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Critique de la ville quotidienne**

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Réunissant une quarantaine d’artistes, cette exposition présente un ensemble d’œuvres ainsi que des documents et des archives donnant à voir des démarches et des pratiques artistiques qui, depuis les années 1950 jusqu’à nos jours, s’insèrent dans la ville, et plus particulièrement encore dans la rue, pour y ménager des interstices à la fois poétiques et politiques. La ville, ici, ne se représente pas plus qu’elle ne se (dé)peint ou se dessine. Elle ne se conçoit pas non plus d’en haut, sous le regard et sur l’injonction de quelque grand ordonnateur, fût-il Architecte, Urbaniste, édile éclairé, Philosophe éclairant. Elle se révèle en revanche kaléidoscopique, mouvante et bricolée par l’action d’artistes engagés – y compris physiquement souvent – dans leur œuvre et qui, chacun à leur manière, tentent de changer la vie, l’art et la ville dans un même élan.

Aussi, par une rencontre fertile entre art et mouvements sociaux, les artistes présentés ici s’inscrivent dans le sillage d’une tendance née avec la ville industrielle : iels investissent la rue voire s’y confrontent dans une forme de chassé-croisé avec les codes, les pratiques et, in fine, les esthétiques de la société civile et des cultures populaires, parfois jusqu’à mettre en question la distinction entre l’artiste et « l’homme/la femme de la rue », entre l’art et le quotidien.

Avec des œuvres et des documents de : Martine Aballéa, Act Up-Paris, Boris Achour , Francis Alÿs, Jean-Daniel Berclaz, Joseph Beuys, Cathryn Boch, Günter Brus, André Cadere, Chanéac, Alex Chevalier, Guy Debord, Jean Degottex, Henry Flynt, Guerrilla Girls, Angela Hareiter, Mona Hatoum, Haus-Rucker-Co, Thomas Hirschhorn, Jenny Holzer, Anne Houel, Douglas Huebler, Françoise Janicot et Bernard Heidsieck, Allan Kaprow, Ugo La Pietra, Letaris, Tim Maul, Eugenio Miccini, Jonathan Monk, Nicolas Moulin, Leonel Moura, Maurizio Nannucci, Nefeli Papadimouli, Matthieu Saladin, Charles Simonds, Jean Tinguely, Endre Tót, UFO, Jacques Villeglé, Stephen Willats, Raphaël Zarka […]

Nefeli Papadimouli, Étoiles partielles, 2023 Vue de l’exposition « Critique de la ville quotidienne » [5 octobre au 15 décembre 2024]– Fondation du doute, Blois Photo : Nicolas Wietrich – Ville de Blois.

**Le titre de l’exposition « Critique de la ville quotidienne » est un clin d’oeil à l’ouvrage du philosophe Henri Lefebvre « Critique de la vie quotidienne » paru en 1947. 

Préambule

Dans notre imaginaire commun, la Ville s’est affirmée comme le lieu symbolique du pouvoir économique et politique, le centre à partir duquel l’Ordre s’impose à des franges ténébreuses. Les événements récents, depuis les Gilets jaunes jusqu’aux manifestations des agriculteurs, participent d’une réactivation de ce récit quelque peu binaire et manichéen. Il n’est d’ailleurs pas anodin de remarquer combien cette dichotomie participe du récit moderne du dualisme Nature/ Culture, encore lui. Plus particulièrement encore, ce rapport concentrique du centre à la périphérie semble emprunter les voies latines qui vont de la domus à la sylva, imaginaire selon lequel le civilisé bon chic, bon genre, et forcément bon père de famille, cède progressivement la place au « sauvage », peu ou prou cultivé peu ou prou enculturé, et plus ou moins romantisé selon qui s’en saisit. Pour autant, le simplisme de surface de cette dichotomie spatiale dedans/dehors nous intime de plonger en-deça, pour questionner les relations profondes que la ville entretient plus largement au vivant – dont l’humanité n’est qu’une infime partie – et à interroger la place concédée à celui-ci dans celle-là.

