Le temps profond de la Terre, de Helen Gordon – Editions Quanto, septembre 2022 – 360 pages
L’histoire de la Terre est partout autour de nous sans que nous y prêtions attention. Elle se devine dans les courbes des montagnes, les subtilités de la végétation, les marbres et les calcaires de nos villes. La géologie est une porte ouverte sur des infinis de temps et d’espace, et les poussières d’instants de nos existences.
C’est à une découverte du temps profond, celui qui se compte en millions d’années, que nous invite l’écrivaine et journaliste Helen Gordon. Dans ce livre sensible, salué par le public et la critique, nous la suivons dans son périple à travers les paysages d’Europe et d’Amérique du Nord, au fil de ses rencontres avec des glaciologues, des paléontologues et des sismologues. Des restes fossiles de la plus ancienne forêt connue à la menace sourde de la faille de San Andrea, de la traque de météorites aussi vieilles que le Soleil à celle des couleurs des dinosaures, à chaque étape resurgit un passé si vertigineux que notre esprit peine à le formaliser. Tout comme l’est le futur lointain, qui pose la question des traces que nous laisserons de notre passage.
Ce livre est un grand voyage temporel. Nous embarquons il y a dix mille ans en Angleterre qui était encore une péninsule reliée au continent pour, ensuite, arpenter les différentes époques géologiques au gré des intuitions et des témoignages personnels de naturalistes. Nous découvrons les arcanes de la glaciologie, de la sédimentologie, de la tectonique, du volcanisme, de la biologie, de la paléontologie, et même de la linguistique !
On suit Helen Gordon dans ce « temps profond » qui jongle avec des centaines de milliers, les millions et les milliards d’années pour un vertige temporel. Vertige qui fait apparaitre soudain la petitesse des corps humains, de la grandeur du monde. « Un sentiment déstabilisant, mais aussi vivifiant. Comme lorsque vous plongez votre regard dans la voûte étoilée ou dans les profondeurs de la fosse des Mariannes. Ou encore dans l’immensité du temps profond où planent hors de votre vue tous ces anciens mondes, momentanément occultés par le quotidien et l’urgence insistante du présent, attendant d’être ramenés à la lumière. »
Un magnifique essai qui nous entraîne telle une saga jusqu’à notre époque de l’anthropocène qui aurait « commencé en 1784, selon Paul Crutzen, date de l’invention de la locomotive à vapeur de James Watt et le début des augmentations significatives des émissions de CO2, liées à la révolution industrielle. »
Helen GORDON est journaliste. Elle écrit sur la nature et les sciences pour divers journaux et magazines dont The economist, The guardian et Wired.