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Lancement de l’Observatoire « Technologies & Souveraineté numérique »

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La crise du Covid-19 a révélé au grand jour l’enjeu stratégique de la souveraineté et de la dépendance de la France et de l’Europe dans un certain nombre de secteurs économiques : santé, défense, agriculture, informatique, finance… et pose sur le devant de la scène la question globale de la souveraineté. Télécom Paris et Netexplo lancent le 20 mai prochain l’Observatoire « Technologies & Souveraineté numérique ». Avec quelle vocation et finalités ?

Télécom Paris et Netexplo lanceront l’Observatoire « Technologies & Souveraineté numérique » sous le haut patronage de Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques en partenariat avec Capgemini Invent, EDF, Renault Group, Orange Business Services, Villa Numéris et Le Village by CA.
Tous les acteurs fondateurs se réuniront le 20 mai 2021 afin de présenter l’Observatoire « Technologies & Souveraineté numérique » (1).

Pour que l’Union européenne ne devienne pas une colonie du monde numérique

La publication en 2013 du rapport « L’union européenne, colonie du monde numérique ? » (2), mettant en exergue les processus en cours de « vassalisation technologique d’un cyber-empire », avait pour objectif d’explorer la possibilité et les modalités d’une régulation publique, à l’échelle européenne, de la révolution numérique, « levier de croissance mais aussi enjeu de civilisation pour l’Union européenne ».

Comme le souligne ce rapport « Par son caractère transversal, le numérique défie la vieille Europe : il renverse les modèles d’affaires, il se joue de l’impôt, il bouscule les règles de droit… Cet espace transfrontière est dominé par une poignée d’acteurs privés non européens qui deviennent des rivaux des Etats. Quelle est la place de l’Europe dans cette nouvelle géographie ? Aujourd’hui, par le biais de son Agenda numérique, l’Union européenne tente de dégager le surplus de croissance que laisse espérer le numérique pour l’économie européenne. Mais cette approche par les usages manque d’envergure politique : qui se soucie de savoir si l’Union européenne sera consommatrice ou productrice sur le marché unique numérique ?
Qui s’inquiète de la perte de souveraineté de l’Union européenne sur ses données ? Qui se soucie de préserver la diversité de la culture européenne en ligne ? Bref, qui a pris la mesure de l’enjeu de civilisation qui se joue dans le monde numérique ?

C’est à une prise de conscience politique que ce rapport appelait, à l’échelon européen car c’est à ce niveau seulement que nous pouvons trouver une masse critique pour peser dans le cyberespace. »

En décembre 2020, la Commission européenne proposait le Digital Services Act (DA) – une législation sur les services numériques avec pour objectif « de mettre à jour le cadre juridique de l’Union européenne, notamment en modernisant la directive sur le commerce électronique adoptée en 2003 transposée en droit français sous le vocable Loi pour la confiance dans l’économie numérique, un texte qui permettait de réguler l’intelligence artificielle, la monnaie et les plateformes numériques afin de permettre à des acteurs d’innover et de se développer et de permettre une meilleure sécurité des internautes ».

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Le concept de souveraineté numérique a intensifié le débat auprès du grand public, même si certains spécialistes ont estimé que ce DSA ne proposait rien de neuf, le considérant comme un mécanisme de contrôle et de sanction supplémentaire, alors qu’il devrait être une « régulation ex ante pragmatique et efficace ».

Pour apporter des réponses à des questions devenues essentielles

Parce que les technologies numériques sont à la fois un outil d’indépendance et un projet d’avenir, il apparaît que l’investissement dans l’Internet des Objets, le Cloud, l’Intelligence Artificielle, la Cybersécurité, la 5G ou le Quantique, est un levier stratégique de poids pour les entreprises françaises.

Le constat de notre dépendance vis-à-vis des leaders technologiques américains (GAFAM) et chinois, encourage un peu plus les décideurs politiques, économiques et scientifiques, français et européens, à construire une stratégie d’investissement et de coopération ambitieuse et coordonnée, afin de briser le lien de « la subordination, la provincialisation et la colonisation vis- à-vis des États-Unis« , comme l’expliquait Pierre Bellanger dans son fameux ouvrage « La Souveraineté numérique » en 2014. Pour lui, l’Europe « s’est transformée en « garde­-manger » numérique du pays de l’Oncle Sam à l’instar de cette Afrique disputée par les puissances européennes du XIXe siècle ». « La souveraineté numérique est aussi importante que la souveraineté nucléaire, affirmait-il. Sans cette maîtrise, nous serions devenus une nation sous tutelle. »

Comment se construit la souveraineté numérique en France et en Europe ? Où sont les risques de souveraineté numériques ? Quelles sont les applications de ces technologies dans l’entreprise ? Quelle place dans la compétition mondiale pour l’ambition européenne dans les domaines-clés des technologies numériques (notamment Cloud, 5G et Quantique) ? Comment favoriser l’attractivité des talents et investisseurs sur ces technologies critiques ?

