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enseignement supérieur

Bâtissons l’enseignement supérieur du XXIe siècle

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Après un été marqué par les dysfonctionnements de la plateforme Admission Post Bac (APB), « Mi-août, 6.000 jeunes étaient toujours à la recherche d’une affectation… » : l’Enseignement supérieur semble toucher le fond. Malgré la qualité des enseignements et le courage des enseignants, ce qu’il faut retenir ce sont les 90.000 jeunes qui sont encore sans affectation pour la rentrée prochaine. La Fondation Concorde, autour de 28 propositions concrètes, propose de réformer l’accès aux universités et leur gestion, afin que chaque établissement soit le plus à même de construire un projet pédagogique en cohérence avec son territoire afin de renouer avec la réussite à l’université.
 
Ces dix dernières années, deux grandes réformes des universités ont été mises en place : la LRU et la loi Fioraso. Toutes deux visaient à accentuer le processus d’autonomie des universités. Force est de constater que malgré ce mouvement, les universités n’ont jamais été aussi dépendante du Ministère, tant en termes de pédagogie et de recherche (HCERES, CNESER et CNU) qu’en terme de financement. A cela s’ajoute une crise importante menaçant le modèle universitaire français : comment absorber une croissance annuelle des effectifs de 2% à budget constant ? Les universités françaises doivent se rénover, pour pleinement rentrer dans ce nouveau siècle.

Quelles sont les raisons des échecs de la filière universitaire ?

• Un système à l’efficacité relative :
– Le taux d’échec en première année est de 43,8%, et coûte 2 milliards €/ an1. La première cause de cet échec est l’orientation, 80% des étudiants jugent s’être trompés de formation.
– Le taux de réussite des bacs professionnels en première année universitaire tend vers 2%.
– En France, 2 millions de jeunes sont considérés comme des NEET (ni en formation, ni en stage, en étude, ni en emploi), dont 900.000 sans aucun diplôme.
– Le taux de chômage des jeunes est passé de 15 à 25% depuis 1980, alors que dans le même temps, le nombre d’inscrits dans l’enseignement supérieur a bondi de 108%. La politique du tous à l’université ne transforme donc pas mécaniquement les diplômes en emploi.
 
• Perception de l’ESR dans l’opinion publique (sondage Elabe – FESIC mars 2017) :
– 86% des Français jugent que les dépenses publiques d’enseignement supérieur sont un investissement justifié et utile pour la société.
– 92% des Français jugent que l’ESR est un sujet important à traiter dans le cadre du prochain quinquennat (20% le jugent prioritaire).
– 87% jugent que l’ESR est indispensable au développement de la recherche en France, 73% jugent que les formations dispensées sont de bonnes qualités.
– Néanmoins, 61% jugent que le système ne prépare pas bien à l’entrée des étudiants dans la vie professionnelle, et 57% jugent que les formations proposées ne sont pas adaptées aux besoins du monde professionnel.
– Seuls 7% jugent que la qualité de l’ESR s’est amélioré au cours des 10 dernières années.

 
Face à une situation de massification des effectifs (+108% d’effectifs depuis 1980) et une désertification des filières professionnelles (-17% sur la même période) il est urgent de réformer l’Enseignement supérieur français, qui constitue encore aujourd’hui un avantage comparatif important pour notre pays, sans sortir les vieilles recettes à savoir la mise en place d’une sélection à l’entrée, ou l’augmentation des frais d’inscription.
L’enseignement supérieur va connaître une massification importante dans les prochaines années : + 335.000 étudiants supplémentaires dans les 10 prochaines années (une croissance moyenne de 2%/ an).  
A l’échelle mondiale, ce sont 200 millions d’étudiants supplémentaires d’ici 2030, dont 4,3 millions qui effectueront leurs études à l’étranger (=> possibilité pour la France de capter ce nouveau public). Les effectifs dans le supérieur ont bondi de 108% depuis 1980.
 – La part de diplômés du supérieur est passée de 17.4% de la population en 2003, à 25,2% en 2014.
– Massification ne signifie pas démocratisation : En 2014, 1.4% des étudiants sont fils d’agriculteurs, 10.8% sont enfants d’ouvriers et 30% sont enfants de cadres et professions libérales. En 2012 ses résultats étaient respectivement de 1.8%, 10.4% et 30.6%. Pour 2008, ces chiffres étaient de 1.9%, 10.2% et 31.3%
 
Côté apprentissage, la filière est considérée comme délaissée :
 – Les effectifs dans l’enseignement professionnel ont diminué de 17,9%.
– Il y a eu 28.1% de contrats d’apprentissage rompus en 2014 – 2015, contre 27% en 2011- 2012, alors que le nombre total de contrats signés a baissé de 11.3% sur la période.
– 80% des contrats rompus le sont à cause d’une inadéquation entre les compétences attendues par l’entreprise et celle de l’étudiant.
– Chaque année, 300.000 emplois son non pourvus et concernent principalement les métiers de la main. L’apprentissage peut donc palier partiellement au chômage des jeunes en leur offrant une formation.

