Donald Trump a plusieurs fois déclaré au cours de sa campagne vouloir mener le combat contre ce qu’il appelle « la science politisée ». Au premier rang de cette science figure à ses yeux les recherches sur le changement climatique dont il affirmait qu’il est un « canular ». Dans cette bataille, Trump vient de déclarer vouloir arrêter les recherches menées par la NASA sur le climat et réorienter l’agence vers des recherches plus fondamentales sur l’« espace profond ». Inutile de dire que cette annonce crée un immense émoi dans la communauté scientifique internationale.
La division sciences de la Terre de la NASA pourrait être dépouillée de ses financements au profit de l’exploration de l’espace profond. Tel serait le souhait du quarante-cinquième président des États-Unis. Cette décision signifierait un coup d’arrêt à la renommée mondiale de la NASA en matière de recherche sur l’évolution des températures, les analyses de la glace, des nuages et autres phénomènes climatiques. Le réseau de satellites fournit en effet une masse considérable d’informations sur le changement climatique. Le budget qui devait être alloué à cette activité devait croître de 2 milliards de dollars l’année prochaine. À titre de comparaison, le budget de l’exploration spatiale n’est que de 2.8 milliards de dollars pour 2017.
Bob Walker, un des conseillers influents de Donald Trump pendant sa campagne, avait estimé que la NASA n’a pas à s’occuper de ce qu’il appelle « la surveillance environnementale politiquement correcte ». Il déclarait au Guardian : « Nous voyons la NASA dans un rôle d’exploration de l’espace ». Il poursuivait, « les sciences de la Terre seraient mieux placées dans des organismes dont c’est la mission première ». Selon lui, « la recherche sur le climat est nécessaire mais elle a été fortement politisée, ce qui a miné une grande partie du travail des chercheurs ».
Rappelons que pendant sa campagne, Donald Trump avait déclaré que le changement climatique était un « canular » dont la source doit être trouvée chez les Chinois qui rechercheraient ainsi un moyen d’affaiblir l’industrie américaine. Mardi dernier, Donald Trump tempérait ces propos en avouant reconnaître « une certaine relation » entre les activités humaines et le climat.
Bien que les preuves que la combustion de minerais fossiles et la déforestation provoquant la libération de gaz à effet de serre soient accablantes, le conseiller climat de Donal Trump n’hésite pas à asséner : « le rôle de l’activité humaine est une opinion partagée par à peine la moitié des climatologues dans le monde. Or nous avons besoin de la bonne science pour nous dire ce qu’est la réalité. La science pourrait le faire si les politiciens n’interféraient pas dans ses recherches ».
Inutile de dire que ces propos provoquent une grande tension dans la communauté scientifique en général et de la NASA en particulier. Ces derniers craignent en effet que leur travail soit mis sur la touche dans un contexte où les industries fossiles reviennent, avec la nouvelle administration, à l’ordre du jour. Pour Kevin Trenberth, chercheur principal au Centre national de recherche atmosphérique qui se confiait au Guardian : « l’élimination des sciences de la Terre serait un revers majeur sinon dévastateur ». Il ajoute « Cela pourrait nous ramener aux âges sombres de l’ère pré-satellites ». La plupart des scientifiques voient dans cette décision la volonté du président nouvellement élu de céder aux lobbies de l’industrie, alors qu’il les avait raillés pendant toute sa campagne.
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