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Une expédition innovante pour lutter contre la fonte des glaces

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Depuis 20 ans, l’Arctique a perdu 1,6 million de km² de glace. La banquise estivale pourrait totalement disparaître à l’horizon 2030, ce qui aurait un impact déterminant sur le climat. Ce mardi 19 juin a débuté La Voie du Pôle, une aventure humaine et une expédition scientifique, conduite par l’explorateur Sébastien ROUBINET qui traversera à la voile l’Océan Arctique en passant par le pôle Nord. Son but scientifique : étudier l’impact de l’activité humaine sur la fonte des glaces. Il réalisera avec ses équipiers des prélèvements scientifiques pendant trois mois, si le climat le permet.
 
C’est une aventure unique, aussi bien sportive que technologique et scientifique pour une première mondiale que cette traversée de l’océan Arctique à la voile, en passant par le pôle Nord. Après une première tentative en 2010 avec Rodolphe André et une deuxième en 2013 avec Vincent Berthet, Sébastien Roubinet, accompagné cette fois-ci de deux co-équipiers très expérimentés, Éric André et Vincent Colliard, repart pour relever une nouvelle fois le défi.
Quatre années viennent de passer, entièrement dédiées à la construction du voilier et à la préparation de ce défi ambitieux dont un an et demi sur la côte Est du Groenland. Le nouveau prototype hybride catamaran / char à glace est capable de naviguer sur l’eau mais aussi sur la glace de la banquise.
 
C’est une aventure unique. D’abord sportive parce qu’ils vont relier l’Alaska au Spitzberg. 3000km à avaler, sans assistance, sans moteur et uniquement à la force du vent, de la mer et des hommes.
 
 
Ensuite, technologique, parce que la conception et la construction du prototype ne sont pas qu’une étape du projet, elles sont l’essence du projet, autant que le paramètre sportif. Il a fallu inventer et innover pour répondre au cahier des charges si particulier relevant de ce projet si particulier. C’est ce qui anime Sébastien Roubinet depuis des années : trouver des solutions pour s’adapter aux contraintes des projets qu’il réalise.
 
Pour ce projet de La Voie du Pôle, il a fallu concevoir des coques équipées de skis à la fois très légères et très solides à l’impact, un système de pédalier pour produire l’énergie nécessaire à leur autonomie (chauffer l’eau pour les aliments, notamment). L’avantage du bateau des trois explorateurs, c’est sa taille et son poids (5m, 400kg). Bien plus léger et plus petit que les bateaux utilisés habituellement. Avec ses maigres proportions et l’absence de propulsion mécanique, il effleure l’Océan Arctique, sans perturber le milieu traversé. Engin hybride capable d’évoluer sur l’eau et sur la banquise, c’est donc une plateforme d’observation unique  pouvant fournir des données de premier choix.
 
Le voilier hybride  ©Arnaud Mansat
 

Enfin, scientifique, parce que le prototype du pôle, grâce à sa légèreté et à l’absence de propulsion mécanique, se révèle être une plateforme idéale pour obtenir des informations sur l’environnement arctique sans le perturber.
 
Rappelons que l’océan Artctique est le dernier océan à ne jamais avoir été traversé à la voile. Que nos explorateurs n’auront pour seule assistance que le vent… Un pari technologique osé, un défi sportif et humain exceptionnel.
 

Objectifs de cette expédition : montrer que plus aucun endroit de la planète n’échappe à la pollution due à l’activité humaine en prouvant notamment la présence de micros plastiques et de mercure dans la glace ; et sensibiliser le Grand Public : depuis 20 ans, l’Arctique a perdu 1,6 million de km² de glace. La banquise estivale pourrait totalement disparaître à l’horizon 2030.
 
 
Concrètement, grâce à ce voilier hybride très innovant, l’équipe de l’expédition réalisera des prélèvements scientifiques uniques. Les relevés seront analysés à Toulouse INP par le Laboratoire EcoLab (1), dans la cadre du projet de Recherche Cryoconite de Toulouse INP.
Ce projet de recherche consiste à étudier l’impact de la Cryoconite sur la fonte des glaces. Il s’agit de poussières générées par l’activité humaine que le vent transporte jusqu’à la banquise. Ce matériel granuleux noir absorbe le rayonnement solaire, réchauffe la surface et crée des micro-lacs de glace fondue.
 
Pour Roman TEISSERENC, responsable scientifique de l’expédition et enseignant-chercheur à Toulouse INP : « Une des originalités de la mission, c’est de circuler sur un voilier hybride qui peut évoluer aussi bien sur l’eau que sur la glace uniquement à la voile et donc sans impact sur le milieu. L’équipe recueillera donc des échantillons qui n’ont jamais été prélevés, et la communauté scientifique aura accès à des mesures uniques. L’expédition montrera que plus aucun endroit de la planète n’échappe à la pollution due à l’activité humaine. Parmi ces polluants parcourant des milliers de kms jusqu’aux Pôles : les micros plastiques et le mercure ».
 
Les chercheurs – Ramya Bala Prabhakaran, Steve Allen et Deonie Allen – s’intéresseront surtout à deux contaminants présents dans la cryoconite : le mercure et les microplastiques. Le mercure est un contaminant très néfaste : stocké dans les graisses des animaux, il passe à l’homme par la chaîne alimentaire, et notamment par la consommation de poissons. Les composants des micro-plastiques, eux, polluent l’environnement et sont nocifs pour l’Homme et la faune.
Ramya Bala Prabhakaran est chercheur postdoctorant travaillant à Toulouse INP (SERB Overseas Post-Doctoral Fellow) sur la cryoconite.
Steve Allen est un doctorant qui étudie le micro-plastique avec l’Université de Strathclyde (sous Vern Pheonix). Il est engagé comme assistant de recherche à Toulouse INP.
Et Deonie Allen est chercheur post-doctorant à Toulouse INP (Marie Curie Prestige Fellow).
 
Bon vent à toute l’équipe !
 
 
(1) Le laboratoire EcoLab* (écologie fonctionnelle et environnement) mène des recherches sur le fonctionnement des écosystèmes et étudie l’impact humain sur ces écosystèmes. Rappelons qu’avec 17 Laboratoires, Toulouse INP est l’un des acteurs majeurs de la Recherche. L’Établissement dépose en moyenne 12 brevets par an et a un portefeuille de 450 contrats actifs en recherche partenariale, ce qui représente 20 millions € d’activité par an.
 

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