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Dépression post-partum : le tabou recule, la crise s’aggrave

En 2025, 10 % des nouvelles mères connaissent un épisode dépressif post-partum, contre 7 % en 2021. Les lignes bougent autour de la dépression post-partum, car une nouvelle étude souligne des avancées en matière de parole et d’information, mais met en évidence la persistance d’inégalités sociales, générationnelles et de genre, ainsi que l’invisibilisation des troubles physiques. Sans en expliquer les causes, l’étude révèle des inégalités profondes.

Alors que la parole se libère sur la dépression post-partum (+8 points depuis 2021) et que l’information circule davantage, la réalité reste préoccupante. En 2025, 1 femme sur 10 traverse encore un épisode dépressif après la naissance, contre 7 % en 2021. Si les jeunes générations osent plus facilement s’exprimer et reconnaissent que la dépression n’est pas genrée, de profondes inégalités subsistent : entre femmes et hommes, entre générations, entre milieux sociaux. Plus alarmant encore, le post-partum physique demeure largement invisibilisé.

Quatre ans après sa première enquête inédite sur le sujet, Qare — leader de la téléconsultation et engagé depuis ses débuts dans la santé féminine — dresse un nouvel état des lieux du post-partum en France et décrypte les évolutions sociétales autour de cet enjeu de santé publique (1). « Cette étude illustre un paradoxe : la parole se libère, l’information progresse, mais la dépression post-partum reste une réalité massive. Le corps post-partum demeure trop souvent invisibilisé. La levée des tabous, une meilleure formation des professionnels de santé et un accompagnement précoce sont essentiels pour changer durablement la donne », déclare la Dr Julie Salomon, Directrice médicale de Qare.

Dépression post-partum : la parole se libère, mais les chiffres restent alarmants avec de vraies inégalités sociales

La parole se libère, portée par les jeunes mères
La parole autour de la dépression post-partum se libère enfin. 73 % des mères et 54 % des pères osent désormais parler de ce sujet (+8 points pour les femmes depuis 2021) principalement à : leurs proches, leurs sagefemmes, leur médecin généraliste. Ce sont les jeunes mères qui montrent l’exemple : 72 % des moins de 30 ans se confient sur ce sujet tabou (vs 54 % des plus de 35 ans).

Des progrès dans l’information et la formation des professionnels de santé
L’information accessible par les Français sur le sujet s’étoffe : 58 % des femmes déclarent se sentir mieux préparées à la dépression post-partum, soit 10 points de plus qu’en 2021. Toutefois, 4 femmes sur 10 restent encore insuffisamment informées, dont 15 % pas du tout. Ici encore, les informations sont surtout accessibles et audibles pour une génération de jeunes femmes et pour les CSP+.

La dépression porte-partum est également mieux abordée par les professionnels de santé que côtoient les jeunes parents
39 % des mères considèrent qu’ils sont d’ailleurs assez formés sur le sujet – c’est plus qu’en 2021 où elles n’étaient que 31 % à considérer que c’était le cas. Pour autant, la dépression post-partum ne recule pas. En 2025, plus d’une mère sur trois (35 %) et un père sur sept (14 %) déclarent avoir traversé des difficultés psychiques après la naissance de leur enfant. Pire encore, 10 % des nouvelles mères – soit environ 80 000 femmes par an – sombrent dans une dépression post-partum, contre 7 % en 2021. Un chiffre préoccupant qui souligne l’ampleur du défi, malgré les progrès réalisés en matière de sensibilisation.
Les représentations, elles, évoluent lentement : moins de la moitié des parents (45 % des mères et 47 % des pères) estiment que le tabou est complètement levé. Les jeunes générations se montrent toutefois plus optimistes (60 % des mères de moins de 30 ans). Enfin, 84 % des femmes considèrent que la société les culpabilise encore trop sur ce sujet, dont 45 % se disent même tout à fait d’accord.

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Des inégalités de genre, générationnelles et sociales

CHIFFRES CLÉS

Perception par genre :
• 64 % des femmes estiment que la dépression post-partum n’est pas un sujet uniquement féminin (+5 pts depuis 2021).
• + de 50 % des pères considèrent encore que la dépression post-partum ne les concerne pas (+ 9 points depuis 2021 !)
• 33 % des hommes se disant mal informés, déclarent ne toujours pas savoir ce qu’est la dépression post-partum.
• 9 % des hommes n’en parlent pas, car ils en ont honte (+4 pts depuis 2021).

Différences générationnelles :
16 % des +35 ans ne savent toujours pas ce qu’est la dépression post-partum, contre seulement 5 % des -35 ans.

Fracture sociale
• Les CSP+ consultent 2,5 fois plus un professionnel de santé mentale (20 %) que les CSP- (8 %).
• 61 % des CSP+ estiment que le tabou n’est pas levé, contre 55 % des CSP-.

Les troubles physiques du post-partum : un tabou persistant

L’enquête révèle que les troubles physiques liés au post-partum restent largement sous-estimés, alors même qu’ils constituent encore l’un des grands tabous, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Interrogées sur leurs principales difficultés post-partum, les mères citent en premier lieu la chute de cheveux (45 %), suivie des troubles du sommeil (43 %), puis à égalité la fatigue persistante, la difficulté à perdre du poids et les troubles de la concentration (36 % chacun). Chez les pères, les difficultés les plus fréquentes concernent les insomnies (57 %), les migraines (33 %) et la prise de poids (31 %).