Car admettons-le : on n’a jamais été aussi peu sûr que la ville ait un jour été pensée pour être habitée. Si elle s’affiche et s’affirme comme un lieu olympien sinon olympique de parade ou encore un clapier à main d’oeuvre, bien peu en définitive y trouvent véritablement abri. Et puis, comme dirait l’autre, il y a le bon citadin et le mauvais citadin : le bon chic bon genre du dedans, encore lui, celui-là qui sort en pleine lumière, usager apollinien flamboyant à la silhouette fière et galbée, qui parcourt du matin au soir une ville qui lui est dédiée, puisqu’il y mène une vie exemplaire : il circule, il travaille, il dort, il se divertit… Et il y a les autres.

Celles et ceux dont la vie résiste au schéma et aux Master Plans, celles et ceux qui rasent les murs et sortent la nuit, ou qui n’osent même pas sortir, de jour comme de nuit. Celles et ceux dont la ville dénie l’existence et qu’elle s’échine à domestiquer dedans ou à chasser dehors. Des sauvages de l’intérieur, en somme.

La ville moderniste et ses avortons de l’après-guerre ont renforcé cette rupture entre deux mondes qui ne se comprennent pas, qui ne se parlent pas : un urbanisme qui se donne les atours d’un projet hygiéniste et humaniste sinon humanitaire pour sauver l’homme moyen, chimère bon marché, face à une « foule » bigarrée et composite, donc informe et toujours-déjà minoritaire. Une multitude qui s’écarte organiquement de la moyenne, tout sauf docile à loger voire rétive à toute planification, et dès lors regardée comme incapable d’habiter correctement. Et dans le brouhaha de ce chaos urbain, se perçoivent les choeurs éplorés des gestionnaires, des promoteurs et des architectes urbanistes observant avec dépit les ruines de leurs grands projets inachevés et de leurs utopies mort-nées.

Pour autant, sous les grands gestes démiurgiques, pousse une autre ville, habitable et habitée par chacun à son endroit : un espace de liberté physique et mental au creux duquel se réfugier, né de tactiques locales de détournements, de bricolages voire de braconnages. Sous les pavés, la ville. Encore. C’est à ces formes artistiques de résistance qu’est consacrée cette exposition.

Cathryn Boch, Sans titre, 2019 Vue de l’exposition « Critique de la Ville quotidienne » [5 octobre au 15 décembre 2024]– Fondation du doute, Blois Photo : Nicolas Wietrich – Ville de Blois

Parcours de l’exposition

Traiter un sujet aussi vaste et complexe que l’art et la ville ne peut qu’être fragmentaire et lacunaire, sinon voué à l’échec. Dont acte, il faudra bien nous résoudre à prendre le risque et à nous offrir nous-mêmes à la critique. Du moins à l’humilité.
Les enjeux sont, quoi qu’il en soit, ailleurs et, sans succomber aux chants des sirènes messianiques et grandiloquents des gens œuvrant pour la Culture, confessons que la seule raison qui nous fait aimer l’art, c’est bien la conviction profonde que « l’art-aussi » doit participer à changer la vie.
Et agir dans la ville, c’est déjà agir sur la vie. À ce titre, l’impulsion donnée dès les années 1950 par les situationnistes, tant par les ambitions affirmées que par les moyens employés, joue dans cette exposition le rôle de pierre angulaire. Sans pour autant les envisager comme pères de toutes choses, force est de constater que leurs intuitions politico-poétiques, bien que souvent empêtrées dans des schémas et une logorrhée modernistes, indiquaient une voie à la fois jouissive et salvatrice, éminemment « disruptive »– si tant est que l’on ose encore cette expression.

Le titre de l’exposition, détournement amusé de l’œuvre phare du philosophe Henri Lefebvre (2), voisin de palier éphémère et désavoué de Debord et consorts, dévoile le point de fuite que nous nous efforçons de suivre ici du regard.
En s’attachant à ramener l’art dans le quotidien et dans la rue en vue d’une transformation radicale de la vie, et non pas de sa simple esthétisation, en dénonçant la pauvreté fallacieuse et confiscatoire du discours urbanistique au profit d’une réappropriation de l’environnement urbain, les situationnistes prenaient le chemin que de nombreux artistes et penseurs mais aussi acteurs de la société civile et culturelle emprunteront également.

