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TotalEnergies traduit au pénal pour "climaticide"

TotalEnergies traduit au pénal pour « climaticide »

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Quatre associations de défense de l’environnement ont déposé plainte contre le groupe TotalEnergies et son projet pétrolier EACOP en Tanzanie et en Ouganda. Cette plainte « inédite » assigne le groupe pétrolier français « devant le juge pénal pour des faits s’apparentant à un climaticide. Cette affaire vient quasi simultanément avec l’annonce faite par TotalEnergies la semaine dernière d' »augmenter sa production d’hydrocarbures de 2 à 3% par an sur les cinq prochaines années » dans le pétrole et le gaz.

Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont déposé cette plainte devant le juge pénal. « Alors que l’ONU s’inquiète de l’effondrement climatique en cours, TotalEnergies ne doit plus continuer à alimenter sciemment, librement et impunément le dérèglement climatique« , ont déclaré les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth. « Il est temps que l’entreprise soit tenue responsable de ses activités« , ont-ils ajouté dans un communiqué.

Cette plainte est selon eux « inédite » car elle assigne la société TotalEnergies « devant le juge pénal pour des faits s’apparentant à un climaticide, et qui, jusqu’ici, n’avaient leur place que devant des juridictions civiles ». La plainte vise plusieurs infractions : abstention de combattre un sinistre, atteintes involontaires à l’intégrité de la personne, destruction, dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui de nature à créer un danger pour les personnes, et homicide involontaire.

TotalEnergies affirme mener « ses opérations en conformité avec ses standards d’opération et avec les lois et règlements. Elle répondra aux demandes des autorités le cas échéant”, a-t-elle ajouté.

400 puits de pétrole dans un parc naturel en Tanzanie

TotalEnergies avait annoncé l’année dernière un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprenant notamment la construction d’un oléoduc chauffé (EACOP) de 1.443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien.

L’EACOP traversera également des réserves et aires naturelles protégées, mettant en danger des écosystèmes uniques et très fragiles, qui abritent de nombreuses espèces protégées dont certaines menacées d’extinction. L’oléoduc menace aussi le plus grand bassin d’eau douce d’Afrique sur 460 kilomètres, le bassin du lac Victoria, dont plus de 40 millions de personnes dépendent. Enfin, le risque de marée noire au niveau de la côte tanzanienne, sujette à des tsunamis du fait d’une importante activité sismique dans la région, est très élevé. En effet, le gazoduc traversera également la vallée du Rift, l’une des régions les plus actives du monde sur le plan géologique.

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Le groupe prévoit le forage de près de 400 puits de pétrole dans le parc naturel des Murchison Falls – les chutes du Nil blanc, parmi les plus puissantes au monde – remarquable réserve de biodiversité et plus grand parc national d’Ouganda.

Le projet a rencontré l’opposition de militants et de groupes de défense de l’environnement qui estiment qu’il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent. Début juillet, Human Rights Watch avait demandé son arrêt, estimant dans un rapport qu’il avait déjà « dévasté les moyens de subsistance de milliers de personnes ».

Pour les avocats des associations, ce projet entraînerait « d’importants déplacements de populations » et « un appauvrissement majeur des populations locales ». Il aurait aussi un impact majeur sur « de nombreuses zones naturelles », soulignent-ils.

Les plaignants accusent le groupe de ne mettre en place « aucune action permettant de lutter contre le sinistre qui frappe déjà la moitié de la population mondiale ». Ils dénoncent sa stratégie de communication « visant à donner l’illusion d’une stratégie environnementale ambitieuse afin de dissimuler l’absence d’actions concrètes et adaptées » pour lutter contre le réchauffement climatique.

TotalEnergies avait déjà été assigné en justice en octobre 2019 par Les Amis de la Terre, Survie et quatre associations ougandaises, qui lui reprochaient de mener le projet EACOP/Tilenga au mépris des droits humains et de l’environnement. Elles avaient été déboutées en février dernier par le tribunal de Paris, qui reprochait en creux aux ONG de ne pas avoir suffisamment exploré la voie du dialogue avec le géant pétrolier avant de saisir la justice.

