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climat

9 pays sur 180 seulement respectent leurs engagements climatiques

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Trois ans après la prise d’engagements à la COP21 à Paris, seuls 9 pays sur les 180 qui ont signé l’accord de Paris ont adopté les mesures qui s’imposent pour contenir la montée des risques climatiques. Un rapport de l’OCDE pointe cette inertie, alors que les émissions sont reparties à la hausse. Les gouvernements des pays de l’OCDE doivent réellement passer à l’acte pour placer leurs économies sur une trajectoire bas-carbone et cesser d’investir dans des infrastructures émettrices de carbone.
 
Comme l’indique le rapport Financing Climate Futures: Rethinking Infrastructure élaboré conjointement par l’OCDE, ONU Environnement et le Groupe de la Banque mondiale, dont une version préliminaire est présentée ce mardi 25 septembre à New York, seuls neuf pays sur les 180 qui ont signé l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ont soumis à la CCNUCC leurs stratégies long terme pour 2050 de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre.
 

France : 8 objectifs climatiques sur 9 sont manqués

Si l’on prend l’exemple de la France, nous sommes à la traîne par rapport aux objectifs climatiques, selon les données compilées par l’Observatoire de l’énergie et du climat. En 2017, le pays a émis 6,7 % de plus de gaz à effet de serre et consommé 4,4 % plus d’énergie que prévu. Il a manqué 8 des 9 objectifs climatiques pour 2017.
Pour exemple, notamment, le secteur de la construction qui a obtenu des résultats particulièrement médiocres, produisant 22,7 % d’émissions de gaz à effet de serre de plus que l’objectif fixé, ce qui reflète la lenteur des progrès dans l’isolation des maisons.
La diversification du mix énergétique a également pris du retard. Les énergies renouvelables ont représenté 15.7 % du bouquet énergétique en 2016, contre un objectif de 17 %, tandis que la consommation de combustibles fossiles a augmenté de 4.5 %. Les émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture ont également augmenté, dépassant l’objectif climatique de 3,2%.
Seul le secteur industriel a atteint ses objectifs, réduisant ses émissions de 0,8 % de plus que prévu.
 
Pour expliquer pourquoi notre pays est en retard sur les objectifs, les chercheurs se montrent prudents. Selon Anne Bringault, coordinatrice de la transition énergétique au Réseau pour l’action climatique, lors d’une interview à notre confrère Reporterre, « Les objectifs sont très ambitieux, cela pourrait expliquer la différence. »
Les chercheurs à l’origine de l’Observatoire de l’énergie et du climat ont cité le Comité sur le changement climatique du Royaume-Uni comme modèle de responsabilité gouvernementale en matière de changement climatique.
Andreas Rüdinger, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales explique cela par le fait que « Le comité est un comité d’experts indépendant, doté d’un budget de 4 millions d’euros et d’un secrétariat de 30 personnes, pour suivre le budget carbone du pays et produire un rapport annuel. Sur cette base, le Parlement convoque le gouvernement et lui demande des comptes. En France, ces deux aspects de l’expertise et du contrôle parlementaire doivent être renforcés. »
 

500 milliards $ de subventions pour les énergies fossiles

Paradoxalement, les gouvernements continuent de consacrer près de 500 milliards de dollars par an pour subventionner le pétrole, le charbon et le gaz, et la plupart d’entre eux n’ont pas su mettre fin à leur dépendance budgétaire à l’égard des recettes provenant des énergies fossiles. En outre, ils ne mettent pas suffisamment les dépenses publiques au service de la décarbonisation de leurs économies en investissant dans l’innovation et les infrastructures bas-carbone.
 
« Après toutes les promesses faites à Paris, et bien que nous ayons en main tous les outils nécessaires pour progresser, cette inertie risque de nous faire perdre la guerre contre le changement climatique », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. « Pour maintenir le réchauffement mondial en dessous de 2 °C, il faut que les gouvernements commencent par respecter pleinement leurs engagements avant de passer à la vitesse supérieure. Je voudrais voir les pays de l’OCDE ouvrir la voie et montrer l’exemple aux autres. »
 
Pour que l’objectif de limitation du réchauffement de Paris soit tenu, les émissions mondiales de CO2 devront atteindre au plus vite leur plafond avant de diminuer rapidement pour tomber à un niveau nul, voire négatif, en termes nets au cours de la deuxième moitié du siècle. Certes, le financement vert a progressé – le marché des obligations vertes a par exemple connu une croissance spectaculaire de 1 000 % entre 2012 et 2017, et il y a une plus grande transparence autour des risques climatiques –, mais il faut faire bien davantage.
Comme l’indique le rapport Financing Climate Futures, les gouvernements doivent adopter un programme d’action davantage porteur de transformations pour favoriser des financements au service d’un avenir bas-carbone.
 
Le rapport présente des propositions pour faire en sorte que les flux financiers publics et privés soient plus en phase avec les objectifs de l’Accord de Paris, en particulier dans le domaine du financement des infrastructures. Il préconise à cette fin d’améliorer la planification et la prospective, en intégrant la problématique climatique dans toutes les décisions budgétaires et en favorisant des infrastructures bas-carbone au travers des marchés publics.
 

