Le concept de toiture végétalisée existe depuis la préhistoire. Aujourd’hui, le marché des toitures végétales est en pleine croissance, supérieur à cinq millions de mètres carrés par an. Le rôle que peuvent jouer les toitures végétales est considérable : réduction de la consommation énergétique liée à l’isolation des bâtiments, amélioration de la qualité de l’air des villes, captage du CO2, et création de zones de biodiversité et de potagers urbains. Etat des lieux.
La végétalisation de toiture, très ancienne technique de protection de l’habitat, consiste à faire pousser sur une toiture un tapis végétal afin d’en assurer la protection thermique. Cette technique, utilisée depuis des millénaires dans la zone paléarctique, fait encore partie des traditions des Amérindiens d’Amérique du Nord : un épais mélange de terre et de végétaux herbacés enracinés permettait de réaliser des toitures relativement bien isolées, étanches à l’air et à l’eau, résistantes au vent et au feu, le tout se faisant avec des matériaux facilement disponibles localement. Afin d’éviter le pourrissement de la charpente, des tuiles de bois peu putrescibles ou des plaques d’écorce de bouleau faisaient office de couche protectrice.
Pionniers de la toiture végétale dès les années 80, les allemands ont développé un marché grâce aux nombreuses aides gouvernementales pour arriver en 1995 à près de 10 % des nouveaux toits construits avec des techniques de végétalisation. Outre la possibilité de gestion des eaux de pluie, grâce au pouvoir « tampon » du substrat végétalisé sur les pluies, qui a séduit les autorités, la technique est également prisée des assureurs qui ont remarqué que les terrasses végétalisées sont moins sources de sinistres que celles simplement protégées par des feuilles bitumineuses avec ou sans protection en gravier, car le bâtiment subit des chocs thermiques très atténués.
Côté Suisse ou autrichien, la réglementation est radicale, la végétation est obligatoire sur tout nouveau toit plat présentant une inclinaison adaptée à leur implantation.
A partir des années 90 à 2000, la plupart des pays d’Europe, y compris l’Europe de l’Est, ont découvert, puis développé les toitures végétalisées.
Du côté américain, plusieurs grandes villes comme Chicago ou New York ont mis en place des systèmes d’incitations fiscales ou de subventions. C’est aussi le pays où des mouvements écologiques ont développé différents concepts bio-climatiques enfouis ou recouverts de terre.
Depuis les années 2000, on assiste à un véritable essor des toitures végétalisées aux USA. En 2012, un million de mètres carrés de toitures végétalisées a été construit aux États-Unis. Plus haut sur le même continent, même si les projets commerciaux et résidentiels canadiens incluant des toits végétaux sont encore peu nombreux, les produits et l’expertise sont disponibles et il y aurait une certaine popularité des toitures végétales, auprès du public. Parmi les projets les plus remarquables, on relèvera surtout la très belle toiture de la bibliothèque publique de Vancouver qui possède au dessus du neuvième étage un jardin de 1 850 m² conçu par la paysagiste Conelia H. Oberland en 1995.
L’amérique du Sud et Centrale connait également depuis quelques années un développement des toitures végétalisées, y compris dans un pays réputé aride comme le Mexique.
En Asie, et plus précisément au Japon, la toiture végétalisée est avant tout une histoire de réglementation. Ainsi, la ville de Tokyo exige que toute construction occupant plus de 10 000 pieds carrés de terrain soit couverte de végétaux sur 20 % de sa surface.
La Chine n’est pas de reste, qui prévoit de plus en plus fréquemment des toitures végétalisées sur ses bâtiments les plus récents.
Quant à Paris, comme dans toutes les métropoles, la présence du végétal constitue un enjeu écologique incontournable dans la lutte contre le changement climatique. Le plan biodiversité de Paris signé en 2011 rappelle cet objectif en préconisant la préservation et le renforcement de la nature à Paris : créer 7 hectares de toits végétalisés d’ici à 2020. Comme le déclare au Parisien en janvier dernier, Pénélope Komites, adjointe chargée des espaces verts, de la nature et de la biodiversité de la ville de Paris, « L’objectif est de végétaliser d’ici 2020, 100 ha dans Paris : sur les murs, les toits…En partie sur le patrimoine de la ville, mais aussi sur les bâtiments des acteurs privés. Une vingtaine d’entre-eux sont déjà nos partenaires : ERDF, JC Decaux, Nexity, la RATP, La Poste — pour ne citer que ceux-là — ont répertorié des sites où ils ont l’intention de végétaliser leurs façades et toits. Ces partenaires ont signé la Charte des « Paris-culteurs » ».
Le rôle que peuvent jouer les toitures végétales développées avec ce principe est considérable : réduction de la consommation énergétique liée à l’isolation des bâtiments, amélioration de la qualité de l’air des villes, captage du CO2, et enfin création de zones de biodiversité et de potagers urbains.
Côté économie, selon le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), en 2008 et en France, la terrasse-jardin est bien plus chère que le complexe étanchéité + végétalisation extensive (prix variables selon la surface, la pente, les végétaux choisis et les éventuels travaux de renforcement,).
Mais au-delà du simple surcoût par rapport à une solution traditionnelle, il faut tenir compte du fait qu’il sera en partie absorbé par différentes économies. Tout d’abord en ce qui concerne l’étanchéité elle-même, car l’allongement de sa durée de vie rend à long terme cette solution moins couteuse qu’un toit de tuile ou d’ardoise, doté d’un système d’étanchéité plus classique. Ensuite en ce qui concerne les dépenses énergétiques, le substrat et la végétation des toitures végétales permettant que les températures y fluctuent modérément, réduisant ainsi de façon significative les coûts de refroidissement des volumes situés en dessous.
Par ailleurs, l’ajout d’un toit végétal pourra offrir une aire extérieure additionnelle aux occupants, ce qui en zone urbaine ajoute une plus-value pour la vente ou la location. De même pour les immeubles de bureaux et les sièges d’entreprises pour qui le toit vert ajoutera du prestige lorsqu’on y un accès direct, mais également une image écologique et responsable, sans compter le climat propice aux rencontres et aux bonnes relations entre les employés qui sera induit par la présence de végétation dans leur environnement de travail.
Une entreprise a bien compris l’enjeu : Montoitvert qui vient d’être sélectionnée parmi les startups nominées du prix EDF Pulse 2016. La toiture végétalisée est désormais accessible aux particuliers.
Montoitvert, commercialisé par la société Vertige, propose des dalles de fibres végétales pour les toitures sous forme de kits, premier procédé complet de végétalisation de toiture accessible à tous. Ces dalles contiennent un substrat qui servira de support au développement de plantes adaptées aux toitures végétales. Le Kit, léger, simple à mettre en oeuvre, permet de réaliser soi-même sa toiture végétalisée afin d’isoler et protéger tout ou partie de sa maison, de sa terrasse, de son garage ou abri de jardin. Composé à 80% de fibres naturelles, il multiplie par deux, voire par trois, la durée de vie de l’étanchéité. Ce système garantit un effet de climatisation naturelle générant des économies d’énergie en période de chaleur.
Ainsi, les toitures végétalisées fleurissent un peu partout dans le monde. Loin d’être une mode, elles paraissent s’ancrer durablement dans les volontés politiques et environnementales. Leur développement ne cesse de croître laissant présager que notre ville de demain retournera à la nature qui l’a portée.
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