Le choix des œuvres et le parcours de cette exposition s’inscrivent plus ou moins consciemment dans ce sillage, en essayant toutefois d’éviter l’ornière (3). Car si l’enfer est pavé de bonnes intentions, que dire d’une ville… Nous nous sommes dès lors attachés à esquiver certains gestes réflexes de l’Architecte : la propension au terrassement, technique appliquée de la table rase, mais aussi au grand-angle et autres vues panoramiques. Aussi avons-nous dû avant toute chose résister aux tentations utopistes des générations successives d’architectes et d’artistes qui supposaient, en somme, soigner le mal par le mal. Et c’est pour les mêmes raisons que nous nous sommes tout autant refusés aux projets dystopiques qui peinent à cacher leur fascination pour le grand geste derrière un cynisme critique.
L’exposition, dense et magmatique, présentée au sein des 200 mètres carrés du pavillon d’exposition temporaire, tend à prendre à contrepied ces visions englobantes et ces regards en surplomb, en réunissant des ’œuvres mais également des documents et des archives donnant à voir des pratiques artistiques qui s’insèrent dans la ville pour y ménager, presque par dedans et par dessous, des interstices à la fois poétiques et politiques. La Ville ici ne se représente pas plus qu’elle ne se (dé)peint. Elle éclate sous les perspectives kaléidoscopiques offertes par les actions multiples d’artistes engagés – y compris physiquement souvent – dans l’œuvre.

Aussi, par une rencontre fertile entre art et enjeux sociétaux, celles et ceux présentés s’inscrivent dans le sillage d’une tendance née avec la ville industrielle : iels investissent la rue voire s’y confrontent dans une forme de chassé-croisé avec les codes, les pratiques et, in fine, les esthétiques de la société civile et des cultures populaires, parfois jusqu’à mettre en question la distinction entre l’artiste et l’homme ou la femme de la rue, entre l’art et le quotidien.

Dès lors, nous avons délibérément laissé hors champ et dans l’ombre la question de ce qui se passe de l’autre côté des murs, là où pourtant palpite l’autre coeur de la ville : les espaces intérieurs et, plus précisément, celles et ceux qui y vivent. Mais il nous a fallu faire un choix, et enfin entendre une injonction venue de l’enfance :sortir dehors ! Qu’à cela ne tienne, nous partirons sur une jambe, le voyage n’en sera que plus épique. De même, la question – cruciale – de la place concédée ou prise par les autres formes du vivant ne pourra pas être abordée dans cette exposition. Elle est en revanche l’objet d’une exposition spécifiquement consacrée à l’animal dans la ville, présentée conjointement par le CAUE 41 et l’École de la nature de Blois et du paysage dans les locaux de cette dernière et à laquelle nous renvoyons allègrement (3).

Enfin, l’exposition en tant que telle se prolonge dans une programmation associée d’événements dans et hors les murs (rencontres, performances, ateliers, projections), proposées en collaboration avec de nombreux partenaires, l’occasion d’aborder de nombreuses thématiques clés, telle que la pollution, les transports urbains mais aussi la surveillance et le contrôle ou la violence.

La rue donc. Non pas l’axe de circulation, mais le lieu, cet espace dans lequel s’inscrit du lien social (4), et a fortiori un champ de bataille communicationnel bien plus riche et complexe que le simple panneau d’affichage auquel la seconde moitié du XXe siècle a tenté de la réduire. Dans ce cadre, tout y fait signe puisque tout y fait potentiellement sens pour celui ou celle qui la vit, parfois inconsciemment. De ce fait même, la rue constitue un environnement (5) dans lequel est pris l’individu, comme une araignée piégée dans sa toile d’habitudes. Chacun évolue dans son monde, un monde qui ne demande cependant qu’à être creusé, élargi, bousculé : nombreux sont les artistes contemporains qui parcourent la ville à la suite des romantiques et des surréalistes pour en révéler un revers plus sensible, à l’instar de Carrefour de la Chaussée d’Antin (1973) de Françoise Janicot et Bernard Heidsieck, envisagée comme une « tentative de topographie sonore d’un point chaud de Paris » ou encore de cette forme d’anamnèse du refoulé architectural proposée par Anne Houel (Mise à jour, 2024).
À l’instar des dérives situationnistes dont rendent compte les cartes psychogéographiques de Guy Debord (Guide psychogéographique de Paris, 1957 ; The Naked City 1957), ces pratiques s’offrent comme des procédures d’analyse et de dévoilement des effets psychoaffectifs de l’environnement urbain sur le passant (Douglas Huebler, Location Piece #2, 1970), parfois à la lisière du surnaturel et de l’ésotérisme comme en témoignent les oeuvres photolittéraires de Martine Aballéa (Horizons incertains, 2010) et de Tim Maul (traces & presence, 1999).

