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transition énergétique

La feuille de route de la France pour réussir la transition énergétique

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Le document censé guider la transition énergétique de la France vient d’être dévoilé. Une synthèse des orientations et actions de la PPE, ainsi qu’un document définissant le cadre et le contexte de sa mise en œuvre sont ainsi décrits, constituant une feuille de route donnant les axes stratégiques et prioritaires des pouvoirs publics dans le domaine de l’énergie, filière par filière, ainsi que les objectifs de réduction de consommation. Mais il ne précise toujours pas comment gérer la réduction à 50% de la part du nucléaire d’ici à 2025.
 
C’est un texte très attendu qui vient d’être rendu public. Publiée au Journal officiel sous la forme d’un décret, ce 28 octobre 2016, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe la trajectoire du bouquet énergétique français (recours au pétrole, à l’éolien, au gaz, au nucléaire, au solaire …) jusqu’en 2023 afin d’atteindre les objectifs fixés par la loi de transition énergétique, adoptée à l’été 2015. Son enjeu est de taille : planifier la montée en puissance des énergies renouvelables, qui doivent couvrir 40% de la production d’électricité en 2030, organiser la baisse de la consommation des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), ainsi que la réduction à 50% d’ici 2025 de la part du nucléaire dans la production de courant, contre plus de 75% aujourd’hui.
 
La PPE fixe les priorités d’actions des pouvoirs publics dans le domaine de l’énergie afin d’atteindre les objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte : les énergies renouvelables devront atteindre 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020 et 32 % en 2030. A cet horizon, les énergies renouvelables devront couvrir 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz.
 
Ses ambitions : 
 
– Améliorer l’efficacité énergétique et baisser la consommation d’énergies fossiles
– Accélérer le développement des énergies renouvelables et de récupération
– Maintenir un haut niveau de sécurité d’approvisionnement dans le respect des exigences environnementales, soit maîtriser la demande d’énergie, par la production d’énergies nationales et locales, notamment des énergies renouvelables et par la diversification des approvisionnements.
– Préparer le système énergétique de demain, plus flexible et décarboné, en développant nos infrastructures, c’est-à-dire organiser la diversification des filières énergétiques et sortir de la dépendance à un type d’énergie, que ce soit dans le domaine de l’électricité avec l’objectif de porter à 50 % la part du nucléaire à l’horizon 2025, dans le domaine de la chaleur ou bien encore dans le domaine des carburants ; accompagner le mouvement de décentralisation de la production ; et c’est aussi préparer les interactions entre les réseaux d’électricité, de gaz et de chaleur (« powerto-gas» et « power-to-heat ») aux différentes échelles pour en optimiser le fonctionnement et les coûts.
– Développer la mobilité propre : Les émissions de gaz à effet de serre du secteur transport ont augmenté de 12,3% en 2013 par rapport à 1990. Il est nécessaire d’inverser cette tendance et que le secteur des transports participe à l’objectif global de division par quatre des émissions à l’horizon 2050 par rapport à 1990. On sait que les transports sont le deuxième secteur le plus consommateur d’énergie, représentant 33% de la consommation finale d’énergie française, derrière le secteur du bâtiment et devant le secteur de l’industrie. Il faudrait donc maîtriser la demande de mobilité, développer les véhicules à faibles émissions de polluants et de gaz à effet de serre ; développer un marché des carburants alternatifs et déployer des infrastructures ; optimiser le fonctionnement des véhicules et les réseaux existants ; améliorer les reports modaux vers les modes de transports les moins émissifs et, enfin, développer les modes de transports collaboratifs.
– Prendre en compte les enjeux économiques et sociaux de la transition énergétique et agir avec les territoires. Pour cela, il faut lutter contre la précarité énergétique, préserver la compétitivité des entreprises, accompagner les acteurs des territoires dans la transition énergétique (favoriser l’action des acteurs locaux, et plusieurs actions d’accompagnement pour créer une dynamique d’action collective, comme les territoires à énergie positive pour la croissance verte).
Pour la première fois, l’ensemble des piliers de la politique énergétique (maîtrise de la demande d’énergie, énergies renouvelables, sécurité d’approvisionnement, réseaux, etc.) et l’ensemble des énergies sont traités dans une même stratégie, afin de tenir compte du lien fort entre les différentes dimensions de la politique énergétique et de développer une vision transversale de l’énergie plus efficace pour atteindre nos objectifs. Au-delà d’orientations stratégiques, la PPE a aussi pour rôle de fixer les objectifs quantitatifs pour le développement de toutes les filières d’énergies renouvelables, fortement soutenu par l’Etat.
 
C’est « un gros travail » qui s’achève pour « le texte principal qu’on attendait depuis le vote de la loi » s’est félicitée, auprès de l’AFP, la ministre de l’Environnement et de l’Énergie. Ségolène Royal estime par ailleurs que cette « PPE est ambitieuse, notamment pour les énergies renouvelables », mais aussi « efficace pour le combat climatique » et « énergique pour la préparation du modèle économique de demain » basée sur une croissance moins émettrice de dioxyde de carbone (CO2).
 