Maître Bourdon et son confrère Brengarth ont aussi rappelé que selon l’Agence internationale de l’énergie, il fallait, pour respecter l’accord de Paris sur le climat et « éviter un avenir apocalyptique », « renoncer immédiatement à tout nouveau projet pétrolier ».

Or TotalEnergies est l’entreprise pétrolière privée « qui a approuvé le plus de nouveaux projets pétroliers » pour la période allant de 2022 à 2025, « qui sont totalement incompatibles avec l’accord de Paris et nous mènent tout droit vers un réchauffement de +3°C ou +3,5°C » conduisant « au chaos », selon les avocats.

Ils espèrent désormais que « la justice française obligera TotalEnergies à changer radicalement sa stratégie d’investissement pour diminuer drastiquement les investissements fossiles et développer massivement les énergies renouvelables », rappelant qu’aux Pays-Bas, « la justice a obligé le groupe Shell à diminuer de 45% ses émissions de CO2 d’ici 2030 ».

TotalEnergies ne cesse d’investir dans de nouveaux projets contre le climat

Cette affaire vient quasi simultanément avec l’annonce faite par TotalEnergies la semaine dernière, peu avant la présentation de sa stratégie aux investisseurs à New York. Le groupe déclarait compter « augmenter sa production d’hydrocarbures de 2 à 3% par an sur les cinq prochaines années » dans le pétrole et le gaz grâce à « son riche portefeuille de projets à bas coûts et à faibles émissions » de gaz à effet de serre.

Le PDG Patrick Pouyanné répète que son groupe continue d’investir dans de nouveaux projets pétro-gaziers, pour répondre à la demande mondiale, notamment dans les pays émergents, tout en diversifiant ses activités vers l’électricité renouvelable, éolienne et solaire. Une stratégie réaffirmée devant les investisseurs : « plus d’énergie, plus d’électricité, moins d’émissions, une trésorerie croissante ». « Cette stratégie permettra à la compagnie de réaliser sa plus importante croissance dans les prochaines années, d’ici la fin de la décennie » avait-il ajouté.

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À rebours des appels à réduire les énergies fossiles, le groupe prévoit d’investir entre 14 et 18 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, et entre 16 et 18 milliards dans la fourchette haute, dont 30% dans de nouveaux projets pétro-gaziers et environ 33% dans les énergies bas carbone. La compagnie met en œuvre sa stratégie de transition tout en garantissant une politique attractive de retour à l’actionnaire », a déclaré le groupe dans son communiqué. En 2023, il compte gratifier ses actionnaires en versant les « 1,5 milliard de dollars des montants reçus de la vente des actifs canadiens aux rachats d’actions pour les porter à 9 milliards de dollars sur l’année », a-t-il indiqué en référence à sa sortie des sables bitumineux au Canada. Le groupe revoit ainsi ses prévisions « de retour à l’actionnaire à plus de 40% du cash-flow (flux de trésorerie) au-delà de 2023 », contre 44% en 2023.

En annonçant vouloir augmenter sa production de gaz de pétrole, en contradiction avec les appels des experts du climat à réduire la dépendance du monde aux énergies fossiles, TotalEnergies s’est attiré une nouvelle salve de critiques.

« En misant sur les énergies fossiles, TotalEnergies montre une nouvelle fois qu’il est tout sauf un acteur de la transition énergétique« , a dénoncé Louis-Maxence Delaporte, analyste énergie de l’ONG Reclaim Finance.

« Derrière les bonnes intentions de façade et le cynisme de prétendre produire des hydrocarbures +à faibles émissions+, TotalEnergies poursuit son entreprise de destruction du climat pour faire toujours plus de profits« , a réagi Greenpeace.

Avec AFP

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