La Californie est un pays intéressant car c’est principalement là où – dit-on –, se concocte le monde de demain. Celui des technologies avancées qui vont transformer notre vie en paradis sur Terre. En matière de transition énergétique, cette région du monde présente un bilan radieux : 27% de son électricité est produite par l’énergie solaire, contre 44% pour le gaz naturel et 9 % pour le nucléaire.
En regardant de plus près, on observe que ces statistiques cachent une grave difficulté de gestion de la production électrique. Dans la journée, sous le soleil, le réseau est excédentaire. La nuit, la demande s’affole et atteint des sommets. L’expérience californienne est suivie de près par tous les gestionnaires de réseaux électriques, qui s’attendent à être confrontés aux mêmes problématiques.
La solution aurait été trouvée par Elon Musk, ce milliardaire hyper-créatif, inventeur de Paypal, de l’Hyperloop, de Space X, la fusée pour aller sur Mars et enfin de la Tesla, le véhicule électrique présenté comme un parangon de performances. Le plan d’Elon Musk pour résoudre les problèmes de distribution repose sur une idée simple : celle de la combinaison des toitures solaires photovoltaïques intégrées (ce ne sont pas de simples panneaux solaires posés sur le toit car l’énergie est prise par les matériaux du toit), d’un système de stockage domestique, le Powerwall ou mur électrique, d’une batterie Lithium-Ion domestique capable de stocker jusqu’à 10 kWh) et enfin d’une voiture électrique possédant des batteries qui lui offrent une autonomie de 450 km. Elon Musk invente ainsi le système intégré véhicule-bâtiment-réseau. Le modèle rêvé d’autoproduction.
Toutefois, ce modèle, conçu pour l’habitat individuel et les grandes zones pavillonnaires de Californie, coûte cher en investissement. Il faudra compter 15 à 20 000 euros pour le système photovoltaïque et batterie, ainsi qu’environ 10 000 euros pour le véhicule électrique de milieu de gamme. A ces prix, le retour sur investissement sera forcément long : entre 10 et 20 ans.
Est-ce ce modèle de transition énergétique dont nous rêvons ? Un modèle « type californien » pour les riches et à l’électricité carbonée pour les pauvres ?
Le modèle d’Elon Musk n’est pas réservé qu’aux californiens. L’universitaire Patrick Criqui, spécialiste de l’énergie au CNRS, rappelle qu’en France, des chercheurs du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) travaillent sur une piste similaire depuis le milieu des années 2000. Les grands opérateurs comme EDF et Engie se lancent dans des solutions photovoltaïques pour l’autoproduction avec batteries : «Mon soleil et moi» pour le premier et «My Power» pour le second. Des solutions dont l’offre semble clairement ciblée vers les consommateurs aisés. Difficile de dire aujourd’hui si, dans ces conditions, l’autoproduction solaire connaîtra un développement massif ou si elle restera cantonnée à des marchés de niches pour clientèles fortunées.
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