D’autres réinvestissent quant à eux la charge poétique du rendez-vous (Jean-Daniel Berclaz, Rendez-vous ici, 1999 ; André Cadere, Andre Cadere : presenting his work at the following locations, 1978 ; Jonathan Monk, série des Meetings), de la rencontre (Stephen Willats, Street Talk – Amsterdam, 2011 ; Tower mosaic Book, 1992), de l’itinéraire (Maurizio Nannucci, Star / scrivendo camminando, 1978 ; Matthieu Saladin, Vers l’impasse Nationale, 2019 et Vers l’impasse de la confiance, 2019) et de la déambulation (Francis Alÿs, The Leak, Paris, 2002 ; Mona Hatoum, Roadworks, 21 mai 1985 ; Günter Brus, Wiener Spaziergang, 1965) parfois en écho ou dans le sillage symbolique sinon réel des formes traditionnelles du défilé et de la manifestation (Endre Tòt, TÓTalJOYS, 1972-1979 ; UNTEL, 1975 – 1980 ARCHIVES, 2004 ; Joseph Beuys, Ausfegen, 1972-1988 ; UFO, Urboeffimero n°6, 1968 ; Henry Flynt, Fight musical racism, 1964).

Décrié ou idéalisé, l’homme/la femme de la rue est le sujet implicite ou explicite de l’œuvre, soit parce que celle-ci a vocation à le sortir de sa torpeur passive d’usager pour le conscientiser et le rendre acteur (6), soit au contraire car iel se donne comme le parangon d’une attitude de résistance, telle qu’étudiée par le sociologue et philosophe Michel de Certeau (7).
Dans un cas, l’artiste construit des événements ou des happenings (Allan Kaprow, Calling, 1965), des situations dans lesquelles la relation entre l’environnement et le passant se recompose, celui ou celle-ci devenant l’agent d’une transformation qui est aussi la sienne (Nefeli Papadimouli, Étoiles partielles, 2023-2024).
Dans l’autre, l’artiste se mue en ethnographe plus ou moins assumé pour tenter de repérer et d’étudier les traces, usages et tactiques de ces braconniers du quotidien afin de s’en inspirer à son tour pour transformer le quotidien (Ugo La Pietra, Recupero e reinvenzione, 1975 ; La Riappropriazione della città, 1977).
Cette poétique de l’urbain passe alors souvent par une esthétique de l’objet, de la situation ou du signe trouvés, détournés de leur usage pour leur donner une nouvelle signification (Raphaël Zarka, Riding Modern Art, 2005 ; Alex Chevalier, Situations, 2018 et Hommage, 2017 ; Wolf Vostell (avec François Dufrêne), TPL / Tombeau de Pierre Larousse, 1961 ; Jacques Villeglé, Un mythe dans la ville, 1974/2002).
Perçue comme un des instruments du pouvoir et du contrôle des corps et des espaces, la carte est alors retournée contre elle-même (Guy Debord ; Eugenio Miccini, Piano regolatore insurrezionale della città di Firenze, 1972 ; Cathryn Boch, sans titre, 2019).
Dès lors, les artistes produisent des œuvres – artefacts ou événements – prenant valeur d’une contre-communication ou contre signalétique urbaine au contenu explicitement politique et subversif souvent participant activement aux mouvements sociaux de leur époque, interrogeant notamment la place des minorités dans l’espace public.

