Selon les experts du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, les trajets de courtes distances sur les routes françaises augmenteront de 29% d’ici 2050, ce qui entrainera une hausse des embouteillages et de la pollution atmosphérique. L’État français commence à réaliser l’impact environnemental que cette augmentation du trafic représente et annonce vouloir stopper la vente des voitures essence et diesel d’ici 2040. Par ailleurs, la Ville de Paris a pour objectif de bannir les voitures essence de ses rues d’ici 2030.
Cela représente un énorme défi pour l’État, la société, l’économie et surtout pour l’industrie automobile française qui reste très attachée aux moteurs diesel. Mais ce défi est aussi une opportunité de repenser les moyens de transports. Le cas de la Chine illustre bien comment répondre aux enjeux de la congestion routière et de la diminution de la pollution.
Tribune libre
L’année dernière, 700 000 voitures électriques ont été vendues en Chine et d’ici 2025, jusqu’à cinq millions de véhicules électriques seront produits chaque année. C’est du moins ce que vise l’État chinois. Pour atteindre cet objectif, la Chine applique une politique de subventions pour le secteur automobile. Depuis le début de l’année, les exigences sont devenues plus strictes et de nombreux modèles de véhicules à essence n’ont plus le droit de circuler.
Ces initiatives font suite à des scandales environnementaux et à une pollution atmosphérique extrême dans les deux principales métropoles du pays, Pékin et Shanghai. Selon une étude du British Medical Journal, la Chine doit faire face à 3 millions de décès prématurés par an directement liés à la pollution atmosphérique. Si le problème a longtemps été ignoré, dans un contexte de réussite économique et de prospérité croissante, le gouvernement a décidé de changer la donne. Les centrales électriques alimentées au charbon sont remplacées par des moyens de production d’énergie moins polluants et les transports sont progressivement convertis à l’électromobilité. La mutation à l’électrique pour les deux et les quatre roues est devenue un enjeu de masse dans l’Empire du Milieu.
Outre les avantages fiscaux et les incitations financières accordés aux constructeurs, les infrastructures urbaines sont en cours d’ajustement. De nouvelles stations de recharge sont en cours d’installation dans tout le pays. De plus, à Pékin et à Shanghai, il est de plus en plus difficile d’obtenir des plaques d’immatriculation pour un véhicule avec un moteur essence, alors que l’immatriculation des voitures électriques se fait beaucoup plus facilement.
En outre, à partir de 2019, le gouvernement va exiger aux constructeurs automobiles un quota de 10 % de ventes de véhicules hybrides ou électriques sur la totalité des véhicules vendus en Chine. Par ailleurs, des incitations à la transformation de la mobilité sont en train d’être mises en place à tous les niveaux, ouvrant ainsi la voie au pays pour qu’il devienne le leader du marché des véhicules électriques.
La société chinoise est curieuse et avide d’innovation et s’enthousiasme rapidement pour un nouveau produit. Par exemple, dans tous les marchés, il est généralement possible de payer pour ses achats avec un QR code via l’application WeChat. Même les plus petits commerces peuvent accepter ce moyen de paiement. Alors qu’en France il est encore difficile d’imaginer qu’un paiement via smartphone finira par être adopté par le plus grand monde.
La mauvaise image qui colle encore à certaines marques et produits chinois en France a également évoluée. En Asie, la qualité et l’innovation ont été adaptées. L’avance dont bénéficiaient les entreprises américaines ou européennes au niveau de la qualité et de la finition a diminué sensiblement et les entreprises chinoises s’adaptent désormais facilement aux normes européennes et américaines. C’est la raison pour laquelle leurs produits rencontrent désormais un véritable succès sur le marché français. Le meilleur exemple est le fabricant de smartphones Huawei qui est devenu le troisième acteur principal du marché derrière Samsung et Apple.
La France est dépourvue d’une feuille de route concrète visant à répondre au double enjeu de la pollution et de la mobilité. Il est urgent de repenser la société et les infrastructures en place.
Il serait sans doute plus fructueux que la société française soit plus ouverte à l’e-mobilité. Cela faciliterait l’adoption de moyens de transport durables et respectueux de l’environnement. Cependant, les voitures sont encore considérées par certains comme un symbole social. A l’opposé, l’approche chinoise est beaucoup plus pragmatique. Les voitures sont, dans la plupart des cas, considérées comme un fardeau dans les grandes villes et les scooters électriques sont le moyen de transport privilégié des Chinois. En Chine, 26 millions de scooters électriques sont vendus chaque année.
Enfin les prix des véhicules électriques continueront de baisser à l’avenir et notamment parce que les moteurs électriques sont plus faciles à concevoir. Alors qu’environ 1 700 pièces individuelles doivent être installées pour un moteur essence conventionnel, dans un e-moteur de 17 paramètres, il n’y a qu’un centième d’effort. La Chine, pays qui possède le plus grand parc de véhicules électriques, s’affirme actuellement comme leader du marché de l’E-mobilité. La France a déjà été inspirée par cette évolution et il est grand temps qu’elle s’investisse sérieusement afin de passer dans la mobilité du 21ème siècle.
Joseph Constanty, Directeur International, NIU
Photo d’entête : Ville de Shanghai
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