Les investissements bas-carbone feraient croître le PIB mondial

Les analyses de l’OCDE montrent que, loin de menacer la croissance économique, le passage à des investissements d’infrastructure privilégiant des options bas-carbone – conjugué à des réformes structurelles appuyant la transition – pourrait en fait accroître le PIB mondial de jusqu’à 5 % d’ici à 2050.
L’estimation tient compte du risque moins important dans ce scénario de dégâts provoqués par des événements météorologiques extrêmes. Le coût du passage d’une infrastructure polluante à une infrastructure verte serait plus que compensé par les économies dérivant de produits combustibles. Pourtant, les gouvernements nationaux n’ont pas assez œuvré pour égaliser les conditions de concurrence entre les options fortement émettrices de gaz à effet de serre et les alternatives bas-carbone.
 
La mise en service des centrales électriques qui sont aujourd’hui en chantier ou à l’étude, entraînera un quasi-doublement des émissions imputables à la production d’électricité. Les incitations à opérer la transition vers les énergies et les infrastructures vertes demeurent faibles, et il en va de même des incitations à ne pas émettre de gaz à effet de serre, quel que soit le secteur.
 
Comme l’a montré l’OCDE dans une analyse des taxes et permis d’émission négociables dans 42 pays, 46 % des émissions mondiales échappent encore à toute tarification, et 12 % seulement donnent lieu à une tarification supérieure à 30 EUR par tonne de CO2, niveau correspondant à l’estimation basse de leur coût réel pour l’environnement. Si la progression de la tarification des émissions de carbone devait se poursuivre au rythme actuel, il faudrait attendre 2095 pour qu’elle soit au niveau des coûts réels occasionnés par les effets sur le climat.
 
La tarification du carbone, une manière simple de réduire les émissions de CO2

 

Les bonnes résolutions sont-elles convaincantes ?

Le rapport Financing Climate Futures recense six priorités pour les gouvernements : Faire en sorte que toutes les décisions soient compatibles avec des émissions nettes nulles à l’avenir ; Dissocier les finances publiques des énergies fossiles ; Instituer des changements systémiques dans le système financier pour favoriser la transition bas carbone ; Encourager activement l’innovation verte ; Rendre le financement du développement compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris ; Donner aux villes et aux régions les moyens de prendre des initiatives vertes.
 
Mais toutes ces mesures et bonnes résolutions sont-elles suffisantes ? Les gouvernements qui rechignent encore à se mobiliser pour lutter avec détermination contre les dérèglements climatiques auront-ils été sensibles à ce qui s’est passé cet été 2018 ? Des canicules ont été ressenties jusqu’aux limites extrêmes du pôle Nord, des incendies ont fait des ravages, des inondations et des tempêtes inaccoutumées se sont succédé. Les événements extrêmes se multiplient et démontrent que nous sommes proches d’un point de bascule.
Les climatologues eux-mêmes ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont désespérés. « Il y a un peu parfois l’impression d’observer une tragédie grecque. Vous savez ce qu’il va se produire et vous voyez les choses se produire », déclare à France-Info Valérie Masson-Delmotte, chercheuse en sciences du climat au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de Paris-Saclay.
 

« Champions de la planète ». Les titres ronflants ne suffisent plus

Pourtant les déclarations des dirigeants ne manquent pas. À New York où 133 chefs de gouvernement sont en ce moment même réunis pour la 73e Assemblée générale des Nations Unies, on parle certes du climat et quelques avancées sont perceptibles. Un mini One Planet Summit de deux heures est même organisé à cette occasion. Quatorze personnalités, dont notre président Emmanuel Macron, s’y sont vus décernés le titre de « champion de la Terre». Est-ce suffisant pour rassurer ?
Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, n’en est pas persuadé : « Les faits sont clairs et alarmants : le changement climatique continue de progresser plus vite que nos efforts pour y faire face. Nous devons tous faire beaucoup plus pour gagner cette course pour notre avenir ».
 
Lucile Dufour, responsable des relations internationales chez Réseau action climat, citée par le quotidien 20 minutes, reconnaît que la France est « extrêmement pro-active dans les négociations internationales pour accélérer l’action climatique ». « Ce rôle est indispensable et on n’en attend pas moins d’un pays héritier de la COP21, précise-t-elle. Mais la diplomatie ne suffit plus. L’urgence climatique est telle qu’il faut immédiatement mettre en action les discours. »
 

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Adoubée par l’historique COP 21, la France est l’un des rares pays au monde à pouvoir donner l’impulsion. C’est pourquoi Emmanuel Macron a lancé, avec une conviction dont il est désormais coutumier, son credo à la tribune de l’ONU : « Nous devons agir ensemble pour encourager l’innovation, stimuler les projets transformateurs, réunir les investissements publics et privés et tenir nos promesses pour les nouvelles générations. Il est temps. C’est notre priorité tant sur le plan économique que politique ». Cet optimisme est il compatible avec le spectacle de délitement du multilatéralisme qu’a montré cette Assemblée générale ?   Une Europe en ordre dispersé, un mastodonte américain qui se replie sur son égoïsme forcené, des tensions insolubles sur la question des migrants – qui ne sont pourtant qu’un minuscule avant-goût des migrations climatiques qui nous attendent –, des guerres commerciales titanesques entre géants du monde… La question climatique doit jouer des coudes pour être audible. Et pendant ce temps, la planète brûle.
 
 

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