Alors que des milliers de réfugiés poussés par la guerre et l’oppression continuent d’affluer vers l’Europe en provenance du Moyen – Orient et d’Afrique sub-saharienne, des chercheurs viennent d’annoncer que ce que l’on observe aujourd’hui n’est rien à côté de ce qui va arriver. En effet, dans un avenir relativement proche, des millions de familles du Moyen – Orient et d’Afrique pourraient avoir à fuir leurs pays pour une toute autre raison que la guerre ou la misère : le changement climatique.
Selon les chercheurs de l’Institut Max Planck de chimie en Allemagne et l’Institut de Chypre, les températures dans le Moyen – Orient et Afrique du Nord vont bientôt atteindre des niveaux trop élevés pour la survie humaine. « La température pendant l’été dans le déjà très chaud en Afrique du Nord et Moyen – Orient augmentera plus de deux fois plus rapidement que le réchauffement planétaire moyen » a déclaré l’équipe dans un communiqué.
Ces projections, dont le rapport complet a été publié dans la revue Climatic Change, ont été faites en utilisant deux scénarios distincts : celui qui suppose que les émissions de gaz à effet de serre diminueraient en 2040 (si tout le monde suit les directives de l’ONU) et un deuxième scénario où l’on ne fait rien, scénario que les chercheurs dénomment : « business-as-usual».
Même si les engagements de l’accord de Paris sur le changement climatique sont respectés, l’équipe a constaté que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord continueront à connaître une élévation considérable de température conduisant nécessairement les populations concernées à un exode massif.
Le résultat de l’étude est profondément alarmant : même si la température de la Terre devait augmenter en moyenne que de deux degrés Celsius par rapport à l’époque préindustrielle, la température en été dans ces régions augmentera de plus du double. Au milieu du siècle, pendant les périodes les plus chaudes, les températures ne tomberont pas en dessous de 30 degrés la nuit et pendant la journée, elles pourraient atteindre 46 degrés Celsius. À la fin du siècle, les températures de midi pendant les journées chaudes pourraient même grimper à 50 degrés Celsius. Une autre constatation : les vagues de chaleur pourront se produire dix fois plus souvent qu’aujourd’hui.
Dans ces conditions extrêmes, c’est l’habitabilité humaine qui devient intolérable.
En outre, la durée des vagues de chaleur en Afrique du Nord et au Moyen-Orient va se prolonger de façon spectaculaire. Entre 1986 et 2005, il faisait très chaud pendant une durée moyenne d’environ 16 jours. Au milieu du siècle, il fera exceptionnellement chaud pendant 80 jours par an. À la fin du siècle, jusqu’à 118 jours et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre diminuent à nouveau après 2040. « Si l’humanité continue à libérer le dioxyde de carbone comme elle le fait maintenant, les gens qui vivent au Moyen-Orient et en Afrique et du Nord auront droit à environ 200 jours inhabituellement chauds par an », explique Panos Hadjinicolaou, professeur associé à l’Institut de Chypre et spécialiste du changement climatique.
L’équipe de recherche a également publié des résultats sur l’augmentation de la pollution de l’air en particules fines au Moyen-Orient. Ils ont constaté que la poussière du désert dans l’atmosphère au-dessus de l’Arabie Saoudite, l’Irak et en Syrie a augmenté de jusqu’à 70 pour cent depuis le début de ce siècle. Ceci est principalement attribuable à une augmentation des tempêtes de sable à la suite de sécheresses prolongées. Il est prévu que le changement climatique contribuera à de nouvelles augmentations, qui aggravent les conditions environnementales dans la région.
Les températures élevées, mélangés avec des polluants de l’air et la poussière, pourraient forcer de nombreuses familles à émigrer en masse, pour trouver de meilleures conditions de survie. Pour arriver à cette conclusion troublante, l’équipe a étudié les données climatiques précédente set utilisé 26 modèles climatiques différents pour anticiper comment les conditions de ces régions allaient changer.
L’un des membres de l’équipe, le chercheur atmosphérique Jos Lelieveld des Instituts Max Planck et de Chypre affirme : « Vagues de chaleur prolongées et tempêtes de poussière du désert rendront certaines régions inhabitables, ce qui va sûrement contribuer à la pression migratoire ».
Avec plus de 500 millions de personnes vivant dans la région, si des événements climatiques catastrophiques devaient se produire, cela pourrait déclencher une migration plus importante que jamais, ce qui aurait des effets incalculables sur d’innombrables autres régions. On peut s’en inquiéter quand on voit les problèmes auxquels l’Europe est actuellement confrontée déjà avec ses quelques centaines de milliers de réfugiés.
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