau de développement suffisant, il faudra donc multiplier par 11 les émissions africaines par rapport à leur niveau actuel et, dans le même temps, diminuer de 95 % les émissions des pays de l’OCDE.
Bien sûr, l’Afrique doit progressivement abandonner le carbone pour développer une énergie verte ; elle en a les ressources naturelles. Mais il manque les financements. Le besoin est chiffré par l’Institut Afrique RSE à plus de 700 milliards de dollars.

LIRE DANS UP’ : Pourquoi l’Afrique doit faire profil carbone bas

 
Charles-Elie Guzman, journaliste UP’ Magazine
 
 

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