À cette occasion, iels n’hésitent pas à se réapproprier les supports traditionnels de la rue comme iels s’en étaient accaparés les attitudes, tels que le slogan et le calicot (Endre Tòt, UNTEL, Henry Flynt), l’affiche (Jean Degottex, Guerrilla Girls), le tract (Berclaz, Saladin) ou encore l’enseigne (Jenny Holzer, Survival Series, 1983-1985), mais aussi des modes d’expression plus informels tels que le graffiti (Brassaï, Graffiti, 1960) ou simplement l’échange interpersonnel.
Plus généralement, le message apposé sur les murs, sous quelque forme que ce soit, est réinvesti par les artistes, et sera l’objet même du festival Parole sui Muri organisé en 1967 à Fiumalbo en Italie, où se croise toute l’avant-garde européenne de l’époque.
Sous des formes peu ou prou théâtralisées, cette tendance à faire interagir art et ville se joue de l’incongruité de la situation provoquée par les œuvres, depuis le signal fort destiné à créer une sorte d’électrochoc visuel à l’instar de collages (Leonel Moura, Urban Times, 1991), à dimension monumentale (Jean Tinguely, La Vittoria, Milan, 1970) voire architecturale (Chanéac, Cellules parasites, 1968 ; Haus-Rucker-Co, Pneumacosmic Formation, 1971, Angela Hareiter, Kinderwolken, 1967 ; Letaris ; Opération Paris ville décente, 2011 ; Nicolas Moulin, Vider Paris, 2005) jusqu’à l’émission de signaux faibles, depuis les structures éphémères et bricolées d’Ugo La Pietra, Charles Simonds (Dwellings, 1972 et Dwellings Winter, 1974), Boris Achour (Actions-peu, 1995-Cathryn Boch, Sans titre (détail), 2019 – 113 × 282 cm – Citation : Jacques Rancière – © Cathryn 1997) ou encore de Thomas Boch, 2024 – Angela Hareiter, Kinderwolken, 1966-1967 – Collection Frac Centre-Val de Loire Hirschhorn (Les Monstres, 1993), aux oeuvres relationnelles déjà évoquées (Monk, Cadere, Willats ou Berclaz), en passant par cette art de « faire avec peu (8) » qu’est la marche (Nannucci, Alÿs, Hatoum, Beuys, Tòt, Brus..).

Depuis les années 1970-1980, les mouvements sociaux se sont à leur tour réappropriés ces nouveaux modes d’actions et d’expressions pour les réinjecter dans leurs pratiques, comme en témoignent entre autres les actions menées par Act Up dès la fin des années 1980, et dont l’exposition présente un ensemble de documents issues des archives personnelles de Philippe Mangeot.

Peut-être est-ce là le signe que l’art est parvenu à infiltrer un certain quotidien en passant par la rue et celleux qui la parcourent.
Certains quotidiens. Mais parvient-il pour autant à changer la vie ? Notre intime conviction nous pousse à répondre « pas assez ». »
Gilles Rion, Directeur de la Fondation du doute

Vue de l’exposition « Critique de la ville quotidienne » [5 octobre au 15 décembre 2024]– Fondation du doute, Blois Photo : Nicolas Wietrich – Ville de Blois

La fondation du doute- Art contemporain | Fluxus

Imaginée par l’artiste Ben Vautier et portée par la Ville de Blois, la Fondation du doute est un lieu atypique dédié à l’art contemporain.
Sur près de 1 500 m², elle propose un parcours permanent consacré à Fluxus, mouvement international majeur du XXe siècle, des expositions temporaires ainsi qu’un programme riche et varié d’événements consacrés à la création d’aujourd’hui.
Installée aux côtés du Conservatoire et de l’École d’art de Blois / Agglopolys dans les murs d’un ancien couvent (XVIIe-XVIIIe siècles) converti en diverses institutions d’enseignement au cours des XIXe et XXe siècles, la Fondation du doute a été inaugurée en 2013, succédant au Musée de l’Objet qui présentait depuis 1996 un ensemble d’œuvres issu de la collection personnelle d’Éric Fabre.

Fluxus
Initié au début des années 1960 aux États-Unis puis en Europe par George Maciunas, Fluxus réunit un ensemble d’artistes internationaux autour d’une pratique à la fois iconoclaste et ludique de « non-art » : dans le sillage d’avant-gardes comme le futurisme et Dada, mais aussi de figures comme Marcel Duchamp ou John Cage, ils rejettent les institutions, l’art mort ou encore la notion-même d’œuvre d’art, et entendent révolutionner voire « purger le monde de la culture “intellectuelle”, professionnelle et commercialisée » (G. Maciunas, Manifesto, 1963). Durant près de vingt ans, ces artistes travailleront, souvent avec un certain sens de l’humour et de la provocation, à abolir toute frontière entre l’art et la vie.