Vers quelle réforme ?

Le gouvernement a annoncé une réforme du premier cycle visant à supprimer APB et mettre en place des prérequis. Cette volonté réformatrice va dans le bon sens, selon la Fondation Concorde,  mais doit aller plus loin et s’étendre à tous les pans de l’Enseignement supérieur francais.
Aussi, la Fondation a-t-elle ainsi réuni pendant huit mois une vingtaine d’experts universitaires issus de tous les horizons, dans le but de proposer une réforme en profondeur de notre ESR.
Articulé autour de 28 propositions, le projet se veut ambitieux mais réaliste : transformer l’accès au premier cycle en passant d’une logique de filière à une logique de parcours à la carte ; doter l’université de nouveaux moyens financiers notamment grâce à la formation professionnelle ; et proposer une gestion décentralisée de l’enseignement supérieur, afin que chaque établissement soit le plus à même de construire un projet pédagogique en cohérence avec son territoire.
 
L’avenir de l’Enseignement supérieur français ne passe pas par son démantèlement mais bien par son optimisation pour tendre vers plus d’efficacité et plus de réussite à la fois pour les étudiants et pour les établissements.
 
Liste des propositions :
 
1/ Instaurer des quotas à l’entrée des BTS et IUT.
2/ Instaurer une spécialisation progressive dès la première année.
3/ Instaurer une logique d’enseignements majeurs / mineurs.
4/ Communiquer sur les taux d’insertion professionnelle des filières.
5/ Ouvrir l’enseignement professionnel dès l’âge de 12 ans.
6/ Ouvrir l’apprentissage dès 14 ans.
7/ Approfondir le dispositif d’accès à l’apprentissage expérimenté par la région Ile-de-France.
8/ Régionaliser une partie des apprentissages effectués au sein des formations professionnelles.
9/ En effectuant une remise à plat totale du système de répartition des dotations aux établissements.
10/ Faire des universités l’acteur majeur de la formation professionnelle.
11/ Développer les Junior entreprises au sein des universités.
12/ Coupler la recherche fondamentale et la recherche appliquée.
13/ Développer les Fondations.
14/ Flécher le budget orientation du MEN vers le budget du MESRI.
15/ Entamer une réflexion sur la mise en place de PARC à la française pour développer un financement plus équitable de l’enseignement supérieur
16/ Former les enseignants aux TIC.
17/ Généraliser l’équipement informatique des Universités.
18/ Privilégier une pédagogie horizontale, interactive et dynamique.
19/ Changer les situations de travail et d’évaluation.
20/ Inscrire toutes ces nouvelles compétences des étudiants dans des fiches RNCP.
21/ Profiter du numérique pour rénover la gestion des effectifs.
22/ Repenser la carte nationale des établissements d’enseignements supérieurs.
23/ Développer les conseils de perfectionnement locaux, en leur donnant un réel rôle décisionnaire.
24/ Inciter à l’innovation dans la carrière des enseignants chercheurs.
25/ Supprimer la qualification pour permettre le recrutement local des universités.
26/ Transformer le CNU pour laisser une totale liberté pédagogique aux établissements et aux chercheurs.
27/ Réorganiser les EPSCP pour faire face aux accréditations et à l’évaluation.
28/ Permettre aux établissements de se saisir de la démarche qualité.
 
Il y a enjeux à faire entrer la démarche qualité dans la culture de nos universités. Les établissements de petits tailles type « école » ont intégré la notion de qualité et d’assurance qualité des formations comme outil de pilotage et de conduite du changement. Alors pourquoi pas nos universités ?
 
Dans une interview à Europe 1 du 2 septembre, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vial, déclarait vouloir supprimer la plateforme APB pour la rentrée universitaire 2018 mais aussi faire baisser les coûts. N’oublions pas : le préambule de la Constitution de l’An I stipulait : « Le pain et l’’éducation sont les deux premiers besoins du peuple ». Le pain à notre époque, c’est bien entendu l’emploi, et l’éducation : la formation et la culture.
 
(Source : ©Fondation Concorde)

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