L’énorme iceberg mesure environ 1 270 km2 et fait près de 150 mètres d’épaisseur, selon le British Antarctic Survey. Il s’est détaché en quelques heures ce 26 février. Un signal de plus de la fonte accélérée des glaces aggravant le risque de montée des eaux.
Les scientifiques du British Antarctic Survey ont observé trois fissures majeures se développer dans la plateforme de glace flottante au cours de la dernière décennie. Les signes avant-coureurs d’un vêlage imminent ont commencé en novembre dernier quand un nouveau gouffre, appelé le Rift Nord, est apparu et a commencé à se diriger vers une autre fissure majeure à environ 35 km au nord-est. En janvier, le rift s’est creusé davantage dans cette direction, se déplaçant à environ un 1 km par jour, avant de s’élargir considérablement en quelques heures le 26 février, entraînant l’iceberg à se détacher. Selon l’Agence spatiale européenne, la plateforme de Brunt n’avait pas connu de vêlage aussi important depuis 1971.
Les scientifiques du BAS ont capturé une vue aérienne de l’iceberg, que vous pouvez voir ci-dessous dans une vidéo qui rappelle étrangement une scène du début du film « Le jour d’après » ( The Day After Tomorrow).
Dans un communiqué de presse, la directrice du BAS, Jane Francis, a expliqué que l’organisation avait longtemps anticipé ce jour. « Nos équipes à la BAS sont préparées depuis des années pour le vêlage d’un iceberg de la plate-forme de Brunt Ice Shelf. Nous surveillons quotidiennement le plateau de glace à l’aide d’un réseau automatisé d’instruments GPS de haute précision qui entourent la station, ceux-ci mesurent la façon dont le plateau de glace se déforme et se déplace », a-t-elle déclaré.
Selon le communiqué, ce vêlage ne devrait pas constituer une menace immédiate pour la base de la BAS sur la plateforme de glace, connue sous le nom de Halley Research Station, mais les scientifiques surveillent la situation. « Il s’agit d’une situation dynamique« , a déclaré le directeur des opérations de la BAS, Simon Garrod. « Il y a quatre ans, nous avons déplacé la station de recherche de Halley vers l’intérieur des terres pour nous assurer qu’elle ne serait pas emportée lorsqu’un iceberg finirait par se former. C’était une sage décision ».
« Notre travail consiste maintenant à surveiller de près la situation et à évaluer tout impact potentiel du vêlage actuel sur le plateau de glace restant. Nous revoyons continuellement nos plans d’urgence pour assurer la sécurité de notre personnel, protéger notre station de recherche et maintenir l’exécution des travaux scientifiques que nous entreprenons à Halley », a-t-il poursuivi.
Bien qu’il soit sans aucun doute gigantesque, cet iceberg est toutefois éclipsé par l’énorme morceau qui s’est détaché de la plateforme glaciaire Larsen C de l’Antarctique en 2017, qui a récemment menacé d’entrer en collision avec l’île de Géorgie du Sud et qui est parmi les plus grands jamais enregistrés avec 5 800 km2.
Et bien que l’on puisse, à juste titre, pointer du doigt le changement climatique pour des vêlages aussi spectaculaires, les scientifiques ont clairement indiqué qu’il pouvait s’agir également d’événements naturels. Ce n’est qu’une étape spectaculaire dans le cycle de vie d’un plateau de glace : elle se développe jusqu’à ce qu’elle soit trop grande pour se supporter, s’effondre, puis tout le processus recommence. Selon BAS, rien ne prouve que ce dernier iceberg soit lié au vêlage de la plateforme de glace Larsen C ou aux effets du changement climatique.
La question est maintenant de savoir ce qui va se passer ensuite. L’iceberg devra être surveillé au cas où il s’approcherait trop des voies de navigation commerciales ou se fragmenterait encore plus. Et bien que le changement climatique n’ait pas directement causé la rupture de l’iceberg, l’augmentation de la température des eaux et la modification des schémas de circulation pourraient certainement influencer sa trajectoire. Selon toute vraisemblance, il se brisera en morceaux de plus en plus petits, vivant par procuration à travers ses bébés icebergs jusqu’à ce que ceux-ci fondent eux aussi.
Source : Live Science
Merci pour cet article, je trouve toujours fascinant d’essayer de se représenter la taille de ces mastodontes…
Petite remarque, la montée du niveau des eaux est évoquée dans le chapeau, mais il me semble que la fonte des glaces de type banquise et icebergs ne fait pas monter les eaux (à cause de la densité de la glace plus faible que celle de l’eau). Me trompe-je ? Ou est-ce fait référence ici à la fonte des calottes glaciaires continentales ?