Enfin, les tabous liés au post-partum physiques ont la dent dure, surtout chez les mères. Parmi les principaux sujets qu’elles ont du mal à aborder : les troubles de la sexualité (42 %), l’incontinence (34 %), les douleurs lors des rapports (27 %) et les troubles digestifs (23 %).
Ces résultats montrent que, malgré les progrès constatés sur la libération de la parole autour des troubles psychiques, les dimensions physiques du post-partum restent une réalité taboue pour de nombreux parents.

Des causes multifactorielles — un mélange de facteurs hormonaux, psychologiques, sociaux, parfois liés à l’obstétrique

Si l’étude ne s’attarde pas sur les causes de la dépression post-partum, de nombreux travaux montrent qu’il s’agit d’un phénomène multifactoriel où se mêlent des éléments médicaux, psychologiques et sociaux.

En France, les recherches récentes montrent que la dépression post-partum ne résulte pas d’une seule cause, mais d’un enchevêtrement de facteurs médicaux, psychologiques et sociaux. Les antécédents de troubles psychiatriques — qu’il s’agisse de dépression, d’anxiété ou d’autres troubles de l’humeur — constituent un terrain particulièrement fragile, surtout lorsqu’ils sont réactivés par une grossesse difficile ou une dépression prénatale. L’expérience de l’accouchement joue également un rôle majeur : un vécu traumatique, des complications obstétricales, une séparation brutale avec le nouveau-né ou des soins perçus comme irrespectueux peuvent laisser des traces durables sur l’équilibre psychique de la mère.

Les conditions de vie pèsent, elles aussi, lourdement. La précarité matérielle, l’isolement social, un soutien conjugal insuffisant ou encore des événements de vie stressants — deuil, rupture, difficultés professionnelles — augmentent considérablement le risque. À cela s’ajoutent des facteurs plus médicaux : la primarité, l’âge maternel très jeune ou au contraire avancé, une naissance prématurée, ou encore la maladie d’un nouveau-né sont souvent cités comme déclencheurs. Enfin, la santé physique de la mère peut être déterminante : douleurs persistantes, fatigue extrême, complications liées à la grossesse ou à l’accouchement entretiennent une vulnérabilité qui favorise l’émergence d’une dépression.

Ainsi, loin de se réduire à un simple « baby blues prolongé », la dépression post-partum s’ancre dans une réalité multifactorielle où se croisent fragilités personnelles, déterminants sociaux et vécus obstétricaux parfois traumatisants. 

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Comment réduire les dépressions post-partum ?

Réduire les dépressions post-partum suppose d’agir tôt et à plusieurs niveaux. Le premier enjeu est le repérage précoce : dès la grossesse, les entretiens prénataux et les consultations postnatales permettent d’ouvrir la parole et de dépister un mal-être qui, pris à temps, peut être mieux accompagné. Le soutien psychologique joue un rôle central. Informer les futures mères sur le baby blues, rappeler que des émotions ambivalentes sont normales, et lutter contre le sentiment de culpabilité sont autant de leviers pour limiter l’installation d’une dépression. Mais la prévention passe aussi par le collectif : l’implication du partenaire, l’appui de la famille et la mise en place d’aides pratiques — repos, relais à domicile, écoute bienveillante — peuvent soulager une mère fragilisée.

Dans ce parcours, les professionnels de santé de proximité ont une place clé. Les sages-femmes sont souvent les premières à détecter une souffrance psychique, grâce au suivi régulier qu’elles assurent avant et après la naissance. Elles peuvent proposer un soutien psychologique initial et orienter, si nécessaire, vers un spécialiste. Le médecin généraliste, qui connaît souvent bien le contexte de vie de la patiente, peut également repérer les signes précoces et coordonner un suivi adapté. Les maternités et les services de PMI apportent, de leur côté, un accompagnement spécifique, notamment grâce aux consultations postnatales et aux visites à domicile.

Lorsque la dépression s’installe, l’intervention de psychologues, psychiatres ou pédopsychiatres devient essentielle. Selon les cas, un suivi psychothérapeutique, des groupes de parole ou un traitement médicamenteux compatible avec l’allaitement peuvent être proposés. Enfin, des associations comme Maman Blues ou la plateforme nationale des « 1000 premiers jours » offrent des espaces d’écoute, de partage et d’entraide, souvent plus accessibles et déculpabilisants.
Médecins et sages-femmes sont bien placés pour agir, à condition d’éviter le sous-diagnostique. Pour cela, ils doivent s’appuyer sur un réseau de professionnels et d’associations. Lever les tabous, encourager la demande d’aide et protéger les jeunes mères de la culpabilité restent les clés pour changer durablement la donne.

(1) Qare, société agréée et leader de la téléconsultation en France, dévoile les résultats d’une enquête nationale menée en partenariat avec Opinion way auprès de 324 mères et 101 pères d’enfants de moins de deux ans, au sujet de la dépression post-partum (DPP).

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