L’Âge des Low Tech – Philippe Bihouix – Edition Anthropocène Seuil – Avril 2014 – 330 Pages
Face aux signaux alarmants de la crise globale ; croissance en berne, tensions sur l’énergie et les matières premières, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, changement climatique et pollution généralisée, on cherche à nous rassurer. Les technologies « vertes » seraient sur le point de sauver la planète et la croissance grâce à une quatrième révolution industrielle, celle des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, de l’économie circulaire, des nano-bio-technologies et des imprimantes 3D.
Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies tant vantées nous conduisent pourtant dans l’impasse.
Ce livre démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les « basses technologies ». Il ne s’agit pas de revenir à la bougie, mais de conserver un niveau de confort et de civilisation agréables tout en évitant les chocs des pénuries à venir. Si l’auteur met à bas nos dernières illusions, c’est pour mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie.
Pessimiste l’auteur ? Il a pourtant une bonne dose d’humour ! Rien que par les titres de ses différents chapitres…Il commence par prendre à partie Saint-Exupéry : « Pardonnez-moi, mon cher « Saint-Ex », de vous propulser par cette unique réflexion… » pour conclure avec Louis-Sébastien Mercier sur un « En attendant, tâchons de rendre les choses passables, ou, si c’est encore trop, rêvons au moins qu’elles le sont (…) ».
Philippe Bihouix est ingénieur, spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique. De formation généraliste, il a travaillé comme ingénieur travaux dans le bâtiment, puis comme ingénieur conseil dans de nombreux secteurs industriels (énergie, chimie, transports, télécommunications, aéronautique…) penant près de dix ans. Il s’est également engagé un an comme chef de mission dans une ONG humanitaire en République Démocratique du Congo et en Angola. Il travaille actuellement dans le fret ferroviaire.
Il est coauteur de l’ouvrage Quel futur pour les métaux ?, (2010) qui traite de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique, pose les limites techniques et sociétales du recyclage et de l’économie circulaire, et dénonce la pertinence de la croissance verte et la fuite en avant technologique de l’économie.