La vocation de ce nouvel Observatoire sera donc de réunir les acteurs politiques, économiques et sociaux autour de travaux d’études afin d’apporter, en amont des grandes décisions, des éléments de réponses à ces questions stratégiques.

L’observatoire partagera chaque année à l’occasion d’une journée intitulée « Les nouveaux horizons technologiques de la souveraineté numérique », l’état d’avancement et les enseignements de ses travaux, la vision et l’expérience de scientifiques, créateurs de startups et grandes entreprises, qui sont les partenaires fondateurs de l’Observatoire. La première édition de cette journée aura lieu jeudi 3 juin 2021 au centre de conférences Pierre Mendès-France du Ministère de l’Économie.

Par ailleurs, Télécom Paris et Netexplo ont créé des programmes de formations pour accompagner la montée en compétences des acteurs politiques et économiques : les « Executive Short Certificates ».

Ces formations visent, en 20h de cours à distance, l’obtention d’une certification Télécom Paris :

  • « Masterclass 5G » prépare les dirigeants et managers des entreprises ainsi que les cadres des collectivités territoriales à répondre à la question suivante : comment saisir les opportunités de la 5G ? Cette formation est déjà disponible.
  • « Deep Tech for business » sensibilise les cadres dirigeants et hauts potentiels des entreprises aux applications, potentiels et enjeux des technologies critiques que sont l’Internet des Objets, le Cloud, l’Intelligence Artificielle, la Cybersécurité et la Quantique. Elle sera disponible le 15 octobre 2021.

Pour Asma Mhalla, Maître de Conférences à SciencesPo Paris en économie numérique, et membre de l’Observatoire de l’Ethique Publique, il faut que les politiques mettent surtout en place une gouvernance éthique de la donnée : « Cela doit passer par une réappropriation progressive des données produites sur son territoire. Il est à cet égard nécessaire, de penser à une nouvelle doctrine anti-trust en matière de gouvernance de la donnée. » Elle propose « le principe d’un monopole en contrepartie d’un accès libre et sans discrimination à la donnée. Les data-lakes des méta-plateformes seraient alors largement ouverts à des entreprises tierces, leur donnant ainsi la possibilité d’innover en ayant la possibilité d’accéder aux effets de réseaux dans des conditions plus juste grâce à la puissance des données. En revanche, les domaines régaliens (santé, éducation, armée, police, justice) doivent quant à eux rester strictement aux mains de l’Etat au prix du développement accéléré d’infrastructures domestiques intégrant dans leur architecture le privacy by design, l’open-source, self-data ou encore la blockchain. »

La présidente de l’UE, Ursula von der Leyen, plaide pour une « souveraineté technologique » de l’Europe, en appelant les Européens à être des « optimistes technologiques », rejoignant le Président Macron qui affirme que « la vraie souveraineté se bâtit au niveau européen », tout comme la chancelière allemande qui mobilise chefs d’États et gouvernements en faveur de la « souveraineté numérique » de l’UE et son autonomie technologique face aux autres puissances du globe. L’Observatoire « Technologies & Souveraineté numérique » sera-t-il en capacité à répondre aux enjeux de cette souveraineté numérique ? Rendez-vous pour un premier bilan le 3 juin prochain. 

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(1) La présentation se déroulera au format hybride au Village by CA Paris et en ligne
(2) Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires européennes sur l' »Union européenne, colonie du monde numérique ? » Catherine Morin-Desailly, mars 2013

Pour aller plus loin :

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bkieffer88***
3 années

Est-ce que Gaïa-X n’est pas justement censée répondre en partie à ces enjeux ? Par ailleurs, je suis toujours un peu circonspect lorsque la 5G est présentée comme un « domaine-clé » ou une « technologie critique ». Peut-être y aurait-il aussi matière à s’interroger d’abord sur la réelle pertinence de cette technologie, de ces apports réels et pas uniquement ceux espérés par les équipes marketing des fournisseurs d’équipements. Concernant le quantique, je n’y connais pas grand-chose ; n’y a-t-il pas une sorte de parallèle à faire avec la fusion nucléaire ? Faut-il engloutir des milliards dans une technologie utopiste ? En tout cas,… Lire la suite »

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