Initialement attendue au premier semestre, la présentation de la PPE avait d’abord été reportée, avant que le texte ne soit amendé par le gouvernement après les critiques émanant de plusieurs organismes (comité d’experts, autorité environnementale, conseil national de la transition énergétique, etc.) consultés avant sa parution. Ces acteurs reprochaient notamment un certain flou sur le volet, sensible, du nucléaire alors que la loi prévoit de ramener la part de l’atome dans la production nationale d’électricité de 75% aujourd’hui à 50% d’ici à 2025.

Le nombre de réacteurs à fermer n’est toujours pas précisé

Sur ce point, une phrase a été ajoutée à la synthèse accompagnant le décret. Elle précise que la fourchette anticipée de baisse de la production nucléaire contenue dans la programmation pluriannuelle de l’énergie « pourra également être révisée en fonction de l’augmentation de la production renouvelable des efforts d’efficacité énergétique ». L’annexe ne mentionne toujours que la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), sans préciser le nombre d’autres réacteurs qui pourraient être fermés d’ici 2023. Laissant ainsi sur leur faim des ONG, appuyées par un rapport parlementaire publié cet été, qui réclament un objectif précis et chiffré.
 
Le décret oblige lui-même l’exploitant nucléaire EDF « dans un délai maximal de six mois » après sa publication (soit juste avant l’élection présidentielle) a établir un « plan stratégique compatible avec les orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie ».

« Incohérence » du texte pour les uns, « clarté » pour les autres

Dans un communiqué, Greenpeace dénonce « une PPE incohérente » qui « n’indique aucune trajectoire de réduction de la part du nucléaire ». L’ONG estime, pour sa part, qu’il faudrait fermer entre 21 et 23 réacteurs d’ici 2023 pour atteindre l’objectif fixé par la loi. « Le gouvernement laisse à EDF la main » pour « dire comment ils feront » puisque la trajectoire pour atteindre les 50% « n’est pas décrite » insiste auprès de l’AFP Cyrille Cormier, chargé de campagne Énergie au sein de l’ONG : 
• L’électricité nucléaire disponible en 2025 se calcule à partir de la disponibilité brute en 2025 et des hypothèses d’exports. : cela représente la moitié de la disponibilité brute plus l’export.
• Le nombre de réacteurs à fermer d’ici 2025 dépend du type de réacteur que l’on choisit de fermer entre les moins puissants (900 MW, environ 60% des réacteurs français, et qui ont entre 29 et 39 ans) et les plus puissants (entre 1300 et 1500 MW qui ont entre 17 et 32 ans).
• En prenant en compte l’évolution de la consommation d’électricité vue plus haut et la montée en puissance des énergies renouvelables, la PPE devrait proposer de fermer entre 5 et 8 réacteurs d’ici à 2018 et de 19 à 24 fermetures supplémentaires d’ici 2023.

• Quand bien même ce serait les réacteurs les plus puissants qui fermeraient (peu probable compte tenu de leur âge), il faudrait de toute façon fermer une dizaine de réacteurs d’ici 2023 (Source : CP du CLER – Réseau Action Climat France  – Greenpeace – Franced Nature Environnement).

 
De son côté, Ségolène Royal explique que « c’est surtout la clarté des objectifs qui a été renforcée » par ce texte, alors même que la présentation pluriannuelle de l’énergie est critiquée sur le manque de cohérence entre ses différents volets (consommation et production d’énergie). La ministre rappelle également que « plus de 90% » des textes d’application de la loi sur la transition énergétique ont été publiés. Les autres étant en cours d’examen devant le Conseil d’État ou la Commission européenne.
 
Pour sa part, Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), déclare : « Ce texte est un gage précieux de visibilité pour nos filières ; leur montée en puissance est désormais finement programmée ». Même satisfaction de la part des professionnels de l’éolien. Olivier Perot, président de FEE, fait valoir : « Le décret relatif à la PPE grave dans le marbre des objectifs ambitieux et inédits pour l’éolien terrestre, en assurant une visibilité et des perspectives de développement réelles aux entreprises de la filière. C’est aussi une très bonne nouvelle pour l’emploi : après 1.700 emplois créés en 2014, et 2.000 en 2015, l’emploi éolien devrait pouvoir continuer à se développer à un rythme élevé ». Il tempère toutefois : « Il reste de nombreux obstacles à lever pour permettre l’accélération attendue des capacités installées : simplification réelle des démarches administratives, augmentation des capacités de raccordement du réseau, diminution des contraintes spatiales (radars) » . (Source :  Batiactu.com – 2/11/2016)
 

(Source : AFP)
 
 
 

 

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