LE BILLET D’HUMEUR
La nouvelle est tombée ce 12 janvier par un communiqué qui prenait soudain des allures de poisson d’avril. La prochaine COP qui se tiendra à Dubaï en novembre prochain sera présidée par le PDG de la compagnie pétrolière Abu Dhabi National Oil Company. Un roi du pétrole au sommet du climat. On marche sur la tête .
La prochaine COP numéro 28, sensée accorder les 196 États du monde sur une réduction des gaz à effet de serre, donc à la consommation de combustibles fossiles, sera dirigée par Sultan Al Jaber, ministre émirati de l’industrie et patron d’un des groupes pétroliers les plus importants du monde. Un homme qui avait insisté, lors d’une conférence pétrolière en 2021 à « « investir 600 milliards de dollars tous les ans dans le pétrole jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande énergétique mondiale ».
La dernière COP qui s’était tenue en Égypte avait vu le débarquement de centaines de lobbyistes des combustibles fossiles qui n’avaient cessé de polluer le terrain des négociations pour faire aboutir un texte où la réduction du recours aux fossiles était à peine mentionnée. Désormais, les lobbyistes ont pris du galon, leur roi est président.
On pourrait en rire si la crise climatique causée essentiellement par le déversement de gaz issus de la combustion des énergies fossiles n’atteignait des pentes sans retour en arrière possible. Nous allons tout droit vers des catastrophes climatiques à répétition, des crises alimentaires, des populations entières qui vont être englouties et, pour régler le problème, le monde fait entrer le renard pour surveiller le poulailler.
Dur à avaler pour les défenseurs du climat car la COP28 est cruciale. Ce sera le moment ou jamais de mettre un coup de frein radical à la production et la consommation d’énergies fossiles. Face à cet enjeu, la grand-messe climatique est confiée à un des États qui contribue le plus à pourrir la planète. Plus qu’un conflit d’intérêt, une trahison. Pourquoi ce choix ? Les Émirats ont mis sur la table leurs équipement et leurs moyens financiers sans limite. Comme certains se payent des coupes du monde de football, d’autres se payent des COP. A chacun ses bons plaisirs.