Qu’on se le dise, en matière de transition énergétique, tout ne s’arrête pas après la COP21 de Paris ! Bien au contraire, c’est aujourd’hui que tout commence. Ou plutôt que tout s’accélère, car, même si nous saluons avec enthousiasme le tour de force de la signature de cet accord avec près de 200 pays, nous n’avons heureusement pas attendu ce rendez-vous politique pour nous atteler à la tâche.
L’investissement dans les énergies nouvelles n’a d’ailleurs jamais été aussi fort. Entre 2014 et 2015, il a même été multiplié par cinq, atteignant 302 milliards d’euros. Dans ce tourbillon vert, un secteur émerge, à la croisée des mondes du maritime et de l’énergie : les Energies Marines Renouvelables (EMR).
Un secteur sur lequel la France bénéficie aujourd’hui d’un double potentiel, géographique et industriel, et d’un contexte particulièrement favorable, de sorte que, fait plutôt rare, nous sommes en capacité de prendre le large sur un secteur nouveau et à fort potentiel.
De tous temps, la mer a fait rêver et a été le théâtre des plus grandes aventures. Avec les EMR, elle porte aujourd’hui une nouvelle promesse, au croisement de l’économie et du développement durable : celle d’inventer les technologies de demain, de créer de nouvelles sources d’énergies durables, et de faire émerger un modèle économique à la fois pérenne et éco-responsable.
De la France au Japon en passant par le Canada ou encore l’Ecosse, les ingénieurs déploient des trésors d’inventivité pour trouver les innovations technologiques qui permettront d’exploiter l’immense potentiel énergétique des mers. Un potentiel que l’Agence Internationale de l’Energie estime entre 20 000 et 90 000 TWh (mesure d’énergie terawatt-heure) à au niveau mondial… à mettre en corrélation avec la consommation annuelle mondiale d’électricité, soit 16 000 TWh3.
Eolien offshore, hydrolien, éolien flottant, houlomoteur, énergie thermique des mers, osmotique… les technologies foisonnent déjà, et alors que les sites d’essais, les pilotes et les projets d’installations se multiplient un peu partout dans le monde, l’Agence Internationale de l’Energie estime le potentiel mondial des énergies marines à 748 GW en 2050, dont 188 en Europe si l’on en croit la feuille de route de la Commission européenne.
Dans un monde où les sources d’énergies fossiles vont se tarir inexorablement dans les prochaines décennies, les Energies Marines Renouvelables sont donc sans conteste un secteur d’avenir, créateur de croissance et d’emplois durables. Selon les projections, elles devraient ainsi représenter environ 15 % du mix énergétique européen d’ici 2025, soit un marché annuel de 15 milliards d’euros, et un gisement de plus de 470 000 emplois directs et indirects à horizon 2050, selon l’EU-EOA (European Ocean Energy Association). De quoi booster la croissance de notre vieux continent et mettre la mer, une fois n’est pas coutume, au cœur du développement de l’Europe.
La France tient une place de choix dans les perspectives qu’offrent les Energies Marines Renouvelables. Non seulement notre pays possède plus de douze millions de km² de côtes, réparties sur ses quatre façades maritimes (Mer du Nord, Manche, Atlantique et Méditerranée et en Outre-Mer), ce qui en fait le deuxième domaine maritime au monde, mais il dispose également de zones portuaires particulièrement adaptées à l’implantation d’infrastructures industrielles de pointe. De quoi faire de notre littoral une terre d’accueil particulièrement attractive pour les acteurs des EMR, de la PME au géant industriel, et offrir du même coup à nos bords de mer une revitalisation économique pérenne.
Carte des EMR en Bretagne
Ajoutez à cela que l’expertise française en matière énergétique et maritime est reconnue dans le monde entier, et permet à nos cabinets d’ingénierie d’exporter leur savoir-faire à l’international. Vous comprenez donc pourquoi le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) identifie dès 2009 les EMR comme une filière industrielle stratégique de la croissance verte pour la France.
Sans compter que ces atouts naturels et structurels de notre territoire sont depuis quelques années renforcés par les mécanismes de soutien à la filière mis en place par l’Etat, notamment au travers les dispositifs des investissements d’avenir, et par une mobilisation massive des régions littorales, qui se mettent au service de la structuration de la filière.
Ces initiatives coordonnées et constructives permettent aujourd’hui à la France de contribuer de manière significative à l’industrialisation des technologies EMR et à la consolidation du secteur au niveau mondial, via de nombreux projets d’installations de parcs, fermes pilotes ou sites d’essais au large de nos côtes. Six zones d’éolien offshore devraient ainsi voir le jour dans les prochaines années, du Tréport à l’Ile de Noirmoutier en passant par Fécamp ou Saint-Nazaire, alors que deux projets d’hydrolien majeurs seront en parallèle développés au Raz- Blanchard (Cotentin) et au Fromveur (Finistère).
De plus, grâce à nos territoires ultra-marins des DOM-TOM, nous ne sommes pas non plus en reste sur des technologies dites moins matures, comme l’énergie thermique des mers, ou encore le houlomoteur, avec des développements prometteurs en Martinique, à Mayotte, ou encore en Polynésie Française, où le Plan Energie Climat récemment annoncé fait la part belle aux EMR.
Les Energies Marines Renouvelables apparaissent aujourd’hui comme une solution fiable, inépuisable et décarbonée pour faire face aux défis énergétiques de demain. La filière des EMR est sans conteste un secteur d’avenir au service de la transition énergétique, créateur de croissance et d’emplois durables, et la France a cette fois-ci toutes les cartes en main pour tirer son épingle du jeu. L’avenir est en marche !
Marc Lafosse, Président de BlueSign, organisateur de la Convention Seanergy
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