L’exposition permanente
Renouvelé en 2022, le parcours permanent est le seul en France consacré à Fluxus et l’un des plus importants d’Europe. Il déploie sur près de 1 000 m² un ensemble de 350 oeuvres et documents de 50 artistes (Joseph Beuys, Robert Filliou, George Maciunas, Yoko Ono, Nam June Paik, Daniel Spoerri, Ben Vautier, Wolf Vostell…) issus des collections personnelles de Ben Vautier, Gino Di Maggio avec la collaboration de la Fondation Mudima, ainsi que Caterina Gualco.
Le parcours s’enrichit également régulièrement d’œuvres et de documents prêtés par le Centre des livres d’artistes (cdla).

Les expositions temporaires & les événements
La Fondation du doute présente régulièrement des expositions consacrées à un ou plusieurs artistes dont le travail interpelle et questionne les rouages de notre culture et de notre vie quotidienne ainsi que les limites de l’art.
Tout au long de l’année, un programme transdisciplinaire d’événements (performances, rencontres, discussions, concerts) offre de nouvelles perspectives artistiques, mais aussi anthropologiques, historiques, philosophiques… en lien avec les expositions permanentes ou temporaires et de nombreux partenaires culturels.

Exposition « Critique de la ville quodienne », du 5 octobre au 15 décembre 2024 – La Fondation du doute – Art contemporain│Fluxus, 14, rue de la Paix, Blois
+ 33 (0)2 54 55 37 48

www.fondationdudoute.fr

(1) Henri Lefebvre, Critique de la vie quotidienne, 1947 ; Critique de la vie quotidienne II, Fondements d’une sociologie de la quotidienneté, 1961 ; Critique de la vie quotidienne, III. De la modernité au modernisme (Pour une métaphilosophie du quotidien), 1981.
(2) La question de la ville nourrit l’ensemble de la pensée et donc de la littérature situationniste (tracts, revues, articles,
etc.), depuis leurs premiers soubresauts au milieu des années 1950 jusqu’à leur dernier râle officiel à la fin des années 1960. En regard du propos ici développé, on citera plus spécifiquement le texte pamphlétaire et particulièrement savoureux de Raoul Vaneigem « Commentaire contre l’urbanisme », publié en 1961 dans le numéro 6 de l’Internationale Situationniste
(3) « Paris Animal » – du 03 au 15/10/2024, École de la nature et du paysage, Blois – Commissariat : Henri Bony et Léa Mosconi –
(4) Marc Augé, Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, coll. La Librairie du xxe siècle, 1992

(5) On renvoie ici à la définition qu’en donne le biologiste et philsophe allemand Jacob Van Uexkull (v. Jakob von Uexküll, Mondes animaux et monde humain suivi de La théorie de la signification, 1934)
(6) On renverra à l’analyse critique de cette posture proposée par Jacques Rancière (Jacque Rancière, Le spectacteur émancipé, Ed. La Fabrique, 2008.)

(7) Michel de Certeau, L’Invention du quotidien, 1. : Arts de faire et 2. : Habiter, cuisiner, éd. établie et présentée par Luce Giard, Paris, Gallimard, 1990 (première édition : 1980).
(8) Thierry Davila, « Faire avec peu » in Inter, n° 121, 20015, pp. 4–5.

En résonance avec l’édition 2024 des Rendez-vous de l’histoire de Blois, consacrée au thème de la ville.
Dans le cadre du Festival AR(t]CHIPEL, initié par la région Centre-Val de Loire en partenariat avec le Centre Pompidou.

Photo d’en-tête : Anne Houel, Mise à jour #22, 2024 Vue de l’exposition « Critique de la ville quotidienne » [5 octobre au 15 décembre 2024]– Fondation du doute, Blois – Photo : Nicolas Wietrich – Ville de Blois

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patricia.fetnan@gmail.com
2 mois

Magnifique ! «  Les enfants enchantent Marseille » , du 14 au 17 mai. Où les plus jeunes vont placer leur voix, «  Chanter le Monde » , Voie poétique . Donc s’engager dans l’Art, comme acte dans la Cité , Polis, et ainsi, entrer en Politique, puisque c’est ainsi, depuis, dans, et vers les rues de leur Ville, Agora, qu’ils en deviendront les auteurs et donc les acteurs . Chœur

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